PHOENIX

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Il est bien connu que le vin se bonifie avec le temps. Et ce temps a le même effet sur Phoenix. Comme le bon vin, Phoenix a appris à innover, se réinventer, s’adapter aux changements. Pour notre plus grand plaisir. Après seize ans de carrière, cinq albums, des tournées à travers le monde entier, les quatre garçons sont revenus avec leur cinquième opus « Bankrupt ».

 

Naissance

L’aventure Phoenix commence au collège. Thomas Mars et Deck D’Arcy pratiquent la musique ensemble, avant d’être rejoint par Christian Mazzalai. En 1991 ils créent un groupe. Le trio s’agrandit, Laurent Brancowitz se joint à eux en 1995, après avoir quitté le groupe Darlin. Groupe qu’il avait formé avec deux amis et qui deviendra par la suite… Daft Punk. Le quatuor est enfin formé et devient Phoenix en 1997. Thomas est au chant, Deck à la basse, Christian et Laurent à la guitare. Le début d’une longue histoire. La même année, les quatre garçons créent leur label, Ghetto Blaster. Ils sortent ainsi à 500 exemplaires un tout premier CD deux titres, « Party Time/City Lights » qu’ils autoproduisent, destiné à démarcher les maisons de disques. Ils commencent à travailler sur un album dans un appartement qu’ils partagent, avant de tout enregistrer en studio. L’année suivante, les Versaillais se font connaître en participant à la compilation « Source Rocks » du label Source, de Virgin, lequel va proposer à Phoenix de signer un contrat dans la foulée pour la mise en boîte d’un premier album.

Premier album

En 2000, Phoenix publie un premier album intitulé « United », mélange de rock, soul, funk et de musique électronique, le tout chanté entièrement en anglais. Le label Source tente de les convaincre de chanter en français, en vain, pas question pour le groupe d’utiliser sa langue maternelle, qu’il ne trouve pas assez adaptée à leur son résolument anglo-saxon. Les titres du CD sont diffusés avec succès sur les platines américaines, européennes et notamment anglaises. Et plus particulièrement le titre « If I Ever Been Never », qui leur permet une reconnaissance du grand public, qui voit en eux la facette rock de la French Touch.

« On veut court-circuiter notre cerveau »

Critiqué en France

En France l’accueil n’est pas le même. Beaucoup plus rudes, les critiques fusent et les Versaillais sont fustigés de toute part. « Gosses de riches », « musiques faciles », les réactions françaises sont dures. Libération les traitera même de « purs produits populaires du cool industrieux », « pop d’ameublement », « à prendre comme une simple récréation ». Choix d’une musique trop en décalage avec la musique du moment ? Image Versaillaise trop fils à papa ? Pour Cécile Communal, responsable de projet du Bureau Export de Londres, la première raison est simple : « Phoenix a pas mal souffert au début, de son image « Versailles ». Le groupe avait un côté un peu « hypster », ce qui a fait que les gens se sont arrêtés aux descriptions et aux images et ne sont pas allés écouter la musique. »

De succès en succès

Durant les années qui suivent, Phoenix écume les salles de concerts au cours d’une longue tournée. Puis se remettent au travail et pondent l’album « Alphabétical » le 30 mars 2004. Une touche de folk, de rn’b et de pop 70’s en plus et le groupe repart, quatre après son premier opus, à la conquête du monde. Et le succès ne se fait pas attendre. La réussite est totale… ou presque. Si Phoenix s’exporte bien , avec une reconnaissance mondiale aux États-Unis, Amérique du Sud, Japon, Royaume-Uni, Allemagne et dans les pays scandinaves, la France reste toujours peu réceptive à la bande de potes versaillaise. Les quatre garçons se produisent un peu partout dans le monde. En découle, le 08 novembre 2004 un premier album live du groupe, « Thirty Days Ago », enregistré en grande partie en concert à Oslo, qui sort dans 14 pays.

«Si nous savions exactement où nous allions, cela n’aurait pas été intéressant»

Rock n’roll

Le succès est grandissant et le groupe ne compte pas s’arrêter en si bonne route. Ils reprennent les chemins du studio à Berlin et enregistrent leur 3ème album « It’s Never Been Like That ». Plus intimiste, autobiographique et plus rock que le précédent, il marque un retour aux sources du groupe. Le style change mais la patte Phoenix est toujours reconnaissable. Ils rencontrent enfin le succès en France et un certain écho médiatique. Pour promouvoir cet album, Phoenix entame une longue tournée en Europe et aux Etats-Unis et qui se termine en France avec notamment le festival Rock en Seine.

Films, séries

La musique de Phoenix inspire. Certains réalisateurs ne tardent pas à les utiliser dans leurs films. Première en date, Sofia Coppola, en 1999. Elle collabore avec Thomas Mars, pour la chanson titre « Playground Love » de la bande originale de Virgin Suicides. De cette rencontre va naître une véritable histoire d’amour entre la réalisatrice et le musicien, qui va atteindre son apogée le 27 août 2011 avec leur union officielle. Le groupe va alors participer à toutes les réalisations de la fille de Francis Ford. Lost In Translation, Marie Antoinette, Somewhere, The Bling Ring. Mais ce n’est la seule. Les Frères Farrely utiliseront « Too Young » pour leur film L’Amour Extra Large. Puis on retrouve certaines de leurs musiques dans des films comme 15 ans et demi, Broken English ou bien plus récemment Insaisissables. Des morceaux du groupe sont souvent entendus aussi dans des séries télévisées telles que Entourage, New Port Beach, Grey’s Anatomy ou bien encore Les Experts : Miami.

Aventure américaine

2009, tout s’accélère. «Wolfgang Amadeus Phoenix », leur quatrième album, voit le jour et l’aventure américaine commence. En pleine promotion, ils sont invités sur plusieurs plateaux de télé américaine pour y jouer leurs morceaux. « Liztomania », « Too young » et « 1901 » sur le plateau du Saturday Night Live de NBC. Moment historique puisque, Phoenix est le premier groupe français à être reçu dans cette émission. Suivront ensuite des représentations au The Tonight Show, The Late Late Show with Craig Ferguson ou encore Late Show with David Letterman. Selon le journaliste américain Ryan Dombal interrogé par Le Monde, Phoenix est un groupe cool : « Ils écrivent des chansons accrocheuses, à la fois vivantes et intelligentes. Indéniablement, le fait d’être français les entoure d’une aura cool ». 2010, année de la consécration. Phoenix est récompensé d’un Grammy Awards dans la catégorie meilleur album alternatif de l’année. L’album se serait vendu à plus de 400 000 exemplaires en dehors des frontières françaises, dont 60% aux Etats-Unis. Une récompense amplement méritée, qui vient couronner tous les efforts mis en œuvre depuis de longues années. Lors de leur tournée américaine ils vont se produire dans des lieux mythiques tels que l’Hollywood Bowl à Los Angeles ou Central Park à New York. Ils deviennent le premier groupe français à jouer au Madison Square Garden à New York.

«Tout cela a été plus grand que ce que nous aurions pu imaginer, à l’origine nous n’étions même pas intéressés pour jouer ces grands concerts»

Bankrupt

Leur cinquième album est sorti cette année et a été mixé par Philippe Zdar (Cassius) avec qui ils ont déjà collaboré sur « United » et « Wolfgang Amadeus Phoenix ». « Bankrupt » est l’album d’un groupe, qui n’a cessé d’innover et de réinventer leurs propres sons, leur propre univers. Critiqué ou acclamé, ils ont réussi à s’imposer comme un des plus grands groupes de musique internationaux. Et les quatre garçons versaillais ne sont pas prêts de quitter la scène. Quoi qu’il puisse lui arriver, le Phoenix renaitra toujours de ses cendres.

 

Jérémie Bac

Le 12/13 au Dome – Marseille (13)

www.wearephoenix.com

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