Le 17/07/2024 à la Pinède Gould – Antibes-Juan-les-Pins (06).
Dixième soirée à Juan, c’est presque la clôture et deux belles têtes d’affiche américaines sont au programme. Le saxophoniste Joshua Redman et le bassiste Marcus Miller.
C’est un projet jazz vocal « Where are We » que nous propose le californien. Une sélection de chansons pop et de thèmes plus jazz qu’ils revisitent à leur façon. En fait, un voyage en musique, à travers les Etats-Unis, élaboré pendant le confinement qui rendait alors les déplacements impossibles. La chanteuse Gabrielle Cavassa, au look sixties, petite robe courte à la Françoise Hardy va poser ses mots sur des tubes que le public fredonne aussi. Ils partent de Chicago avec un medley de Count Basie et Jimmy Rushing, pour rejoindre les rues de Philadelphie, chères à Bruce Springsteen avant d’aller dans le fameux Hôtel California des Eagles et d’atterrir dans la fraiche côte Est, dans le New England. Une superbe intro du contrebassiste Philip Norris. Le voyage continue vers le sud profond, l’occasion de reprendre « Alabama » la magnifique composition de John Coltrane. La plus belle partie du concert. Du pur jazz, un hommage vibrant de Redman à son ainé. Tous les musiciens sont comme transportés, le pianiste nous offre un superbe chorus tout en accords. Ils finissent par une belle chanson très bop de Blosson Dairy.
La nuit est tombée, place au maestro de la basse électrique Marcus Miller avec un très beau lineup de jeunes musiciens plus que talentueux qui tournent avec lui depuis quelques temps déjà : Anwar Marshall, batterie ; Donald Hayes, sax ténor ; Xavier Gordon aux claviers et Russell Gunn à la trompette.
Ils commencent par un classique des setlist de Miller, « Panther » et enchaînent sur une reprise de « Red Baron » signé du légendaire batteur Billy Cobham puis « Sublimity » avant que le bassiste ne prennent la parole pour présenter son groupe. Les magnifiques moments de jazz se succèdent, un solo à la fretless qui précède un groove funky, idéal pour un chorus de saxophone. Après l’hommage de Redman à Coltrane en première partie, Marcus Miller fait honneur à la fois à Miles Davis et à Jaco Pastorius avec une ancienne composition simplement intitulée « Mr. Pastorius », créée par Miles en 1989 dans l’album Amandla. Ils passent presque au boogie avec walkin bass et magnifique solo de trompette de Donald Hayes. Marcus Miller aime à mettre en valeurs ses compagnons de route, il les nomme à plusieurs reprises, les pousse en avant de la scène avant de se mettre lui-même en retrait et de les accompagner discrètement. Le set se finit avec « Go Ray ». On espère que Redman va les rejoindre mais, hélas, non. Deux rappels tout de même « Maputo » puis retenti la ligne de basse de « Comme Together » des Beatles pour un final de folie où tout le monde se lève pour danser, filmer, photographier et chanter.
Majestueux !
Jacques Lerognon
