[dropcap]À[/dropcap] tout juste 25 ans, Rihanna est une star interplanétaire. Elle comptabilise déjà sept albums et de nombreuses récompenses à son actif. Tout le monde la connaît, ne serait-ce que de nom, mais personne n’a réellement su sonder sa personnalité. Complexe. Imprévisible.
Comme alternative au cultissime « Singing In The Rain », « Umbrella » aurait pu devenir l’hymne officiel de ce printemps. Pluvieux à souhait. Morceau phare de l’album « Good Girl Bad Gone », vendu à 8 millions d’exemplaires, il s’agit probablement du tube le plus emblématique de Robyn Rihanna Fenty aka Rihanna. Riri, pour les intimes. Elle qui grandit entourée de musique reggae dans une famille recomposée de la Barbade. D’origine modeste. Très modeste. Elle qui forma un groupe avec deux camarades de lycée, avant de plaquer les études pour se consacrer à la musique. Qui convainquit Evan Rodgers, à 17 ans, de la prendre sur son label en lui chantant a capella « Hero » de Mariah Carey. Et le suivit aux Etats Unis en 2005. Elle que le rappeur Jay Z prit sous son aile. Que le magazine Time considéra comme l’une des personnalités les plus influentes en 2012, tandis que la revue américaine Billboard la qualifiait de meilleure artiste pop des deux dernières décennies.
Quand la vie privée devient publique
Si Rihanna monopolise la Une des tabloïds, ce n’est pas tant pour ses exploits musicaux que pour ses déboires amoureux. Au cœur de tous ses problèmes, Chris Brown. Chanteur comme elle. Beau comme elle. Jeune. Riche, aussi. Le couple a tout pour attirer la lumière. Mais derrière le fantasme d’un tandem parfait à qui tout réussit demeurent des tensions latentes. Le 8 février 2009, juste avant la cérémonie des Grammy Awards, une dispute éclate entre eux. Chris Brown la frappe violemment au visage. Rihanna devient malgré elle ambassadrice des violences conjugales. La presse people suit avec passion les déchirements au sein du couple. Relate toutes les péripéties. Officialise leur séparation définitive en mai dernier. Rihanna affirme malgré tout n’avoir aucune rancœur envers son ex : « Ce qu’il s’est passé a pris trop de mon temps. Je suis vraiment ravie de voir que sa carrière a décollé. J’adore sa musique. Je ne lui souhaiterai jamais de mal. »
Une artiste plurielle
Les conséquences de cet épisode malheureux sur sa musique sont pourtant manifestes. Rihanna prend un certain temps avant de reprendre son activité et à son retour, elle est méconnaissable. Nettement plus subversive. Son quatrième album, « Rated R », est sombre. Dur. Comme pour illustrer le fait qu’elle ait tourné la page, la chanteuse s’est transformée. De jeune fille aux cheveux longs, elle est devenue rock n’roll girl. Cheveux quasi rasés et tenues minimalistes à l’appui. Chaque période de sa (courte) carrière sera associée à un look dans lequel la provocation se mesure à la coupe de cheveux. La palme de l’exubérance revenant au choix d’une teinte rouge vif. Le principe est finalement simple : c’est grâce à son caractère caméléon que Rihanna existe. Qu’elle attire toujours et encore l’attention. L’artiste a compris que pour qu’on parle d’elle, il lui faut se renouveler en permanence. Quitte à passer par la case bad girl d’une jeune femme trop rapidement propulsée dans les sphères de la célébrité.
Phénomène marketing
Au fond, Rihanna est bien plus qu’une simple chanteuse : elle est une icône. Un produit marketing. La jeune prodige profite de sa popularité, saisit les opportunités. Et c’est là, probablement, son plus grand talent. Rihanna s’apparente en tous points à une chef d’entreprise qu’elle incarnerait à elle seule. Dont l’objet commercialisé serait sa propre personne. Elle se vend donc aux plus offrants. Devient l’égérie d’Armani et de Gucci, notamment. Elle lance même son parfum. Son rouge à lèvre. Pour faire face à la concurrence, Rihanna ne s’adresse plus seulement aux fans de sa musique, mais également aux férus de mode. Son image a un prix. Aussi, elle est prête à la défendre mordicus. La chanteuse, en effet, est redoutable dans les affaires. En témoignent les différends qui l’opposent depuis mars 2012 à la marque de vêtements Topshop, accusée d’avoir utilisé une photo d’elle sans son accord.
Rihanna vs Beyoncé
Cette quête obsessionnelle d’une image qui se vend en agace plus d’un et donne toute sa légitimité à un duel entre Rihanna et Beyoncé. Elles sont amies, mais le public aime à les départager. Qui est la meilleure ? La question hante tous les forums de passionnés. Toutes deux sont considérées comme des poids lourds du r’n’b. Comme des artistes complètes, alliant chant et danse. Sexy, qui plus est. Mais les rapprocher en permanence serait une erreur. Beaucoup estiment que la beauté de Beyoncé se met au service de sa musique, tandis que Rihanna semble opter pour le choix inverse. La musique passerait chez elle au second plan. De manière schématique, il y a la diva. Et la rebelle, provocante à dessein. L’une comme l’autre puise dans ses racines. Beyoncé incarne la musique black américaine. La soul. La puissance qui en découle. Son charisme reste incontesté. Les meilleurs titres de Rihanna sont quant à eux influencés par le dub. A l’exemple de « Man Down ». Cette veine sera abandonnée par la suite, au profit d’une image plus sulfureuse. Artificielle, peut-être, dans la mesure où ses chants deviennent de ce fait plus formatés. Moins authentiques. Au point que les détracteurs voient en elle une artiste sans voix. Sans présence sur scène. Absente. Simplement entourée des bonnes personnes. Producteurs et stylistes. Faiseurs de tubes, qu’elle aura pour tâche d’interpréter.
Philantropie
Rihanna souffrirait d’une certaine manière de ne pas se montrer telle qu’elle est. De vouloir, par la provocation, s’afficher comme une femme forte. Une femme fatale. Ce qu’elle n’est pas. Une preuve ? La jeune femme a été hospitalisée à deux reprises pour épuisement. Il faut dire qu’elle aime se fixer des défis. Entre autres, celui de réaliser sept concerts en sept jours, dans sept villes différentes, principe du 777 tour. La chanteuse est prête à tout pour ne pas faire figure de victime. Le personnage trash qu’elle a créé pour la scène est un moyen de parvenir à cette fin. Sauf que derrière ce masque se cache une personne bien plus sensible. Philantrope, diront ses amis. Elle accumule ainsi les concerts caritatifs, continue à faire des dons à sa terre natale. S’engage avec l’association Believe, qu’elle a créée, à aider les enfants dans le besoin. La créatrice Stella McCartney ne tarit pas d’éloges à son égard : « Elle est l’une des rares personnes que je connaisse dans ce monde de succès et de célébrités qui ne soient pas intéressées seulement par elles-mêmes. Elle va donner une réelle part de sa personne à un inconnu qu’elle rencontre, et ça c’est rare. »
Le succès par les réseaux sociaux
Selon cette logique, Rihanna est également proche de son public. En tant qu’artiste résolument moderne, elle interagit en permanence avec lui via les réseaux sociaux. Et aucun doute sur le fait que cela fonctionne. La chanteuse a aujourd’hui 29 millions d’abonnés sur Twitter. 70 millions de fans sur Facebook. Elle poste fréquemment des photos d’elle sur Instagram, permettant aux aficionados d’entrer un peu dans son intimité. L’un des derniers clichés la montre en studio avec le rappeur Wale. Simple participation à l’album de ce dernier, ou retour de la chanteuse dans les bacs ? Les rumeurs vont bon train. Et Rihanna, elle, se plait à maintenir le suspense.
Alice Rousselot
Les 10 et 11/07 au Sporting Monte Carlo – Monaco (98)
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