60 MINUTES AVEC KHEIRON

0
83

#NVmagLiveReport

Le 12/12/19 au Théâtre – Grasse (06)

En ce jeudi hivernal, le public était au rendez-vous au Théâtre de Grasse. Il n’y aura pas de siège vide parmi les six cents places disponibles pour cette vingtième date du spectacle « 60 Minutes avec Kheiron ». Aussi à l’aise sur les planches que derrière la caméra, excellant tout autant le stylo à la main que le micro à la bouche, c’est avec son talent de comédien que Kheiron nous fait l’honneur de venir partager un moment savoureux au cours de sa tournée française que l’on pourrait qualifier de marathonienne.Après s’être fait connaître par le biais, entre autre, de remarquables collaborations avec Jamel et son « Comedy Club », Kyan Khojandi et sa série « Bref », Kheiron enchaine les écritures de spectacles et de films tout en composant son album de rap « Entre Vos Mains ».

Fort de toutes ces expériences, Kheiron propose, à travers un concept, intégralement nouveau et intrinsèquement maîtrisé, un spectacle à l’intimité singulière. Il surfe sur la vague, sans cesse changeante, de l’improvisation tout en brisant les murs séparant la scène du public. Véritable profiler de l’humour, c’est après avoir observé attentivement l’ensemble de son public grassois, que l’acteur fait son entrée dans la salle à l’arrière des spectateurs. Lumière tamisée, ambiance chaleureuse, le décor est à l’image de l’acteur, sobre et bienveillant. Le spectacle débute sur une interprétation d’un rap de sa composition. Avec Kheiron, pas d’artifice inutile. Après avoir tenté de donner, à l’un des spectateurs, ce que l’auteur qualifiera, lui-même, de « plus lent high-five au monde », la magie Kheiron se met en place : « Je vous laisse le choix, soit je fais couper l’éclairage et je vous joue mon spectacle solo d’une seule traite, soit nous allons passer un moment exceptionnel et unique ». Les habitués suivant les vidéos de l’humoriste postées, régulièrement, sur Youtube, lesquelles comptabilisant plusieurs centaines de milliers de vues, le savent : la réponse du public est invariablement la même. Et l’interaction commence…

Kheiron « le mentaliste » s’adresse directement aux spectateurs. Excellent physionomiste (et après avoir fait au préalable un repérage certain), il leurs pose des questions, les nomme par leurs prénoms, les tutoie, les reconnaît, les encourage, les provoque et les pousse dans leurs retranchements. Complicité, empathie, curiosité, détournement, espièglerie, humour trash, etc… la palette d’émotions et d’actions utilisée par Kheiron pour peindre le paysage de son show est absolument délicieuse.  Lors de ces interactions, l’artiste est fondamentalement à la recherche de quelque chose de l’ordre de  l’émerveillement tel un enfant curieux. Comme s’il souhaitait être surpris par l’humain et son expérience de vie. Les questions servant de fondations à ses improvisations sont invariablement les mêmes : « Qui m’a déjà vu en spectacle ? Qui fait le métier qu’il ou elle rêvait de faire quand il ou elle était petit ? Quelle est votre religion ? Qui est à la recherche d’un emploi ce soir ? Quel est la plus belle chose qu’il ou elle a fait pour vous ?…  » Les réponses, toutes différentes d’un spectacle à l’autre, donnent, à celui-ci, des saveurs qui lui seront propres, offrant, à l’assistance, le sentiment de partager un moment unique. L’interactivité permet de transformer l’anodin en évènement. Tout le long de la soirée, la chimie opère, Kheiron en est le catalyseur. Il parvient à révéler la part d’humanité présente en chacun d’entre nous, (pour le meilleur comme pour le pire). En échange, l’acteur exige, malicieusement, de son public que celui-ci soit cent pour cent présent pendant les 60 minutes en sa compagnie. 

Le spectacle se conclut sur une apothéose, dont il nous est impossible, à l’heure de la rédaction de ces lignes, de révéler le contenu, la victime n’étant sur demande de l’ humoriste, pas consciente du rôle de protagoniste qu’elle y a, malgré elle, tenu. Pendant plus d’une heure de spectacle, passée en un instant, Kheiron, compositeur facétieux, métamorphose, le temps d’une échappée du réel, son audience en musiciens invités à interpréter leurs propres partitions.

« Le directeur musical ne peut plus se contenter de diriger ses concerts et s’en aller. Il doit s’impliquer dans la vie de l’orchestre et dans son rayonnement à l’extérieur.  » Daniel Harding

Pari gagné…

Aurélie Kula

 

kheiron.fr/sur-scene/

Article précédentSTORM ORCHESTRA : The Shining Of My Soul
Article suivantFESTIVAL DE DANSE CANNES: MAGMA
Aurélie Kula
Aurélie rejoint l'équipe de Nouvelle Vague en 2013, en tant que rédactrice. Après plusieurs contributions, elle intègre le bureau du journal au sein duquel elle effectuera les missions liées à sa nouvelle fonction de secrétaire de rédaction pendant plusieurs années, ce qui l'amènera à couvrir beaucoup de concerts et de festivals, comptes rendus et interviews d'artistes de renoms et internationaux. Aurélie est en charge du "Son du jour" sur la page Facebook de Nouvelle Vague, publié tous les jours à 13h. Amatrice de jazz, IDM, dream pop, néo classique et de punk rock (en gros FIP), elle est aussi une grande collectionneuse de vinyles. Ses autres passions sont, à ce jour, la photographie, la littérature, la basse, les arts martiaux et le yoga. A présent, elle travaille en tant qu'assistante de production pour l'influenceur Nota Bene, youtuber spécialisé dans la vulgarisation de l'Histoire et le Gaming.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici