Le 18/07/17 à la Pinède Gould – Antibes Juan les Pins (06).
Intensité. S’il ne fallait qu’un seul mot pour résumer la prestation de Wayne Shorter, ce serait forcément celui-ci. Une fois n’est pas coutume, la tête d’affiche qu’il représente ce soir-là jouera au tout début, et autant dire que dans la douce ambiance de fin de journée d’été, sa noirceur chaotique de morceaux épiques se prend de plein fouet sans mise en condition préalable. La tension est maintenue tout du long, volontairement pesante et jamais accessible. Une incroyable présence s’en dégage néanmoins et résulte au triomphe de la standing ovation.
S’ensuit le Branford Marsalis Quartet: un jazz également tortueux qui embraie directement passés les 220 BPM dans un tourbillon de virtuosité avant de faire place à plus d’easy listening avec la présence du chanteur Kurt Elling les accompagnant. Malheureusement, bien que techniquement très bon chanteur, la tessiture de ce dernier manque cruellement de dimension et le personnage du charisme de crooner nécessaire (la veste à la Pee-Wee Herman aux coudes renforcés n’arrangera rien et encore moins son utilisation d’un gobelet pour simuler une trompette pendant tout un morceau lors du rappel…). Les musiciens, eux, sont d’une excellence rare et sauront conquérir la salle pour cette soirée sans conteste la moins accessible du festival mais qui prouve aussi que les artistes qui ne font aucune concession artistique sont également mis à l’honneur au Jazz à Juan.
Christopher Mathieu