THE CURE

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En 30 ans de carrière, le groupe est toujours resté associé au mouvement new-wave et au style gothique de leur maquillage et de leurs coiffures arachnéennes, entre le Joker de Batman, et une Liz Taylor sous amphet’. Plus qu’un groupe ou qu’un style de musique , The Cure est une façon de vivre. Presque une philosophie. Plus une attitude qu’un mouvement. Mais surtout The Cure c’est Robert Smith. Figure emblématique du groupe qui est toujours resté leader, figure de proue et idole d’une quinzaine de membres qui se sont succédés. Ils repartent sur les routes en 2016, pour présenter leur énigmatique nouvel album « 14 : 4 Scream » et jouer leurs plus grands succès devant le monde entier.

 

Tours et détours d’un vilain garçon

Robert James Smith voit le jour en 1959 à Blackpool au bord de la mer. Son père, accro au Super 8, le film partout. Sur la plage, en courant, avec des ânes. Après avoir joué avec ses animaux et sa sœur (Il déterre des vers de terre pour les lui faire avaler, elle se venge en lui faisant manger le vomi de ses chiens et chats), il se découvre une nouvelle passion à 13 ans, avec sa première guitare. S’intéresse aux auteurs français, (Camus, Sartre) et au rock (Jimi Hendrix, The Beatles) qui lui permettent de s’extirper du carcan catholique de sa famille, et de son frère hippie qui, revenu d’Asie, passe son temps à mettre de l’encens dans la cuisine des parents. Selon lui, il s’est rapidement « fait à l’idée que la vie n’avait pas à être extraordinaire en se rendant compte qu’il ne connaissait personne que la religion ait rendu meilleur ou plus heureux ».

« Je me suis fait à l’idée que la vie n’avait pas à être extraordinaire » Robert Smith

 

L’Origine du mal

En 1976, alors que Robert Smith et son groupe jouent surtout des reprises de Jimi Hendrix, le punk des Sex Pistols arrive en force et bouscule tous les codes. De son côté, la première formation des Cure, appelée à l’époque Easy Cure avec un certains Peter O’Tool au chant (pas Lawrence d’Arabie, l’autre) commence à trouver son style : Sombre et minimaliste. Ce n’est qu’après le départ de ce dernier que Robert Smith prend la place du chanteur et répond à une annonce d’Hansa record : « Voulez-vous devenir une star ? ». Même si l’affaire n’est pas concluante car la maison de disque ne veut que des covers, ils sont rapidement contactés par Chris Parry (Polydor) pour créer un label indépendant : Fiction Record. Ils y resteront jusqu’en 2001. En décembre 78 sort « Killing an Arab’ » et leur premier album, « Three Imaginary Boys »  et sa pochette (un frigidaire, un lampadaire et un aspirateur, sans aucune mention des titres) font sensation.

 

Killin’ An Arab

En 1978 sort le premier 45 tours de The Cure: « Killin’ An Arab ». Si le morceau a ensuite été récupéré plusieurs fois par des partis d’extrême-droite britannique (National Front) et pendant la guerre du Golfe, Robert Smith n’a eu de cesse de multiplier les conférences et les communiqués de presse pour rappeler l’origine de la chanson : Meursault. En écrivant la chanson à 17 ans, le jeune auteur avait l’impression que tout le monde s’intéressait autant que lui à Albert Camus et que tout le monde comprendrait la référence à l’absurde fin de « l’Etranger ». A l’époque de la polémique, Robert Smith a envoyé un exemplaire du livre à des centaines de rédactions afin de leur  « donner cette culture que les journalistes n’auront jamais ». Même si aujourd’hui, il « veut oublier qu’il a écrit une chanson appelée Killin’ an Arab », c’est bien grâce à cet album que la carrière du groupe est lancée. Dernièrement, la réalisatrice brésilienne Marina Person a réussi, après plusieurs mois de négociations, à convaincre le rockeur d’utiliser le morceau dans son dernier film : Califórnia.

 

The Cure, un groupe aux cultes

Très rapidement, Robert Smith et sa bande deviennent le fer de lance d’un mouvement. Musical d’abord, avec le New Wave, mais aussi vestimentaire, philosophie et théâtrale : Le gothique. Encore aujourd’hui, une grande partie des spectateurs vient grimée à leurs concerts. Imitant la coupe, le maquillage et l’état d’esprit du groupe en règle générale. Vouant comme un culte à Robert Smith qui avec The Cure, mais aussi son autre groupe  Siouxsie and the Banshees , s’est distingué du mouvement punk alors très à la mode à cette époque. Cette noirceur se manifeste dans les thèmes des chansons : Pulsions suicidaires, homicide, en gros tout ce qui est ténébreux. Robert Smith a tout de même déclaré : « Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas faire mes courses habillé comme ça. Pour moi, mon look, c’est comme pour un acteur qui se maquille. Il se présente sous un meilleur jour. Ça lui donne de la confiance. »

Il y a trois choses que Robert Smith déteste : La religion (il n’a aucune foi en quoi que ce soit), la pub (il refuse presque systématiquement que l’un de ses morceau soit utilisé dans des spots t.v) et la manière dont la culture occidentale diabolise la drogue. Car The Cure, comme tout groupe de rock qui se respecte, c’est aussi beaucoup de drogue. Bien qu’il se soit calmé : « J’ai eu peur de me griller les neurones et de ne plus reconnaitre personne » ; l’icône continu de clamer que toutes les drogues ne sont pas mauvaises. Selon lui, le tabac est une vraie drogue. Pour le reste …. : « L’histoire nous a montré qu’il y a des civilisations qui ont utilisé des drogues sous différentes formes. Si elles sont utilisées de manière positive, ça peut être une bonne chose. » La drogue aide dans le processus de création, il parait.

« Ce que je fais avec Cure n’est qu’une facette de ma personnalité. Vous seriez surpris si je révélais la partie la plus intime de ma vie. Malheureusement pour vous, elle ne regarde que moi ! » Robert Smith

 

Here Comes Success

En 1983, c‘est une année de transition pour Robert Smith qui se retrouve seul avec Lol Tolhurst, le batteur devenu claviériste. Ce dernier pousse son compère à se remettre au travail. L’idée de découvrir de nouvelles technologies, de changer d’air se fait ressentir. Il en découle plusieurs chansons iconoclastes si l’on considère le travail produit jusque-là. « The Walk », « Let’s Go To Bed » sont de sémillantes chansons pop en rupture totale avec les noires effusions de « Pornography » leur album précédent. Le succès est immédiat malgré l’impression de trahison durement ressentie par les fans de la première heure. S’en suit la collaboration des Cure avec Tim Pope, qui s’amuse à créer dans des clips vidéo très esthétiques, le personnage de Robert Smith, une sorte d’ahuri maladroit et décalé. En même temps, le chanteur se sentant perdu dans ses nouvelles tribulations, se réfugie dans Siouxsie And The Banshees en tant que guitariste et s’amuse avec Steve Severin à la création de The Glove, un album psychédélique. Finalement après la sortie d’une compilation des titres réalisés pendant cette période, Robert Smith et Lol refondent véritablement The Cure avec Andy Anderson à la batterie et Phil Thornalley à la basse.

 

Cure de jouvence

En 2008, The Cure sort « 4: 13 dream ». Depuis, plus rien, le calme plat. Et puis, en 2014, annonce d’un album que les fans n’attendaient plus : « 4 : 14 Scream » et une tournée mondiale. Pour entendre de nouveaux morceaux ce n’est pas l’idéal puisque l’album n’est toujours pas disponible. Mais depuis le début de la tournée, le groupe s’amuse à concocter des mélanges de chansons qui varient de spectacle en spectacle, piochant allègrement parmi succès, et perles rares. L’éternel gamin mélancolique Robert Smith plus en forme que jamais, accompagné de ses acolytes, dont certains de longue date comme Simon Gallup à la basse et Roger O’Donnell aux claviers. Avec cette nouvelle tournée, les années 80 ne semblent jamais vouloir mourir, pour le plus grand bonheur des fans de l’époque.

Paul Ganassali

Le 18/11 au Park and Suites Arena – Montpellier (34).

 

www.thecure.com

Crédit Photo : Jay Sawyer

 

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