#NVmagLiveReport
le 15/12/19 au Théâtre Debussy – Cannes (06).
Battements, batterie. Archet, marcher. Une danseuse, un danseur. Au milieu, un bloc. Monolithe, odyssée. Deux corps en errance, en déshérence. En cadence, rythmé par Didier Ambact à la batterie et la contrebasse de Bruno Chevillon. Magma est un spectacle total qui donne à voir à entendre, à rêver, penser surtout. Les corps des danseurs sont tour à tour brindilles, silhouettes désarticulées, ensembles, séparées, épures s’élançant vers les cieux ou bien ancrées dans une pesanteur qui empêche l’âme de s’élever. Mais l’on se relève, le temps de marteler le sol, des claquettes, cliquetis d’os qui s’entrechoquent au rythme des baguettes qui harcèlent la grosse caisse et le tom basse. Est-on à l’aube du temps ou au crépuscule de la vie? Le monolithe autour duquel s’enroulent les deux esprits-fantômes inlassablement pourrait apporter une réponse.
Les éclairages font eux aussi partie intégrante du spectacle, une lumière fantomatique, fantasmagorique qui partage l’espace, et qui joue constamment avec les ombres du monolithe et des danseurs. Angles aigus découpés sur le sol. Les deux musiciens, eux, restent dans la pénombre, éclairés par leurs seules improvisations structurées. Cadences spectrales, duos intenses.
Pas de Christian Vander ou de boue orange qui bout dans les entrailles de notre Terre dans ce Magma mais simplement l’acronyme du nom des deux danseurs, Marie-Agnès Gillot et Andrés Martin, qu’il convient d’associer à Christian Rizzo, le directeur artistique et scénographe.
Une première mondiale qui clôt de façon élégante et intelligente ce festival.
Rendez-vous en 2021.
Jacques Lerognon
Crédit Photo : Julien-Benhamou