FESTIVAL LES EMOUVANTES (Jour 2)

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Le 22/09/23 Conservatoire Pierre Barbizet – Marseille (13)

Deuxième soir du festival Les émouvantes dans la salle André Audoli du conservatoire de région Pierre Barbizet à Marseille. Au programme le duo Super Klang et le quartet Transatlantic4.

Super Klang réuni le violoniste Frédéric Aurier et le percussionniste Sylvain Lemêtre. Tous les deux passionnés de musique contemporaine mais aussi de musique traditionnelle. C’est ainsi qu’est né le duo, nous diront-ils un peu plus tard, une rencontre, une amitié et une grande envie de jouer ensemble leurs propres compositions inspirées de ces deux mondes finalement pas si éloignés. Ils commencent tranquillement par « Bonsoir », le premier morceau de leur set. Violon et zarb (une sorte de derbouka iranienne en bois). Une courte mélodie pour délier les doigts des deux musiciens. Une composition écrite pour le zarb sur laquelle le violoniste a posé des notes. Sylvain Lemêtre dépose son instrument et va s’installer derrière un joyeux agrégat de percussions diverses, grosse caisse, bols tibétains, tige filetée sur laquelle glissent des rondelles, table percussive, cymbales, cajon, calebasses et bien d’autres plus ou moins bricolées et même un harmonica. Frédéric Augier délaisse un temps son violon (celui avec lequel il joue dans le très sérieux quatuor Béla) pour un nickelharpa, étrange instrument suédois né des amours nocturnes, un soir de pleine lune, d’un alto et d’une vielle à roue. (voir photo ci-dessous). Ils nous convient à écouter « trois totems » initialement appelé  » Mowgli chez le psy ». Une lancinante rythmique dans les graves sur laquelle l’archet fait naître une sorte de comptine répétitive. Quelques intermèdes non silencieux permettent à Lemêtre de réarranger son installation pour le morceau suivant. Deux jeunes spectatrices restent bouche-bée et oreilles tendues. Un regard à leur mère qui semble dire « Dis maman, on peut vraiment faire de la musique comme ça en vrai? ». Nous passerons par un superbe hommage à la musique baroque mais façon Super Klang dans « Retro passacaille », une fantaisie champêtre (selon leurs propres termes) pour suivre par « Sans Additif » (violon-zarb de nouveau) pour finir par « Au revoir », une variation sur le bonsoir du début. Claude Tchamitchian nous avait promis un voyage sonore en présentant le concert. Promesse tenue. Applaudissements debout de tout le public qui n’ose quitter la salle comme pour profiter un instant encore de dernières vibrations.

Une création pour ce second concert du jour. Transatlantic 4 initié par le clarinettiste Sylvain Kassap et le contrebassiste Benjamin Duboc associés à deux musiciens américains le batteur Chad Taylor et le trombonisteSteve Swell (il a publié un magnifique hommage à Bartok en 2014). Habitués des musiques improvisées, les deux musiciens français souhaitaient avec ce projet recentrer leur musique sur les racines afro-américaines du jazz mais sans tomber dans la tradition pure. On s’en rend compte dès les premières mesures du trombone puis de la clarinette basse. Nous ne sommes pas loin du free jazz même si le batteur, étonnant de précision, tente de maintenir ses compères dans une rythmique plus coutumière. Partitions et improvisations. Mélodies et dissonances. Ce voyage transatlantique nous intrigue, nous malmène parfois. On a, par moment, l’impression qu’ils sont encore dans les mises au point finales de leur répertoire mais les quatre instrumentistes paraissent prendre grand plaisir à jouer ensemble. Benjamin Duboc à la contrebasse bouscule ses acolytes. Kassap joue dans les deux parties de sa clarinette démontée. Swell graisse la coulisse de son trombone avant de se lancer dans un chorus extatique puis de retrouver la mélodie initiale. Quelques notes d’un kalimba dans les mains de Chad Taylor ponctue le dernier thème, retour en Afrique comme disait Chester Himes ou élégante façon de calmer le rythme avant de quitter la scène…

Jacques Lerognon

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