OXMO PUCCINO

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« Poémien » du rap français, Oxmo Puccino traîne plume et flow depuis plus de 20 ans. De productions solos maîtrisées en collaborations inspirées, il n’a de cesse de promouvoir un rap ouvert et mélodique, tenu par une écriture aiguisée. Alors qu’il tourne bientôt la page de « La Voix Lactée », en état de grâce, il mûrit déjà une pléiade de projets, toujours en recherche du verbe beau.

 

Ta tournée s’achève bientôt, quelle saveur, quels souvenirs en conserveras-tu ?

Ce qu’il me restera c’est la sérénité. J’ai conçu « La Voix Lactée », mon dernier album, comme une alternative au contexte dans lequel nous vivons. Et les gens l’ont très vite compris. Ils sont venus aux concerts avec une démarche d’apaisement, avec le désir de vivre l’instant présent. Certains ne me connaissaient pas, d’autres, mes « flowers », me suivaient depuis longtemps, venaient même avec leurs enfants, les gens se mélangeaient, sans a priori. J’ai beaucoup entendu le discours suivant : « D’habitude on n’écoute pas ce genre de musique, mais vous, oui ». Et ça me fait énormément plaisir. A cause des a priori on manque beaucoup d’événements essentiels à notre bien être. C’est dommage, nous sommes les propres frontières de notre imagination.

 

Justement avec ton public tu appliques la devise suivante : « Quand on aime il faut savoir dire merci ». Ils ont un surnom, tes « flowers », une appli dédiée « Le cercle ». Pourquoi ce rapport si particulier ?

Parce que les artistes doivent leur existence aux personnes qui les soutiennent, tout simplement. Et puis c’est une question d’éducation. Je ne me fais pas à la notoriété, ça va à l’encontre de ma personnalité, mais je fais avec. Et quand tout ce public vient avec sa force, avec son envie d’aller plus loin dans la recherche du bien être, qu’il rencontre mon propre désir, ça crée une atmosphère très particulière. De celles dont on se souviendra toute sa vie. Je me permets de le dire parce que ma sensibilité et mon expérience me donnent la prétention de pouvoir capter le moment présent plus que d’autres.

 

Dans le livre « Au Fil du Chant » tu évoques une date à part dans ton parcours : le 13 novembre 2015, jour des attentats au Bataclan et jour de la sortie de ton album. Peux-tu revenir sur l’ambivalence des sentiments et l’urgence de la scène, ressenties à ce moment-là ?

Il y avait un besoin de deuil mais aussi de réunion, de recueillement ; un désir de paix et de musicalité. Et quand les gens font la démarche de sortir pour survivre, forcément c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est pour ça que je relève l’importance de chaque rendez-vous. Vraiment. Quand je dis « c’est pas moi mais l’ambiance que vous applaudissez », c’est que mon nom n’est qu’un prétexte sur l’affiche. Ceux qui sont réunis dans la salle dans laquelle je joue, le sont par un désir de survivre au-delà de ce qui leur est offert. Tout nous distance de notre corps et de l’autre, tout. Et la scène est le dernier retranchement où l’on peut avoir un contact humain et artistique.

 

Après cette tournée tu vas plutôt être en mode « Slow Life » comme le titre d’une de tes chansons, ou fourmillant de projets ?

A partir du moment où je ne vis pas dans un tour bus, je suis en mode slow life ! Ça va me donner du temps et de la disponibilité pour écrire, car pour l’instant la production d’un nouveau projet solo est totalement exclue. Je vais pouvoir finir mon scénario, écrire beaucoup de chansons pour des interprètes, participer à des concerts avec des amis, faire des petites tournées en formule légère. J’écris tous le jours depuis une vingtaine d’années et j’ai beaucoup de choses en chantier : un livre de nouvelles, un livre pour enfants, un roman et un nouveau projet d’écriture qui supplante tous les autres mais dont je cherche encore la forme ; je suis en train de remplir le fond… J’ai toujours envie de rimes riches, mais de moins de mots. Bientôt je vais frapper avec de toutes petites phrases…

 

Une toute petite phrase et une rime riche pour 2017 en forme de vœux?

2017, Dites fête !

Anaïs Ledoux

Le 10/12/16 à la Salle Guy Obino – Vitrolles (13).

www.oxmo.net

 

#NVmagZoom

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