#NvmagLiveReport
Le 12 /08/22 au Jardin de la Paix – Saint Jean Cap Ferrat (06)
Au programme de cette deuxième soirée à Saint Jean, “Shamanes” et “Jokers”, Les nouveaux projets d’Anne Paceo et Vincent Peirani. Deux artistes en vogue dans la scène jazz française actuelles. Une chance donc de découvrir ces deux individualités et leur groupe dans un même concert.
Honneur aux dames. Elles sont trois dans le sextet, aux côtés d’Anne Paceo, batterie et voix, les chanteuses Ellinoa (qui remplace, avec brio, Marion Rampal) et Isabel Sörling qui fait aussi quelques percussions et joue d’un mini synthé.
L’univers de S.H.A.M.A.N.E.S. est difficile à décrire, il faut y entrer et se laisser aller. Les voix nous portent, nous envoûtent, le sax ou la clarinette basse de Christophe Panzani enrobe celles-ci en volutes ensorcelantes. Les lames du métallophone vibrent en de singulières cadences alors que les baguettes de la leadere cinglent toms et cymbales. Tony Paeleman délaisse parfois (pas assez souvent peut-être) son Rhodes pour de magistrales envolées au piano demi-queue. Un voyage intérieur ou lointain: “Here and Everywhere”, “From The Stars”, “Mirage”, pour citer quelques-uns des thèmes qu’ils ont joué ce soir. Quant à “Dive Into The Unknown” avec les vagues qui bruissent juste en dessous, c’est tentant.
Mais avant le bain de minuit, découvrons ces fameux Jokers concoctés par le trio de Vincent Peirani. Une formation originale, accordéon, guitare électrique et batterie. L’italien Federico Casagrande à la six-cordes, Ziv Ravitz, l’israélien de New York aux baguettes. Le ton change. L’heure n’est plus à la méditation. Même si les premiers morceaux, “Les Larmes de Syr”, “Salsa Fake” et “Twilight” plutôt ballades permettent la transition. Mais bien vite, la guitare fait parler les watts. “River” une chanson empruntée à la chanteuse Bishop Briggs, avec sa lente progression nous laisse entrevoir le futur du set. Avec “This Is The New Shit” écrite par Marilyn Manson, on se rapproche du métal. Les pins en vibrent d’aise. Riv Ravitz fait parler les peaux de ses toms. Peirani entame une danse, lançant ses jambes en l’air tout en restant assis sur son tabouret. Sans se départir de son sourire (un brin énigmatique) ses pieds nus fouettent l’espace. Un des grands moments du concert est leur reprise de “Dream Brother” écrite par le bassiste de Jeff Buckley. Chorus de guitare au bottleneck, instants de bravoure à l’accordéon, solo de batterie tout en finesse. Qu’ils l’enchainent avec une berceuse que Peirani joue à l’accordina, parait tout naturel, . Ils nous régalent encore de quelques titres avant le rappel signant la fin du set, une composition du batteur en hommage à Ménerbes, sa ville d’adoption dans le Luberon.
Jacques Lerognon