Embarquement immédiat pour le blues des années cinquante ! Les quatre musiciens du groupe Scarecrow font revivre en l’espace d’un album, l’Amérique des « grandes plaines » de Jack Kerouac à Alan Lomax. Ces audacieux trentenaires ont fait le pari d’imposer un blues, scratché et teinté de hip hop ! Pari réussi qui propulse ces quatre musiciens dans l’univers du blues qu’ils semblent réinventer, comme nous l’explique Slim Paul, guitariste et bluesman du groupe. Après « This is Blues Hip Hop », le groupe est en tournée avec un nouvel album : «Evil and Crossroads ».
Scarecrow, un nom qui interpelle, pourquoi avoir choisi l’épouvantail pour symbole ?
Le logo a précédé le nom même du groupe. L’épouvantail représente nos quatre instruments, c’est aussi tout un symbole. L’épouvantail est censé faire peur, mais uniquement ceux qui s’arrêtent à son aspect extérieur. Loin de nous, toute idée d’effrayer, mais ce que nous cherchons, c’est avant tout de surprendre en faisant une musique qui ne cède pas à la facilité ni au commercial. L’épouvantail est aussi un graffiti que l’on retrouvait sur les murs du Bronx dans les années 70, et ces graffitis, comme les tags actuels, permettaient de délimiter les territoires. Disons que notre territoire, c’est la musique.
Effectivement, en vous écoutant on ne peut qu’être agréablement surpris, car on se prépare à écouter un bon vieux blues des années 50 et tout à coup d’autres influences émergent.
Notre fusion est peu commune et en nous associant nous avons souhaité produire une musique qui ait une couleur à la fois vintage et nouvelle. Le blues fait partie de ma culture, mais cette musique a évolué au fils des décennies, d’autres influences sont venues s’y greffer. Pour les membres du groupe, il était clair que notre blues, ne pouvait être un blues traditionnel ; auquel cas nous aurions été dans l’imitation. En le teintant d’influences actuelles, nous permettons à des auditeurs, pas forcément enclins à écouter ce type de musique, de l’apprécier. Prenons l’exemple de l’harmonica, instrument favori des cow-boys, et bien nous avons fait le choix de le scratcher.
Un blues, teinté de scratch et de hip hop, un clin d’œil à la modernité qui n’aurait pas été pour déplaire à Alan Lomax, découvreur du blues et des musiques de l’Amérique profonde. D’ailleurs le clip de « Evil and Crossroads » recrée cette ambiance !
C’est exact, son travail de collecte des différents genres musicaux a permis de faire connaître la musique de cette Amérique profonde, il est probable qu’il aurait aimé ce mélange des genres. Notre album « Evil and Crossroads », qui est le premier à être distribué, se situe à la croisée des chemins et marque notre volonté de nous approprier les héritages du passé tout en les actualisant. Les auditeurs remarqueront que l’album est le fruit d’un travail qui fait la part belle à la guitare analogique qui donne une coloration vintage. Nous effectuons aussi de nombreuses incursions dans le hip hop, qui appartient à la culture des années 80. Jusque-là nous estimions être en phase de recherche, dans laquelle nous effectuions des « brouillons ». Et cette fois nous sommes passés en studio pour un résultat très abouti.
« Evil and Crossroads », un titre évocateur qui semble résumer à lui seul, ce qui a d’improbable dans votre groupe et pourtant, ça fonctionne plutôt bien !
C’est vrai tout peut sembler improbable, nous venons d’horizons diamétralement opposés : Jamo à la basse, Lorenzo à la batterie, moi, Slim Paul, guitariste et bluesman, et Antibiotik, le scratcheur et rappeur, et pourtant l’alchimie a fonctionné. Nous avons 90 concerts de prévus et surtout, l’expérience sur « Evil et Crossroads » ayant été concluante, nous allons nous remettre à clipper !
Léa Raso
Le 22/11 au Nomad’ Café – Marseille (13)