SANDRA NKAKE 

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Le 19/12/2024 au Stockfish – Nice (06).

Sandra Nkake se produisait à Nice au Stockfish et connaissant la réputation de cette chanteuse Franco Camerounaise j’ai accouru dès que j’ai su qu’elle jouait dans notre sud-est. Pour commencer il faut dire qu’on prend tout de suite une grande claque et conscience des capacités vocales exceptionnelles de cette diva afropéenne, à la fois cantatrice, chanteuse jazz, soul, rock et rappeuse. Sa maîtrise est si grande qu’on ne voit pas quel registre pourrait lui échapper. Sa voix se caractérise par une base puissante, profonde, chaude et grave qui peut s’envoler à l’envi sans aucune limite, on a beau savoir à l’avance qu’on a affaire à une grande chanteuse, on est parfois dépassé par sa prestance, ses performances et sa créativité. Émotionnellement c’est vraiment très fort, elle assoit souvent le public qui reste là, subjugué et pantois comme sidéré. 

Elle est accompagnée d’un quatuor de très bons musiciens, en effet ce combo guitare, basse, batterie et flûte traversière déroule un afro pop déjanté par l’univers très personnel de Sandra Nkake, un style surprenant qui alterne passages policés et furie créative. Pour être honnête si j’ai été subjugué par sa présence hors du commun, j’ai trouvé son groupe trop lisse et trop français dans son interprétation malgré des orchestrations parfois volontairement mais trop rarement loufoques mais parfaitement maîtrisées. J’aurais aimé un son de guitare qui arrache et une basse plus groove. Pour moi l’ambiance était trop pop rock et trop parisienne, si ce n’est la voix de Sandra, c’est assez lisse et sophistiqué tout en manquant un peu de naturel. Ce focus sur mon ressenti personnel n’a pas empêché le public d’exulter car d’un point de vue objectif c’était un concert d’un excellent niveau. 

Une autre remarque concerne le ton des parties discursives de la chanteuse qui slalomaient entre l’ambiance d’une intervention du planning familial en milieu scolaire et celle d’un cercle de sophrologie pour femmes trentenaires parisiennes surmenées mentalement. J’ai retrouvé un pathos franco-français et un ton victimaire et plaintif que j’essaie de fuir au quotidien pour ménager ma motivation de réformateur social et mon équilibre psycho affectif. J’aurais préféré qu’elle explore la partie Camerounaise de son âme métisse, elle fait bien une chanson sur sa culture Sawa, une ethnie vivante au sud du Cameroun sur tout le littoral, mais sa musique n’en a pas vraiment la couleur moi j’aurais bien aimé un peu de Makossa, le son de la nuit à Douala !

Tout cela pour vous dire que cette chanteuse exceptionnellement virtuose est une authentique afropéenne et qu’on la sent assez éloignée de ses racines africaines, tout dans son univers évoque l’occident comme l’aurait fait une chanteuse afro-américaine, on ne peut pas lui en faire grief. Peut-être que retourner sur les terres de ses ancêtres où on l’attend pourtant de pied ferme depuis des lustres et où chaque geste de la vie est un combat lui redonnera goût à la douceur de vivre en France ? et de spontanéité dans sa musique aussi ! 

Emmanuel Truchet

facebook.com/sandrankake

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