VALD

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« Il a pas dit bonjour… », une punchline qui a marqué 2015 et qui a fait le succès de Vald auprès du grand public. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, ce rappeur de 25 ans originaire d’Aulnay-sous-Bois n’est pas comme les autres, et ça, on l’a bien compris. Il enchaîne les sons décalés et crée son propre univers. Après plusieurs mixtapes et EPs, et un premier disque réussi, il nous offre début 2018 un nouvel album, avec ce titre à libre interprétation : « XEU ».


Valentin Le Du à Aulnay-sous-Bois
Aulnay-sous-Bois est à la fois la ville d’enfance de Valentin Le Du, alias Vald, et le titre d’un de ses morceaux. Il y parle d’avenir, ou plutôt de l’avenir que n’ont pas ceux qui viennent de la Seine-Saint-Denis d’après l’image qu’en montrent les médias. Dénonciateur, Vald l’est donc dès ses débuts et ça paraît évident puisque Kery James est le premier rappeur qu’il écoute. Il dit aussi avoir été très inspiré par Alkpote dont il devient l’ami par la suite. Influencé par ces chanteurs, il commence alors à écrire et sort ses premières mixtapes sur Youtube, également disponibles en téléchargement gratuit sur son site dès 2011 avec « NQNTMQMQMB » (Ni Queue Ni Tête Mais Qui Met Quand Même Bien) et « Cours de rattrapage ».

Une recette bien léchée pour un succès mérité
Avec une communauté qui s’élargit de plus en plus et un enthousiasme grandissant autour de lui, Vald sort alors deux EPs en 2014 et 2015 : « NQNT » et « NQNT2 ». Il commence alors à faire parler de lui, après quelques morceaux clippés qui définissent clairement son univers et créent le buzz : « Infanticide » tourné comme un film d’horreur, « Promesse » filmé comme s’il s’était drogué, « Shoote un ministre » au titre un peu trop explicite, « Bonjour » avec ses trois versions allant de la plus « douce » à la plus « trash » ou encore « Autiste » qui fait clairement polémique. Des sons au caractère fort, aux textes crus et au clip délirant de qualité, voici de quoi est composé le succès de Vald. Il enchaîne les concepts décalés dans ses clips avec notamment « Urbanisme » où il se filme sortant de chez lui pour aller acheter des cigarettes. Trois versions de ce clip sont diffusées où on le voit à trois différents moments de la journée : 11h43, 15h57 et 18h35. Simple, mais efficace, Vald prend le point de vue de deux personnes vivant dans une cité : un adulte aigri et un jeune plein de rêves ; et renoue avec le style qu’il avait dans ses premières mixtapes. Sur les réseaux, Vald appuie son personnage qui fait du rap pour ambiancer, pas toujours politiquement correct et qui se moque des conventions. Il se fait remarquer par l’attitude désinvolte qu’il affiche et le sérieux qu’il n’a pas lors de ses interviews. Souvent appelé « l’Eminem français », il se défend de ce surnom trop facile et refuse toute étiquette. Après la promotion de ses EPs à la télévision, il s’auto-pose des questions et réalise « l’interview schizo ». Il y parodie le journaliste Yann Moix qui avait attaqué Nekfeu sur le plateau d’ « On est pas couché » quelques temps avant et qui avait fait le buzz. Vald dénonce la vision étriquée que les journalistes ont du rap : un style musical forcément violent dans ses paroles et ses revendications, et qui n’a pas à évoluer ou être différent de ces critères.

« Agartha », la porte vers une nouvelle dimension du rap
Avec ses textes tranchants et son audace, Vald s’entoure de personnalités influentes dans le monde du rap français, dont le producteur Tefa. Celui-ci est ayant déjà collaboré avec de nombreux autres artistes (Rohff, Sniper, Lino, Kery James, etc.), il le fait connaître au grand public en travaillant sur « Agartha ». Mais que signifie réellement ce nom, Agartha ? S’il a déjà montré un intérêt fort pour les conspirations diverses et variées – franc-maçons, Illuminati mais surtout Reptiliens – Vald appuie encore plus sur cet aspect en nommant son album comme le monde souterrain où vivent les races avancées d’humanoïdes, les êtres supérieurs dont parlent les complotistes. « Agartha » apparaît donc comme une invitation au voyage dans le monde de Vald et appuie sur les différents contre-arguments de ses fans vis-à-vis des médias : ses textes ne sont pas simplets et dénués de sens, mais au contraire, ils relèvent du génie. Six morceaux de l’album sont dévoilés avant la sortie de celui-ci, dont « Eurotrap », clippé uniquement sur fond vert. Les fans s’en donnent à cœur joie et réalisent de nombreux montages vidéo toujours dans le délire conspirationniste et extravagant propre à Vald. « Agartha » sort en janvier 2017, et les concerts s’enchaînent. Ils sont racontés dans les différents épisodes du Agartha Tour, monté par son ami Julius et où sont présents tous ses amis dont son acolyte de toujours Suikon Blaz AD et DJ Weedim, le cador des premières parties des stars américaines en France telles que Gucci Mane, Migos ou encore Young Thug. Fin 2017, après la tournée des festivals, Vald réalise une série de clips regroupés en un court-métrage où on le voit se réveiller après une rupture amoureuse et visiblement, une soirée bien arrosée.

Blanc comme XEU
Janvier 2018, une liste de titres fuite sur Internet et est baptisée par les fans « NQNT 3 » et annonce a priori la nouvelle mixtape de Vald. Celui-ci reste discret sur l’affaire pendant quelques jours et les sons annoncés sont écoutés comme ceux du nouvel album. Vald avoue finalement que cette fuite était prévue et en profite pour faire la promotion de « XEU » dont la sortie est prévue pour le 2 février suivant. Stratégie marketing offensive ou coup de génie ? Un peu des deux, car l’album est attendu de pied ferme par fans de rap et médias en tout genre. Sort alors « Désaccordé », un morceau au refrain autotuné entêtant et au clip décalé comme sait bien les faire Vald. Comme d’habitude, ça fonctionne : le single est certifié disque de diamant et reste au sommet du classement français des ventes et écoutes streaming pendant sept semaines. Fort de son succès, « XEU » devient disque d’or en une semaine et disque de platine en un mois. L’accueil réservé pour cet album est différent du précédent : la notoriété de Vald auprès du grand public est déjà acquise et son talent connu de tous, la barre était donc placée haute pour celui-ci. « XEU » est considéré par la critique comme plus accessible et moins hardcore qu’« Agartha », avec un ensemble de morceaux plus sombres et plus explicitement engagés. Dans le premier morceau, « Primitif », Vald dénonce la non-évolution de ce besoin qu’il dit justement primitif chez l’Homme : la recherche totale de liberté avec la course effrénée à la richesse. Fidèle à lui-même et restant honnête, il dit faire partie de ces personnes qui voit l’argent comme synonyme de succès et d’affranchissement de la société. Il y dénonce aussi la violence présente dans les médias, l’apitoiement des jeunes pour qui « ça devient cool de s’dire foutus » alors qu’une grande partie de la population souffre réellement, au monde vulgaire et usé laissé aux générations futures… En somme, un premier morceau qui amorce un album aux revendications diversifiées, à écouter d’urgence si vous ne l’avez pas déjà fait.


Valentine Caçat


Le 01/06/18 dans le cadre du festival Check The Rhyme au Palais Nikaïa – Nice (06), le 09/11/18 à Paloma – Nîmes (30) et le 17/11/18 à l’Arena du Pays d’Aix – Aix en Provence (13).


facebook.com/vald

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