Le 13/07/2023 sur la Terrasse Pantiero du Palais des Festivals – Cannes (06).
Zaho de Sagazan, c’est un peu comme demander à ChatGPT un mélange entre Stromae, Eddy De Pretto et Christine & The Queens. Trois choses dont l’intérêt est déjà fort discutable et qui pourraient occasionner un sérieux bug, mais l’émulation qui en résulte est saisissante de réalisme, et, en bonne IA, devrait, on l’espère, pouvoir un jour développer sa propre personnalité. Par contre, enjoindre à la foule de danser n’était peut-être pas la meilleure idée tapée dans la requête.
En même temps, le public est surtout venu voir Phoenix, le groupe phare de la pop indé française dans le monde et le reste de l’univers. Ayant boudé presque 20 ans de Festival Pantiero, ils se retrouvent enfin exactement au même endroit que tous ces groupes comme eux qui sonnaient jadis un peu tous pareil tels que The Hives ou Two-Door Cinema Club mais dont Phoenix a triomphé internationalement malgré une pléiade de morceaux interchangeables, principalement axé sur son dynamisme et une voix emo-naïve qui ne semble jamais avoir complètement mué, le tout à grands coups de compression sidechain et de nombreuses années de rodage live qui s’entendent tout de même, mais résultant, somme toute, en une énergie étrangement lisse et convenue qu’on pourrait estimer, au plus agressif de leur jeu, de “rock de salon”. Totalement en adéquation avec leur époque, c’est gentillet, futile, sans prise de tête et faussement rebelle, la bande son idéale pour pub YouTube vantant les mérites d’un économe multi-fonctions ou pour accompagner les paysages de 10 secondes d’une story Instagram filmée d’une main en roulant sur la corniche au volant d’un roadster loué pour le weekend. Bref, la bande son idéale pour se rappeler que le vécu d’un artiste se ressent et se confirmer que Iggy Pop, Nirvana ou PJ Harvey ne viennent définitivement pas de Versailles. Le renouveau de la substance musicale tarde désespérément à faire son entrée dans un mainstream qui, de toute façon, semble s’en fiche éperdument. C’est comme ça.
Christopher Mathieu
Photo : Shervin Iainez