Tonalité plus folk que jamais, Stephan Eicher revient sur le devant de la scène avec un nouvel opus baptisé « Envolée ». Un corpus de textes petits formats qui brossent un tableau social, d’une société en pleine mutation. 12 morceaux qui d’images en images confèrent à l’ensemble toute sa puissance.
Cinq ans après Eldorado vous revenez avec « l’envolée » ? Qu’est-ce qui a vous a donné l’idée de cet album ?
À la sortie d’« Eldorado », j’ai entendu pour la première fois le mot « crise des subprimes », ces prêts accordés à des acheteurs, qui sans argent pouvaient faire l’acquisition d’une maison. Et puis ces crédits « pourris » étaient mis dans du papier-cadeaux et revendus un peu partout dans le monde. Le déclencheur de cette crise qui nous explose en ralenti a la figure, fut quand que les acheteurs de ces crédits ont remarqué que ces cadeaux étais empoisonnés. Par dérision, j’ai fait un lien entre le titre de l’album « Eldorado » et le désir des banquiers et « hedge fund managers » cupides de trouver, en trichant, ce lieu mythique couvert d’or. Je me demandais comment parler de cette crise qui commence maintenant à influencer nos valeurs morales, nos structures sociales. Et j’ai commencé à travailler.
Est-ce que le titre fait référence à quelque chose de précis ? De personnel ?
J’ai toujours un peu du mal à trouver un titre. Un titre semble tellement important. Sur la pochette il y a une peinture d’un renard chantant seul dans une barque et mon souci était de trouver un nom à cette barque. C’est alors qu’Olivier Caillard, le PDG de Barclay, qui m’a rendu visite l’été dernier pour écouter l’album presque fini, a trouvé que la barque pourrait s’appeler « L’Envolée ». Le titre était tout trouvé !
Vous avez enregistré « Elle me dit » avec le romancier Philippe Djian, n’est-ce pas plutôt inattendu ? Qu’est-ce qui a incité Philippe Djian, de parolier à devenir chanteur ?
Entre 2010 et 2011, nous avons fait une série de concerts baptisés : « Concerts Littéraires ». Philippe lisait nos textes connus mais aussi de textes plus récents comme « Tous les bars » ou « Elle me dit », sur lesquels j’ai improvisé à la guitare. Ces « impros », ont été par la suite travaillées et petit à petit nous sommes parvenus à la version définitive, telle qu’elle apparaît dans l’album. Je tenais à ce que Philippe soit présent avec sa voix si particulière.
Pour réaliser cet album vous vous êtes entourés de Miossec, Martin Suter, Avril et Mark Daumail et, bien sûr, de Philippe Djian qui ont joué un rôle actif, quel est l’apport de chacun ?
Ce qui est magique lorsque l’on compose, c’est de pouvoir produire une œuvre collégiale où chacun peut y mettre du sien. Ce qui n’est pas le cas d’un roman, d’une peinture ou même une photo. Tous les artistes que vous avez mentionnés sont des gens qui travaillent en solitaire, mais ils ont fait une exception pour moi.
Vous avez privilégié des chansons courtes. Pourquoi ?
Dans notre société nous avons de tout en abondance, sauf du temps ! Je ne voulais pas voler du temps à mon public. Et l’idée d’une « tendre frustration » qui est déclenchée avec une chanson courte m’a amené à repenser « le format de mes chansons ». Cela a été un exercice assez difficile pour moi qui suis assez disert dans mes chansons !
Quelle est la ou les chansons qui caractérisent le mieux l’esprit de l’album ?
Honnêtement je ne saurais faire un choix. En fait, je pourrais vous dire qu’il m’a fallu 12 chansons pour exprimer mon ressenti. Toutes ont donc leur importance.
Certaines chansons vous parlent-elles plus que d’autres ?
Ces chansons n’ont pas besoin de me parler elles existent et cela me suffit. C’est au public qu’elles doivent parler, si c’est le cas, cela voudra dire que j’ai réussi à faire passer le message.
Lea Raso
www.stephaneicher.com
Le 16/05 à la Salle de l’étoile – Chateaurenard (13), le 12/06 au Théâtre de la Mer – Sète (34).