Elle est la fille du percussionniste de Santana dans les 70’s, elle chante et joue sur des classiques de Prince qui a co-composé et produit nombre de ses chansons et chante dans “We Are The World” dans les 80’s, elle collabore avec Ringo Starr et joue sur les albums d’innombrables artistes prestigieux dans les 90’s, est révérée dans le monde comme la pionnière et la plus célèbre des batteuses féminines et elle sort un nouvel album après 12 ans d’absence. Entrevue avec l’intéressée sur son parcours exceptionnel et inspirant.
Comment a commencé votre carrière ?
J’ai appris à jouer à force de regarder mon père, Pete Escovedo, s’entraîner tous les jours en écoutant des vinyles. Parfois, son groupe venait répéter dans le salon avec des jam sessions le weekend. On habitait vers Oakland. On pouvait aller voir des artistes comme Santana, Grateful Dead, Jefferson Airplane, Sly & The Family Stone ou Tower Of Power répéter dans leurs locaux. La musique était donc autour de moi 7 jours sur 7.
Ensuite vous avez sorti vos albums solo chez Warner Bros. Comment voyez-vous cette période avec le recul ?
C’était assez incroyable mais j’avais déjà travaillé avec tant de super artistes avant cela. Quand j’ai décidé de changer mon nom en Sheila E. et que j’ai approché les maisons de disques, je leur ai expliqué que je comptais faire de la musique percussive, r’n’b et funk, mais il ne voyaient pas comment j’allais pouvoir faire un album solo car j’étais une femme qui jouait des timbales et ils n’avaient aucune idée de ce qu’était une timbale ! Ils cherchaient un point de référence passé pour les aider à comprendre car il n’y avait pas de femme jouant de la timbale menant son propre groupe. J’étais la première. On a fait le disque, on le leur a donné et ils l’ont aimé.
Y a-t-il une raison pour laquelle vous n’avez rien sorti entre 1991 et 2000 ?
Non, les gens pensent que je n’ai rien fait mais j’étais tellement occupée à collaborer à d’autres projets. J’ai passé mon temps à écrire, produire, réaliser, etc. et j’aime cela tout autant.
Est-ce pour la même raison que vous n’avez rien sorti depuis 2001 ?
Oui, je n’avais même pas remarqué que c’était la dernière fois que j’avais sorti un disque. Je m’amusais et j’écrivais mon autobiographie. C’est comme ça que mon dernier album “Icon” démarra. En écrivant, je me suis rendue compte que certaines de mes histoires devaient être changées en chansons et quand j’ai lu les paroles de certaines chansons que j’avais écrites, je me suis dit que celles-ci devaient aussi faire partie du livre. Les deux vont donc ensemble main dans la main. Et là, j’ai réalisé que je tenais un nouveau disque.
En écoutant ce dernier album, “Icon”, ce que j’ai trouvé frappant que hormis les deux interludes de solos de percussions, elles ne sont quasiment pas présentes dans les autres morceaux. Finalement, c’est comme si vous reveniez ŕ l’époque de vos disques chez Warner Bros ! Comment voyez-vous ça ?
Exactement. Voilà le truc… Quand j’ai sorti mon premier album “The Glamorous Life”, j’ai signé en tant qu’artiste r’n’b. Moi, je voulais faire un mélange de plusieurs styles de musique car c’est la personne que je suis, ayant écouté tous ces groupes. On me disait: “si tu fais des chansons de styles différents, on ne va pas savoir comment te vendre, on n’en a pas les moyens. Il faut que tu sois dans une seule catégorie… et le r’n’b en est une qui s’approche de ce que tu veux”. Donc à chaque disque, j’ai tenté de rajouter un solo ici et là ainsi que des styles jazz, latin jazz et même gospel. J’en fais aussi en concert parce que c’est important vis-à-vis de qui je suis musicalement. Sur ce dernier album, j’ai fait la même chose. Les djembés, les congas… tout ça c’est moi. Je ne fais donc rien de différent de ce que j’ai pu essayer de faire depuis les 40 dernières années ! Et cela, les maisons de disques ne l’ont toujours pas compris alors j’ai créé ma propre maison de disques et j’y sors mon propre disque. Comme ça, ça fonctionne !