Le premier succès de Sheila, « L’école est finie » en 1963, marque le début d’une décennie vertigineuse où elle devient la chanteuse la plus populaire de sa génération. Elle enchaîne les succès dans les années 70 avec des titres comme « Les rois mages » et se réinvente dans les années 80 avec le groupe SB Devotion et le tube « Spacer ». Aujourd’hui l’artiste fête ses 60 ans de carrière avec amour et passion et nous avons eu l’honneur d’échanger avec l’artiste pour l’occasion.
Votre 27e album « Venue d’ailleurs » s’écoute comme une autobiographie en musique, on retrouve des collaborations avec vos complices de toujours comme Keith Olsen, Nile Rodgers ou encore Jason Scheff. Comment s’est fait ce choix ?
Quand j’ai eu l’idée de faire cet album évidemment, j’ai commencé par Nile. Comme je voulais boucler la boucle, s’il n’était pas là, je ne pouvais même pas commencé l’histoire. Lui, il m’a dit évidemment est-ce que tu veux que je te produise une chanson. Donc j’ai répondu oui et il m’a fait « Law of Attraction ». Après j’ai appelé Keith. Lui si je l’avais écouté, il m’aurait fait un triple album. Ce qui prouve bien que malgré une amitié qui s’est arrêtée il y a bientôt quatre ans, ça reste quarante ans d’amitié que ce soit pour lui ou pour Nile. Ce sont des histoires de vie, bien sûr, nous collaborons ensemble, mais nous avons des rapports humains qui sont beaucoup plus forts. Donc c’est lui qui m’a emmené Jason Scheff ainsi qu’Alex Forbes. Et j’ai eu la chance de faire un duo avec Jason.
Vous fêtez vos 60 ans de carrière avec votre tournée anniversaire « 60 ans d’amour », comment avez vous conçu la setlist et la scénographie pour l’occasion ?
Alors c’est très compliqué parce qu’évidemment, j’ai la chance d’avoir beaucoup de tubes et j’essaie de faire un tri un peu pour toucher tout le monde. Alors il y aura toujours des insatisfaits parce que je ne vais pas chanter « Adios amor » ou « Pilote sur les ondes » mais je fais un choix. Evidemment que je vais chanter « Bang Bang », « Les rois mages » et après, je laisse la surprise pour le reste, mais je fais quelques chansons nouvelles de l’album. L’intérêt de ce spectacle c’est que ce sont que des tubes et quelques nouvelles chansons mais revu et réorchestrés aujourd’hui. Par exemple, nous n’allons pas entendre « Les rois mages » version originale. C’est ce qui fait que je m’amuse et prends du plaisir et que les gens sont surpris, parce que j’ai un spectacle qui bouge. Il faut venir en baskets parce qu’on est là pour faire la fête et on finit debout ! Ce qui a du bien, c’est que toutes générations confondues à la fin tout le monde chante ensemble. Il n’y a plus aucune différence d’âge ou de sexe, tout le monde est venu pour chanter. Et surtout, ils vont entendre des musiciens qui jouent d’enfer, tout est en direct et ça arrache sa mère ! (rires)
En faisant une rétrospective sur votre carrière, si vous deviez retenir l’un des plus beaux moments. Lequel serait-ce ?
Je peux en citer deux ou trois, mais un seul c’est compliqué. Ça peut être l’enregistrement à New York de « Spacer » avec Nile Rodgers à l’époque dans le studio. Ça peut-être également les souvenirs que j’ai du studio Compass Point où j’ai eu la chance d’avoir comme chœur le groupe Kool and The Gang. Ou aussi d’avoir petit-déjeuner avec Mick Jagger, ou encore rencontrer Robert Palmer. J’ai une vie éclectique, d’aventure, une vie où je choisis d’aller dans des endroits improbables, prendre des risques, remettre les choses en question. Je rencontre des êtres humains extraordinaires.
Vous avez enregistré près de 300 chansons en duo sur les plateaux TV, on pense notamment à la fabuleuse époque de « Maritie et Gilbert Carpentier » mais nous n’en retrouvons pas dans vos albums. Vous n’avez jamais souhaité faire un album en duo ?
Alors, album duo, je voulais en faire un dans les années 90. J’aime bien être la première dans les nouveautés. À l’époque, la maison de disques m’a dit que ça ne se faisait pas trop donc je ne l’ai pas fait, mais maintenant, c’est très à la mode, et donc comme c’est très à la mode je ne vais pas le faire. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de duos, mais j’attendrai et le ferai plus tard. Là, je prépare un nouvel album qui sortira en début d’année prochaine que je vais enregistrer cet été, peut-être, il y aura un duo ou pas. Je ne me résigne jamais donc un jour ça va se faire.
Vous avez publié 27 albums, comment arrive-t-on à se renouveler en termes de sonorités et de textes ?
Et bien, on change d’équipe. Mon album est réalisé par Eric Azhar, qui est le monsieur qui me fait le spectacle. Après, je prends plein de gens différents. J’ai la chance d’avoir une équipe d’auteurs extraordinaires entre Amaury Salmon ou encore Pierre-Yves Lebert. J’ouvre les portes, je marche au coup de cœur dans les chansons donc si le sujet me plaît, n’importe qui peut m’écrire une chanson demain, je le prends.
En fait moi pour l’anecdote, j’ai 23ans et c’est assez drôle parce que je vous connais bien grâce à mon père qui est fan de vous. Il est venu vous voir pour la première fois à Colombes (92) quand il était adolescent en 1985. Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers concerts ?
J’espère qu’il va venir là, parce que j’ai un peu changé (rires). Mes premières scènes, c’était en 1963, donc j’ai le souvenir d’une petite fille qui est apeurée, affolée qui se trouve projetée en deuxième partie d’un spectacle à porter tout le spectacle sur ses épaules avec « L’école est finie » ou « Pendant les vacances ». C’était très impressionnant. J’ai le souvenir d’être très malade, tous les soirs avant de rentrer en scène. Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, je rentre en scène avec mes petites chaussures et je suis très contente. (rires)
Pour décrire votre personnalité, pouvez-vous me donner le nom d’un acteur ou d’une actrice dans lequel vous vous retrouvez ? Et pourquoi ?
Meryl Streep, Jane Fonda, Glenn Close pour moi le summum du talent, c’est Glenn Close. Je l’ai vu à Broadway et en Angleterre faire « Sunset Boulevard ». On ne peut pas imaginer comment chante cette femme. Elle est extraordinaire en tant qu’actrice, on le sait, mais en tant que chanteuse elle met une claque à plein de gens, dont moi en particulier.
Pour conclure, en un mot si vous deviez décrire vos 60 ans de carrière, que me diriez-vous ?
Un gâteau au chocolat sur lequel on a mis une cerise. (rires)
Clara De Smet
Le 24/05/2024 au Casino Terrazur – Cagnes-sur-Mer (06) et le 23/11/2024 à Confluences Spectacles – Avignon (84).
Photo : Darius Salimi.