#NVmagLiveReport
Le 24/10/19 au Palais des Congrès – Juan-les-Pins (06)
Jeudi 24/10.
Les showcases.
14h. On découvre enfin, en “live”, le projet Nature de Cécile Andrée dont on avait beaucoup aimé l’album. Et on n’est pas déçu même si le lineup n’est pas tout à fait celui du disque. Le regard fixé sur la chanteuse, Ben Rando au piano assure, comme il sait si bien le faire, une trame mélodique pour la voix de Cécile et ses haïku musicaux. On perçoit la complicité sous la lumière ses spots jaunes. Les 35 minutes du showcase paraissent bien courtes. Le temps d’échanger quelques mots, c’est l’heure pour le jeune quartet niçois Dirty Talks, mené par le guitariste Kevin Saura, de nous montrer leur talent. Vainqueur du tremplin des médiathèques, ils défendent avec brio leur projet jazz, jazz-rock. Les claviers de Mickaël Barthelemy, la basse de Romann Dauneau boostent les solis du leader qui sonnent parfois très Santana!
Ensuite, l’harmoniciste Laurent Maur présente son groupe avec Samuel F’hima à la contrebasse (on l’entend régulièrement dans le trio de Fred Perreard), Pierre-Alain Tocanier à la batterie et le pianiste Mario Canonge. Si l’harmonica chromatique sonne parfois un peu (trop) musette, on apprécie la venue de la flutiste Emilie Calmé qui nous rappelle le Youpi quartet qui nous avait enchanté dans ce même Jammin Juan en 2018! Le trio qui suit à l’étage en dessous, Dock In Absolute, est plus rock que jazz mais il sonne vraiment bien. David Kintziger joue, souvent au médiator, de la basse électrique, filtrée par quelques pédales d’effets. Au piano Jean-Philippe Koch, très percussif, délaisse de temps à autre le rock ou le jazz pour des harmonies plus “classiques”.
Le trio de Tizaan Alphonso, malgré quelques beaux passages au piano, est trop R’n’B pour totalement m’entraîner dans son groove.
Ce qui n’est pas du tout le cas du sextet Out/Line de François Lapeyssonnie, on est embarqué dès les premières mesures! Il faut dire qu’il use d’une wha-wha sur sa superbe Jazz bass et qu’il a, pour l’accompagner, quelques belles pointures du jazz actuels, Federico Casagrande à la guitare, Fred Borey au sax et Leonardo Montana aux claviers ainsi que Stéphane Adsuar aux baguettes. Un court passage dans le répertoire du récent album du groupe qui confirme, en live, tout le bien que l’on pensait du CD. Un jazz de notre époque aux influences multiples qui fait la part belle aux solistes, ils s’en donnent à cœur joie!
Intrigué dès les premiers instants par sa couleur très orientale, le groupe Saràb est la belle surprise des sets de l’après-midi. Du rock orientaliste mixé à du jazz contemporain, chanté en arabe. La chanteuse Climène Zaran est syrienne! De très belles harmonies vocales avec Robinson Khoury (quand il ne joue pas de son trombone!). Le Rhodes de Thibault Gomez sonne comme une seconde guitare après celle de Baptiste Ferrandis, ils s’accordent tous les deux du beau jeu de basse ronde et profonde de Timothée Robert. Climène, nous traduit après chaque morceau, ce qu’elle a chanté, de belles poésies romantiques et mélancoliques.
On finit donc en beauté cet après-midi de showcases. Allons au concert.
Le concert.
21h. House of Echo. Le groupe est proposé par Jazz Migration.
Un quartet, quasiment un quatuor en fait, de musiques improvisées à base de jazz, de rock et surtout de beaucoup d’invention et de générosité. Sans l’ombre d’un doute, la claque de ces deux journées. Leur musique prend le temps de s’installer, ils développent leur thème dans ses harmonies spatiales du piano d’Enzo Carniel, rehaussées de la guitare (une magnifique Fender Jaguar) de Marc Antoine Perrio, peu importe qu’il joue, ou pas, avec un archet. Simon Tailleu en use peu, lui, sur sa contrebasse mais il envoie chaque note comme en écho (eh oui) à celles de ses acolytes, à un moment même, avec une mailloche de batteur. Ariel Tessier derrière ces fûts ne s’en laisse pas compter, il développe une énergie qui contraste avec l’apparente quiétude des autres membres du groupe. Un must!
Foehn Trio qui vient derrière est, il faut le reconnaître, plus abordable mais presque aussi enthousiasmant. Piano, basse, batterie, un peu d’électronique dont il use finalement avec parcimonie. Un bel ensemble aux idées intéressantes, au jeu très expressif. Une belle cohésion, chacun semble vraiment jouer pour les deux autres. L’émulsion entre acoustique et électronique prend bien. Il nous entraîne dans un beau voyage musical dont on a du mal à sortir le dernier coup de baguette frappé. Deux très bon groupe que l’on espère revoir et entendre de nouveau bientôt dans nos contrées.
Le Jammin se fini, hélas, pour votre serviteur ce jeudi mais, vu le succès de cette édition et la qualité des groupes que nous avons pu écouter rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine.
Jacques Lerognon
Laurent Maur Mario Canonge interview par Jazz Radio
François Lapeyssonnie Out/Line (bien peu de lumière)
Saràb
House of Echo
Foehn Trio