NICE JAZZ FEST ! (Soir 1)

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Le 20/08/2024 au Théâtre de Verdure – Nice (06).

C’est le groupe du guitariste genevois Louis Matute qui ouvre ce festival, décalé en août pour cause de tour de France. C’est son Large Ensemble comme il aime à l’appeler. Il est entouré de cinq musiciens, deux soufflants Léon Phal au saxophone et Zacharie Ksyk à la trompette et une section rythmique Andrew Audiger au piano, Virgile Rosselet à la contrebasse et le fringant Nathan Vandenbulcke à la batterie. Pas facile de se lancer quand on est de jeunes instrumentistes et que le soleil brille encore dans l’azur. Un peu crispés au début, ils se lâchent vraiment dès le troisième morceau. Trompette et ténor se répondent et enroulent leurs notes sur celles de la guitare. Le batteur est très expressif, son visage vit la musique autant que ses mains et pieds. Très beau son de Rhodes et de magnifiques parties de trompette dans les thèmes lents. Les compositions de Louis Matute sont d’inspiration latine mais il y met aussi quelques fragments de pop-rock. L’un des leurs titres est d’ailleurs « Macondo », nom du village fictif du roman de Garcia Marquez dans « Cent ans de solitude ». ils finissent par « Renaissance », une belle fin pour une compo haute en couleur qui nous laisse un peu sur notre faim. Mais c’est le jeu des festivals, les groupes se succèdent… 

Et d’ailleurs, Thee Sacred Souls ne tardent pas à prendre place. Guitare, basse et batterie en fond de scène. Orgue Hammond à gauche, deux choristes à droite et devant, derrière, au milieu, à gauche ou à droite aussi, le charismatique chanteur leader Josh Lane. Leur nom ne ment pas, ils jouent… de la soul. Et le public se lève et se rapproche de la scène dès le deuxième morceau. Un dance-floor qu’ils ne quittèrent à regret une grosse heure plus tard, à la fin du set. Josh Lane délaisse même, à un moment la scène, pour une promenade de santé au milieu des spectateurs enthousiastes.

Puis vient la surprise de la soirée, les organisateurs ont programmé le jeune saxophoniste de Chicago Isaiah Collier et son groupe The Chosen Few pour clôturer cette soirée. Le vibraphoniste éthiopien Mulatu Astatke souffrant n’ayant pu faire le déplacement à Nice. Et quelle claque magistrale. Des musiciens exceptionnels sur la scène du théâtre de verdure. Isaiah Collier, dissimulé derrière des lunettes qui forment une sorte de masque représentant la prison et l’oppression, attaque au ténor un thème lent et puissant où l’on reconnait le célébrissime « My Favourite Things » de Coltrane. Il est vite soutenu et entouré par ses musiciens. Tout d’abord le piano de Julian Davis Reid, la contrebasse de Micah Collier et surtout un formidable et énergique batteur. Isaiah Collier embouche son soprano et l’envoûtement continue de plus bel pendant près de vingt minutes. Courte pause, il ôte ses lunettes-masque et accueille la chanteuse Kiela Nelson. Et le set reprend avec la même intensité. Le groupe est soudé et se laisse porter par le saxophoniste, ils nous embarquent un univers de musique, de spiritualité mais aussi de revendication politique. Isaiah Collier délaisse parfois son sax pour diverses percussions pour ponctuer son message. Il n’est pas loin de minuit, le batteur qui ne s’est pas ménagé quitte sa batterie et un trio piano, saxophone contrebasse nous interprète une magnifique ballade, très lente, émouvante qui évoque, une fois encore, Coltrane mais aussi Pharoah Sanders, l’autre immense  saxophoniste américain. Le groupe revient au complet pour un final qui oscille entre love song et un spiritual, chant à deux voix, piano tout en élégance, contrebasse légère…Puis, il reprend son soprano  pour finir sur « Peace and love »  répété ad libitum comme un hymne, comme une prière pour la paix, jusque tard dans la nuit. On sait déjà que cette heure et demi est et sera un des plus grands moments de ce Nice Jazz Festival.

Jacques Lerognon

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