STING

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Sting, c’est quarante ans de carrière dont sept au sein de The Police qui l’accompagnera dans sa montée au sommet. Au total : cent-cinquante millions d’albums vendus. Incarnant la nostalgie des années 80 avec des mélodies résolument pop, rock, jazz, voire même classiques, et sublimées par sa voix légèrement cassée, il reste l’un des incontournables de toute une génération. La continuité de sa carrière solo jusqu’à son dernier album en date, « 57th & 9th », perpétue la légende de ce chanteur qui ne cesse de se renouveler et semble loin de s’arrêter.

« Englishman… »

Sting, de vrai nom Gordon Sumner, a grandi au nord-est de l’Angleterre. En parlant de son enfance, il la décrit comme « sans couleur », avec un fort sentiment de non-appartenance à sa famille et à sa communauté, et surtout un destin tout tracé dans les chantiers navals près desquels il habitait. Cette période monotone le porte à devenir un rêveur, prenant en contre-exemple son père qui a suivi ce chemin et finit par devenir livreur de lait. Découvrant la musique par la passion de sa mère à travers le piano, il apprend à jouer de la guitare et s’imagine une vie excitante où le monde entier lui prêterait ses oreilles.

Les pieds sur terre

Il réussit à s’échapper de ce dessein et devient instituteur, ce qui lui procure une première expérience divertissante, pourtant bien ancrée dans la réalité. C’est à ce moment qu’il réalise le plaisir avec lequel il distrait les gens, et avec l’expérience acquise aujourd’hui, il affirme que le travail ne différait pas de celui de « rock star ». Cette expérience l’aidera à rester modeste tout au long de sa vie. Considérant que l’argent facile peut décourager les gens à travailler pour gagner leur vie, il décide de ne pas faire profiter de son héritage à ses enfants. Une philosophie qui reste ancrée profondément en lui, le faisant garder la tête sur les épaules et les pieds sur terre.

L’« accident heureux »

C’est en 1977 que se concrétisent ses rêves. Il devient bassiste et chanteur de The Police, avec Stewart Copeland à la batterie et Henry Padovani comme guitariste, qui sera remplacé dans la même année par Andy Summers. Mêlant jazz, punk et reggae, le style est reconnaissable entre mille. Comme le convoitait Sting, le monde se tourne vers eux. Pourtant, rien n’était prédit et Sting s’amuse à surnommer la formation de The Police comme étant un « accident heureux ». En seulement cinq ans, The Police atteindra son apogée avec « Synchronicity » et notamment une mélodie qui résonne dans toutes les têtes : « Every Breath You Take ». D’autres titres vont connaître un très grand succès, on peut citer « Roxanne », « Message In A Bottle » et « Walking On The Moon » qui ont construit sa notoriété.

« Il n’y a pas de démocratie dans l’art ! »

Le groupe se sépare en 1984 de manière non officielle à cause de tensions qui perdurent, et chacun continue son chemin, que ce soit en continuant une carrière d’acteur pour Sting, la réalisation d’un film pour Copeland, ou le lancement en solo de Summers avec un premier album. Le groupe va aussi se recomposer occasionnellement le temps de quelques jours, comme au mariage de Sting où The Police renaît pour accompagner la marche jusqu’à l’autel de sa future femme, Trudie Styler. Dans le même temps, chacun des membres poursuit sa carrière solo. Sting aime les « surprises », quitte à se surprendre lui-même. C’est ainsi qu’il justifie la reconstitution de The Police en 2007 pour une majestueuse tournée mondiale de cent-cinquante dates, qui a lieu à l’occasion des trente ans du single « Roxanne ». Deux millions de billets se vendent en quatre-vingt-dix minutes. Ce retour avait été attendu vingt-trois ans.

Un chanteur engagé

Sting identifie la musique comme un moyen divertissant de faire passer de l’enseignement. C’est dans cette optique qu’il s’engage dans plusieurs de ses chansons. Dans « Russians », il dénonce l’absurdité de la guerre froide et témoigne de son inquiétude sur les nombreuses crises qui ont intensifié le risque jusqu’à frôler la guerre nucléaire : « What might save us, me, and you / Is if the Russians love their children too ». Dans « They Dance Alone », il s’attaque au régime oppressif de Pinochet au Chili dans lequel les personnes qui prendraient la parole pour aller à son encontre seraient torturées puis assassinées : « If they were to speak these words they’d go missing too ». Dans « Fragile » il analyse les actes de violence commis au nom des religions : « Nothing comes from violence and nothing ever could ».

Piqûre de rappel

Le surnom de Sting lui a été donné par les membres d’un groupe dans lequel il jouait, en 1972, en raison de son style vestimentaire et notamment un pull rayé noir et jaune, rappelant le corps d’une guêpe. Il n’en changera plus, ses proches finissant même par l’appeler au quotidien par ce surnom. Son engagement auprès d’associations caritatives agissant pour l’environnement (tel que « Rainforest Foundation ») fait un écho à cette allégorie, et agit comme une piqûre de rappel. À travers son propre exemple, il rappelle un principe fondamental : le changement réside dans le petit effort de chacun.

« …In New York »

Aujourd’hui basé à New York, qu’il considère comme « une île au large des États-Unis », Sting sublime sa carrière solo, depuis 1984, pour le plus grand plaisir de certains. En 2016, son nouvel album « 57th & 9th » paraît. Il fait référence à la 57e et 9e rue à New York, qu’il dit emprunter pour aller travailler. Un album qui revisite le voyage et la mobilité à travers plusieurs points de vue. Dans « Inshallah », il se livre à un récit à la première personne qui s’inscrit dans la crise des réfugiés, écrit avec la volonté d’un aspect humanitaire : « If it be your will, it shall come to pass » qui s’inspire de la signification même du mot « Inshallah » : « If it’s God’s will and then it shall be ». « 50 000 » est un hommage à tous les musiciens qui ont disparus en 2016 « One more for the list of those who’ve already fallen » : David Bowie, Prince, Glenn Frey… en affirmant « Rock Stars don’t ever die, they only fade away » qui fait suite à une interrogation sur sa propre pérennité.  « Quand [les icônes culturelles] meurent, on se questionne automatiquement sur nos propres mortalité ».

Après douze albums solo où il s’efforce de revisiter son propre style, son inspiration ne semble pas s’essouffler. Alors, la légende continue son chemin, traverse les années en laissant petit à petit une empreinte toujours plus marquée sur le monde et l’on se demande : jusqu’où Sting peut-il encore nous surprendre ?

Manon Simonin

 

Le 20/07/17 à la Pinède Gould – Juan Les Pins (06) dans le cadre du festival jazz à juan.

Le 29/07 à La citadelle – Saint Tropez (83) dans le cadre du festival les soirées de la citadelle.

www.sting.com

Crédit photo : Boris Allin

Extrait : « Après douze albums solo où il s’efforce de revisiter son propre style, son inspiration ne semble pas s’essouffler. Alors, la légende continue son chemin, traverse les années en laissant petit à petit une empreinte toujours plus marquée sur le monde »

 

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