Pionniers incontestés du genre electronica depuis 1989 et leurs débuts dans le collectif Black Dog, c’est en 1991 qu’Andy Turner et Ed Handley forment Plaid. Collaborant à maintes reprises avec la chanteuse Björk dont ils font la première partie de la tournée mondiale en 1995, signés depuis 1997 sur le label fer de lance Warp Records, compositeurs de films d’animations japonais et avides de collaborations multimedia, Plaid connaissent un essor continu depuis leurs débuts, jouant à guichet fermé un peu partout dans le monde. Entrevue avec Andy lors de la dernière édition du festival Sophia Digital Art à Valbonne.
Comment partagez-vous les tâches quand vous composez ? Il y en a-t-il un en charge des mélodies et l’autre des rythmiques ?
Dans l’ensemble, nous écrivons tous les deux indépendamment et nous réunissons une fois que nous sommes heureux de nos démos. On s’en sort plutôt bien tous les deux avec les mélodies et les rythmes. Quand nous sommes passés à utiliser plus de logiciels et moins de machines, il est devenu plus difficile de travailler ensemble, vu qu’il y’en avait toujours un qui patientait à ne rien faire pendant que l’autre travaillait. Cet arrangement a bien fonctionné pour nous. Ed a déménagé de Londres il y a quelques années, nous sommes donc moins souvent dans le même espace physiquement mais pouvons toujours échanger nos idées électroniquement.
Et quand vous jouez live ?
Nous avons eu une grande variété de set-ups en concert et générons aussi de la vidéo pendant nos spectacles, il y a donc beaucoup à faire. Durant la dernière tournée, nous avons réparti de sorte à ce que je construise et mixe l’audio pendant que Ed s’occupe de la vidéo et joue des Mogees sur quelques morceaux.
Vous avez composé la bande originale des films d’animation japonais «Amer Béton (Tekkonkinkreet)» et «Heaven’s Door» de Michael Arias – Y a-t-il d’autres projets liés au cinéma sur lesquels vous travaillez ?
Nous sommes en pourparlers avec deux réalisateurs en ce moment et il est plus que probable que nous travaillerons sur leurs long-métrages cette année. L’un examine les mondes en ligne et hors-ligne et les vies que les gens mènent dans les deux. L’autre est une course psychédélique dans les rues de Londres qui jette aussi un œil sur la moralité moderne et le voyeurisme.
Vous avez composé de la musique pour des projets multimedia, notamment avec Bob Jaroc pour «Greedy Baby» ou Evan Boehm avec «The Carp And The Seagull» – y a-t-il plus de projets à venir dans ce secteur ?
Il n’y a pas de projets spécifiques pour le moment mais l’année dernière, nous avons travaillé sur un morceau de Boss Level pour le jeu Little Big Planet qui s’est très bien déroulé et nous espérons renouveler l’expérience avec Playstation à l’avenir. Nous aimerions aussi travailler avec Jono Brandel qui à développé l’app pour «Tether», issu de notre dernier album. Il y a beaucoup de pourparlers en ce qui concerne créer des bandes originales pour des espaces virtuels en ce moment dans lesquelles nous aimerions nous impliquer. C’est un domaine qui offre des possibilités intéressantes.
Comment diriez-vous que votre approche envers la composition ou peut-être la musique dans son ensemble a évolué au fil des années depuis l’époque de Black Dog jusqu’à «Reachy Prints» ?
On ne réfléchissait pas autant nos morceaux il y a 25 ans. Nous allions en studio, écrivions et masterisions un morceau en parfois une seule soirée. Maintenant, nous passons plus de temps à créer des sons et au montage, dû, en partie, aux changements dans la technologie, mais aussi parce que nous voulons produire une musique qui sonne plus raffinée.
Que diriez-vous est le secret pour une collaboration durable et fructueuse à travers le temps telle que celle que vous avez nourrie depuis 1989 ?
L’expression «La familiarité engendre le mépris» existe pour une bonne raison. Nous ne sommes pas toujours fourrés ensemble, nous avons des vies séparées et celles-ci nous aident à amener des influences diverses dans notre travail ensemble. Le secret, c’est l’espace !
Christopher Mathieu
plaid.co.ukhttp://mogees.co.uk/gallery_project/diana