Qui peut bien se cacher derrière un nom aussi passe-partout, aussi banal ? Impossible de coller sur cet artiste (ou ce groupe on ne sait pas en fin de compte) une quelconque étiquette de genre : est-ce du hip-hop ? De l’électro ? Du rock ? Un peu de tout cela bien sûr car les influences qui ont menées Ted L’Afro, instigateur de projet, jusqu’ici sont plurielles et universelles.
Revenons un instant sur le CV de Ted L’Afro : il publie en juin 2008 un premier album intitulé « Pour mieux être écouté » qui contenait tout de même, entre autres, un featuring avec 20Syl (Hocus Pocus/C2C). Un album de rap dans lequel Ted parlait de son parcours scolaire chaotique ou témoignait de la souffrance impliquée par l’absence d’un père. Un album bien construit, aux sonorités que tous les amateurs de hip-hop auront su apprécier à leur juste valeur. Puis en mars 2012, premier changement de direction avec la sortie d’un EP mystérieusement intitulé « Violence des échanges en milieu tempéré », qui est également le titre d’un film de 2004, réalisé par Jean-Marc Moutout, qui aborde la dualité de l’homme face à ses prérogatives professionnelles et personnelles. Un EP, qui était annoncé comme étant le premier volet d’une série. Un premier clip avait même été réalisé pour le morceau aux accents rock n’ roll « Chica » avec l’excellent rappeur français Greg Frite (ex Black Boul’ de Triptik).
Cependant La carrière de Ted L’Afro, artiste originaire de Clermont-Ferrand et animateur social en milieu carcéral et auprès des seniors, a pris une nouvelle direction avec le développement d’un autre projet (le terme de concept pourrait même être utilisé) celui de Monsieur Martin. Qui est-donc ce Monsieur Martin, au patronyme peu révélateur ? Eh bien, Monsieur Martin c’est lui, c’est vous, c’est eux, c’est chacun de nous en fait. C’est un miroir qui renvoie la froideur et à la cruauté qui peuvent cohabiter en chacune des individualités que nous croisons au quotidien qui, d’une vie sans heurt, basculent dans la folie, la peur et l’angoisse. Un premier titre « Course poursuite », enraciné dans des sons électro agressifs qui s’accordent bien avec le flow glacial adopté pour mieux situer Monsieur Martin dans son univers dérangeant. Ce morceau narre effectivement le (premier ?) passage à l’acte criminel du personnage principal. Un autre titre est également en écoute, il s’agit de « Immobile ». Deux titres qui déjà opposent les émotions contraires que peut ressentir Monsieur Martin.
« Déranger » c’est évidemment le maître mot de ce projet, mais qui se voudra aussi original puisque dans son intégralité, l’album va couvrir une vie, celle de Monsieur Martin bien sûr, où chaque chanson sera un épisode de cette vie, de sa banalité rassurante à l’explosion de son animalité incontrôlable. Déjà le clip de « Course poursuite » nous plonge (la tête sous l’eau) dans cette ambiance particulière. On peut d’ores et déjà affirmer sans crainte (et avec espoir sur la qualité finale) qu’il y aura mélange des genres puisque Ted L’Afro, artiste hip-hop grand amateur de sonorités électro et de guitares rock bien épaisses, saura mélanger ces influences puis les distiller dans chacun de ses morceaux pour accompagner ses textes sur la description de la descente aux enfers sans retour de Monsieur Martin.
Le projet Monsieur Martin connaît une ascension et une reconnaissance croissantes depuis quelques temps. En effet, après un premier concert à la salle Les 3 Baudets à Paris en juin dernier puis une participation aux pré-sélections de l’édition 2013 des Francofolies, Monsieur Martin a fait la première partie d’IAM en décembre dernier à la Coopérative de Mai lors de la 14ème édition du festival Hippocampus. La volonté de Monsieur Martin quant à son projet est de réaliser quelque chose qui n’a jamais été fait dans le monde du hip-hop : une B.O rappée sur la vie d’un personnage fictif.