WAX TAILOR

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Il a plus d’une quinzaine d’années de carrière derrière lui, et pourtant Wax Tailor (« Tailleur de Cire » en français) n’en finit pas de rôder à travers les territoires musicaux. C’est du côté des Etats-Unis, desquels il est récemment revenu de voyage, que le dj originaire de Normandie a en partie confectionné   « By Any Beats Necessary », son cinquième opus paru sous Lab’oratoire, son propre label. Fidèle à lui-même, Jean-Christophe Le Saoût (de son vrai nom) refait surface à travers ce road trip musical sous influence hip-hop, blues, jazz et électro, inspiré du mouvement littéraire de la Beat Generation.

 

Tu touches à pas mal de genres musicaux. Quel est celui qui t’a véritablement lancé dans la musique ?

C’est vraiment le hip-hop qui a été le courant déclencheur, à la fin des années 80 et au début des années 90, en temps qu’activiste on va dire. Ça m’a ouvert toutes les portes et le champ des possibles. Evidemment, depuis et au fil du temps, j’ai continué de les ouvrir.

Comment s’est déroulée la création de ton cinquième opus ?

J’ai commencé à travailler dessus la semaine du drame de Charlie Hebdo et j’y ai mis un point final avec la tragédie de Nice. Comme beaucoup, j’ai le sentiment d’apprendre à vivre dans un nouveau contexte où s’entrechoquent les moments de colère, de tristesse, de désillusion et malgré tout d’espoir. Cet album est né à la croisée de ces sentiments, comme une fenêtre ouverte sur un ailleurs fantasmé et salvateur. Cet ailleurs, je l’ai projeté sur la route des Etats-Unis, celle que j’ai longtemps imaginée à distance, traversée de films en films, par cette route mythique de la Beat Generation, du jazz, du blues, du rock, de la soul, du hip-hop, celle des mouvements civiques…

Quel est le concept de cet album ?

Je l’ai pensé en quelque sorte comme la bande-son d’un road trip imaginaire aux Etats-Unis. J’avais besoin d’un échappatoire, envie de me projeter. C’est aussi un prétexte pour revisiter la musique américaine du XXème siècle en partant du blues, en remontant vers le jazz, le rock des années 60, le psyché, la soul, le hip hop des années 90… C’est un voyage dans l’espace-temps avec un jeu d’anachronismes.

A quoi fait référence son titre, « By Any Beats Necessary » ?

Le titre fait référence au discours de Malcom X, « By Any Means Necessary », lui-même inspiré d’une phrase de Jean-Paul Sartre (« Par tous les moyens nécessaires », extrait des Mains Sales). Quand Kerouac parlait de la Beat Generation, il disait que le terme « Beat » faisait aussi référence au rythme et à la pulsation. Le battement, c’est la vie, le combat qui continue. Le titre de cet album trace une ligne entre ces mouvements qui avaient en commun d’aspirer à un monde plus juste. A défaut de trouver les mots, je continue de chercher des sons et des notes qui ne changent pas le monde mais contribuent modestement, je l’espère, à le rendre plus sensible et conscient.

Tu as imaginé ton album aux Etats-Unis et compte créer ton prochain opus là-bas également. Pourquoi ce pays est-t-il une source d’inspiration pour toi ?

Le rapport aux Etats-Unis est complexe : je dis souvent que c’est une terre des extrêmes capable de générer le pire et le meilleur. Culturellement, mes influences musicales sont très ancrées là-bas, avec le hip hop évidemment, mais pas seulement. Côté cinéma, il y a également beaucoup de références. Et puis il y a une culture prédominante, qu’on l’apprécie ou qu’on la rejette. C’est un fait, on a tous grandi avec ; les Etats-Unis, c’est un décor à ciel ouvert pour un gamin français.

Est-ce qu’un autre pays pourrait, un jour, t’inspirer la réalisation d’un album, d’un projet ?

Difficile à dire, ça viendrait plus d’envies de rencontres que d’un historique fort comme c’est le cas avec les Etats-Unis. Peut-être le Brésil…

Quels artistes ont été tes sources d’inspirations pour cet album ?

Il y en a beaucoup, difficile de dresser la liste. Sur cet album, il y a du blues donc on peut citer Robert Johnson, de la soul, donc je pourrais dire Curtis Mayfield, des accents western, et là c‘est clairement Ennio Morricone qui reste le patron. Il y a du hip-hop et comme je suis en train d’écouter le dernier ATQC (A Tribe Call Quest, ndlr) je peux les citer mais on pourrait jouer à ça pendant une heure… Je suis une éponge, j’essaie juste de digérer tout ça et d’en faire quelque chose qui me ressemble, enfin j’espère.

Ta musique a trait au cinéma puisque tes clips s’en réfèrent et tu incorpores régulièrement des extraits de long-métrages dans tes morceaux. Quels films ont été des sources d’inspiration pour cet album ?

Je ne suis pas certain qu’un film puisse le résumer : il y a autant de « Once Upon A Time in America » que de « Fargo », « Buffalo 66, » « Bull It » ou des séries télé des années 70…

Ghostface Killah, Tricky, Token, R.A The Rugged Man… Tu as collaboré avec de nombreux artistes américains pour l’occasion. Comment les as-tu choisis ?

La musique est toujours le facteur déterminant. Je ne contacte jamais un artiste sans avoir une vision très arrêtée de ce que je veux faire : c’est une sorte de scénario avec un casting et j’explique à chaque fois le projet.

Comment se sont déroulées ces collaborations ?

C’est toujours un peu compliqué vu qu’il faut faire avec les disponibilités de chacun. J’ai dû retourner aux Etats-Unis pour Lee Fields, on a aussi fait R.A et Ghostface là-bas, Tricky est venu à Paris… Bref, une bonne logistique.

Avec quel(s) artiste(s) rêverais-tu de travailler un jour ?

Les deux premiers qui me viennent : Jack White et Nas. J’ai déjà rencontré le deuxième mais ça ne me semble pas simple, et j’ai invité Jack White qui m’a gentiment répondu, mais qui est très occupé.

 

Adrien Lévêque

Le 29/06/17 au Fort Carré – Antibes (06) dans le cadre du festival les nuits carrées et le 21/07/17 à l’Esplanade du champ de Mars – Valence (26) dans le cadre du festival sur le champ.

www.waxtailor.com

Crédit photo : Benjamin Langlais

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