Le 30/03/2024 au Musée Océanographique – Monaco (98).
C’est dans la très belle salle de la Tortue du Musée Océanographique de Monaco, juste en face du grand aquarium, que se déroule ce concert du 40e Printemps des Arts. De la musique du 17e siècle d’une étonnante modernité. Le choix des programmateurs était, dans cette thématique des Chants de la Terre, comment la musique peut imiter la nature? Carlo Farina, Jean-Philippe Rameau, Antonio Vivaldi et Jean-Féry Rebel s’y sont essayés, avec succès. Les cordes de l’Ensemble Unisoni, la soprano Marion Tassou et le flutiste Gwénaël Bihan l’ont montré avec brio ce samedi soir.
Dès la première œuvre, le “Capriccio Stravagante” de Farina, on est surpris par l’utilisation de certaines techniques de jeu, telle le taping, les archets frappent les cordes au lieu de les frotter, donnant ainsi une dynamique et un son inhabituels (certains guitaristes de métal la reprendront près de deux siècles plus tard). Dès le 2e morceau, “Rossignols Amoureux”, signé Rameau, un surprenant duo entre la flûte piccolo (proche de notre fifre provençal) et la chanterelle du premier violon imite à la perfection le vol de l’oiseau qui volète de branche en branche. Vol que l’on retrouvera plus tard dans « Il gardellino » (le chardonneret ) de Vivaldi dans le jeu virtuose du flûtiste alors que les cordes gazouillent. La pièce de Jean-Féry Rebel, intitulée “Les éléments” commence par “Le Chaos”, mouvement très vif et intrigant où les violons et le violoncelle sont carrément dissonants, Boulez ou Schönberg ne les renieraient pas. Étonnante modernité, on le disait. Pour le final et le bis, l’ensemble revient à Rameau, “L’air de la folie” extrait de Platée. La soprano Marion Tassou fait littéralement swinguer cet air du compositeur de l’époque de Louis XV. Modernité, une fois encore. La pluie, probablement séduite elle aussi par cette musique, a cessé de tomber.
Jacques Lerognon