LES NUITS BLANCHES DU THORONET

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Le 28/07/2022 sur la Place Sadi Carnot – Thoronet (83).

Alors que le département du Var se traîne une pitoyable réputation de bastion de l’extrême droite, des citoyens se démènent depuis des décennies avec un incommensurable mérite pour promouvoir une ruralité fraternelle et ouverte sur le monde. Depuis 1998, l’équipe des Nuits Blanches se débat de mille problèmes pour donner réalité à cette grande idée en impliquant toute la population pour la sensibiliser au partage et à la solidarité, c’est pour cette raison que des institutions comme Le Mouvement pour la Paix, la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International et Enfants du Monde les soutiennent. En 2022, après des épisodes récents éreintants pour l’organisation, l’équipe des Nuits Blanches est toujours debout, nous étions une fois de plus, là, à leurs côtés.

Sur les 3 soirées du festival, c’est la seconde, le vendredi soir qui a attiré mon attention et comptant joindre l’agréable à l’utile, nous nous sommes rendus sur le festival avec une équipe du festival africain Bagiliba qui fête cette année sa 20ème édition. L’idée était de de retrouver Mariaa Siga et Papa Malick N’Diaye, son guitarise, qui sont devenus des amis mais aussi de découvrir sur scène le Dakarois Lass que nous comptons programmer le 12 novembre 2022 à Fayence. Nous nous retrouvons donc sur une délicieuse place de village entourée de stands associatifs et présentant une belle scène esthétiquement éclairée, enveloppée d’une douce nuit d’été par moment parcourue d’une fraîche brise.

La fanfare de la Redonne nous accueille sur cette place, sa musique qui pulse mais surtout l’envie de jouer de chaque musicien motive le public à entrer dans la soirée. Un son des Balkans collé sur un répertoire éclectique, une grande diversité de genre, d’âge et de nationalité nourrit l’énergie et la collusion du groupe. Ils joueront ensuite dans le réfectoire des bénévoles et des artistes avec un son réchauffé par l’exiguïté de la pièce, Mariaa Siga se lève pour danser c’est devant nous une incroyable fusion des émotions et des cultures. Ils partent ensuite arpenter les rues du bourg pour ambiancer et faire également danser les curieux qui ne sont pas entrés au concert.

La soirée commence avec le show de Mariaa et Papa Malick. Comme à chaque fois et malgré le fait de se retrouver seulement à deux sur scène, la rayonnante Mme Siga a soulevé le public de son énergie et de son aura. Son répertoire qui sillonne entre folk africaine et afro reggae fait toujours son effet, sa volonté débordante de partager créant d’emblée un lien fort avec ce public, hyper réactif et motivé à chanter et danser.

Ensuite place à la découverte de la chanteuse PR2B, qui a, elle aussi, renversé le public malgré un style en complet décalage avec l’avant et l’après de la programmation. Je dois avouer que sa coloration électro pop m’a effrayé au départ mais comme chaque spectateur je me suis laissé emporter par la suite de son concert et j’ai fini, comme tout le monde, le concert les bras en l’air pour ovationner, ce qui fût une belle surprise et au final une révélation.

Lass prend ensuite sa place sur scène et sa musique simple mais au final évidente représente à merveille une expression artistique sénégalaise moderne qui incarne une Afrique qui avance vers demain en enjambant les clichés hérités du passé. Libérés de ce poids, son énergie guide les corps et les esprits et la danse prend rapidement le dessus. Le public est enflammé par son rythme si particulier et son charisme fait d’humanité et de volonté de faire partager à grande échelle « une musique africaine qui marche », comme il le dit si bien. Lass, c’est aussi un trait d’union culturel entre la France et le Sénégal car il maitrise ses deux cultures et leurs codes à merveille. La soirée s’achève en liesse et c’est ensuite un plaisir ensuite de retrouver Lass pour évoquer avec le sourire nos aventures communes et futures.

Je voudrais aussi évoquer le soutien associatif qu’apporte le festival aux moteurs du progrès social dans le Var et des nombreux stands présents sur l’événement. Le supermarché coopératif toulonnais Coop sur Mer a retenu notre attention avec ses bénévoles avides de présenter et de faire connaître cette organisation innovante de la distribution alimentaire, libérant le secteur de ses tares sociales, environnementales et commerciales. 

Les Nuits Blanches comme beaucoup d’autres aventures associatives, rurales, culturelles et solidaires sont les représentantes d’une France qui avance à contre-courant d’un monde qui industrialise, standardise et isole. Un petit caillou dans la chaussure d’une mondialisation marchande qu’on espère, malgré les difficultés, prendre chaque année de l’importance au point de faire boiter les géants. En tout cas même si c’est un rêve, on fera tout pour le vivre l’an prochain encore, on sera là, une fois de plus … bravo à vous.

Emmanuel Truchet

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