Du 22/11/21 au 23/11/21 au Scène 55 – Mougins (06).
“Une Bonne Soirée” : un spectacle qui porte particulièrement bien son nom. Quasiment deux heures en compagnie de Kyan Khojandi dans un Scène 55 plein à craquer et déjà bien échauffé par la prestation du co-auteur de l’hôte de ce soir, Navo Muschio. Le spectateur venu applaudir un stand-upper se retrouve, dès les premiers instants, hypnotisé par ce que l’on peut appeler, sans hésitation, un acteur au sens le plus talentueux du terme. En cette occasion, Kyan nous revient dans la continuité de son précédent spectacle “Pulsions”. Un pari aux enjeux risqués tant sa première pièce, avait connu un succès indéniable. Mais le pari est bel et bien gagné. « Récemment j’ai vécu une des meilleures soirées de ma vie, il faut que je vous raconte ! À très vite ! (Par contre, j’ai tendance à digresser, donc prévoyez minimum une heure.) » Écrit sur un ton plus léger que celui de “Pulsions”, “Une Bonne Soirée” fait la part belle aux digressions, aux personnages cartoonesques et à cette même facétie joyeuse, parfois quasi infantile et teintée de références nostalgiques, que celle architecturant l’ensemble des prestations de l’auteur/acteur/réalisateur/compositeur de talent.
La psychologie du rire ne semble avoir aucun secret pour Kyan Khojandi. On rit aux larmes à chaque phrase, chaque mouvement des yeux, chaque silence. Le spectacle offert par l’humoriste est intensément visuel. Sans artifice, la cinématographie du show, incluant des phases de slow motion, de beat-boxing et de personnification, ne laisse pas de place au tic-tac de la montre. Deux heures d’une époque morose dont le prestidigitateur s’empare et transforme en un instant. “Les bons moments sont toujours trop courts…”
Kyan vous accueille, pointe le doigt de la narration dans une direction et avant que vous ayez eu le temps de réaliser, vous fait faire le tour des escales de la bonne humeur à bord de son bateau de la parodie poétique. Les analyses de l’univers, dans lequel l’artiste vit et évolue, sont ponctuées d’expériences qui pourraient être les nôtres. Seulement, à travers un travail fou, Kyan en retire la substantifique folie qui caractérise ce quotidien auquel nous sommes tous confrontés. Un œil affuté sur la vie de tous les jours et des citations tombant parfois sous la ceinture. Finement amené, “Une Bonne Soirée” donne le La de la maturité obtenue depuis “Pulsions”.
Un bijou qui fait du bien. L’acteur ne reste pas séparé de son public, il échange, provoque, attendrit par son calme et son visage au regard souriant. Le spectacle est vivant et garde cette liberté d’adaptation nécessaire en fonction du lieu où il est interprété.
L’ovation finale, très justement rendue à l’artiste par la foule présente, ne laisse aucune équivoque quant à la qualité de la prestation fournie. Malgré un succès grandissant, Kyan Khojandi reste une personnalité accessible répondant présent à ses fans et n’hésitant pas à répondre à ceux-ci, en toute simplicité, sur toutes les interrogations suscitées par l’écriture de son livre, “Pulsions”, sous forme de Bande-dessinée, écho du spectacle éponyme et de sa série “Bref”.
“Dans “Bref”, j’ai mis mes doutes, mes angoisses et mes fantasmes. On en a ri ensemble. Ça m’a fait gagner quatre ans de psychanalyse. Quatre ans après, on en a parlé dans un spectacle, sept ans après on en a fait un livre. ” , mais également par la sortie, le 26 novembre 2021, de son projet musical “L’Horizon des Événements. En effet, renouant avec ses premiers amours, la composition musicale et l’interprétation de celle-ci, Kyan présente son “dernier premier album” que l’artiste décrit lui-même comme une thérapie par l’écriture. Dix textes pour aller mieux. “L’horizon des évènements”, c’est la sortie du trou noir, là où la lumière revient, là où le temps reprends son court. Pour relever ce challenge, Kyan a su s’entourer des bonnes personnes : Clément Libes, présenté par ses amis Bigflo et Oli, Guillaume Brière (The Shoes / Orelsan) ou encore Ben Mazué. Un album dans lequel se retrouve une écriture tour à tour sombre ou drôle, mais toujours singulière.
Aurélie Kula