MARCUS MILLER

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Le bassiste et musicien de jazz américain, Marcus Miller a été nommé par la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, artiste de l’UNESCO pour la Paix. Au cours de cette année, il apportera son soutien au projet intitulé « la route de l’esclave » qui fête ses dix ans d’existence.

 

« Il y avait une porte et au-delà de la porte, la mer… Ils ont amené les captifs pour les embarquer sur des bateaux en direction du nouveau monde ». Dans sa voix, il n’y a pas l’ombre d’un ressentiment, tout juste une émotion forte qu’il a éprouvé lors de la visite de la Maison des Esclaves sur l’île de Gorée.

Cela se passait en 2010, lors d’une tournée africaine, le bassiste Marcus Miller s’octroie une journée pour visiter ce lieu chargé de mémoire et de souffrances, le choc est rude, imaginer ses ancêtres ravalés au rang de troupeau humain considéré comme un cheptel laborieux, reste parmi les blessures indélébiles.

Pourtant, pour ne pas se laisser envahir par les limbes de tristesse, il décide de transformer ce moment douloureux. Un album qu’il choisit d’intituler « Renaissance » voit le jour quelques années plus tard. « Renaissance » et non pas « Rebirth » (renaissance en anglais). Le choix du terme est mûrement pensé : « j’ai voulu transformer cette expérience traumatisante en quelque chose de positif, certes en franchissant la porte de non retour ces femmes et ces hommes ont vu la fin de leur histoire africaine, mais le début de leur histoire en Amérique. D’où le terme de « Renaissance ».

Même si la Renaissance en Europe se traduit par la redécouverte des antiquités grecques et latines, Marcus Miller lui confère le sens de « passage » voire de « transmutation » : « mourir à une culture pour renaître à une autre » souligne-t-il, quelque chose d’inédit dans l’histoire de l’humanité, mais dont il reste la fierté immense d’appartenir à un continent qui a apporté sa pierre à l’édifice culturel américain et mondial.

 

Ambassadeur de la paix pour un homme de coeur

 

Ainsi le 4 juillet 2013 dans les salons de l’hôtel de Talleyrand à Paris, Marcus Miller s’est vu remettre par la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova : la distinction de l’artiste de L’Unesco pour la Paix et ce, pour son engagement et sa carrière.

De fait c’est l’album « Tutu » sorti en 1986, qu’il compose, produit et arrange à la demande de Miles Davis qui modifie le cours de sa carrière car « Tutu », inspiré par le combat de l’archevêque et prix Nobel, Desmond Tutu, contre l’apartheid, permet à Marcus Miller de s’affirmer comme artiste à part entière et marque aussi son engagement en faveur des droits de l’homme. Il n’aura d’ailleurs de cesse d’appliquer les principes de son mentor : tendre la main aux autres y compris en favorisant l’éclosion de nouveaux talents. Dès lors il guidera leurs premiers pas musicaux en leur proposant de réinterpréter des standards.

C’est ainsi que « Tutu Revisited » voit le jour lors d’une captation à Lyon en 2009, qu’il rejoue notamment lors de sa tournée dans le continent africain et au Sénégal à l’île de Gorée d’où jaillit l’idée de l’album « Renaissance ». Un album qui révèle aussi l’engagement de l’artiste, en faveur des plus démunis : « le monde traverse une crise, quand j’ai composé « Renaissance » j’ai pensé à tous ceux qui sont en pleine détresse, morale et financière, y compris parmi mes amis » et son morceau « Detroit » rappelle qu’autrefois la ville économiquement prospère est désormais en pleine faillite.

 

Il associe sa voix au projet : « La route de l’esclave »

 

Marcus Miller a choisi de s’associer au projet : « La Route de l’esclave » qui a été instaurée en 1994. « Je vis cette nomination comme un honneur une opportunité d’utiliser la musique, langage universel pour raconter l’histoire de l’esclavage», souligne-t-il car son objectif est encore et toujours d’aller à la rencontre des peuples avec la musique, de montrer à des jeunes africains de quelle manière la musique peut améliorer leur quotidien».

Et il avoue être séduit par une l’idée, prendre part à une journée consacrée à l’écrivain James Baldwin qui à mis sa littérature au service des droits de l’homme et des droits civiques des noirs américains. Car les deux hommes ont un point commun : l’un comme l’autre ont su toucher à travers leur art et la force de leurs convictions les cœurs et les esprits des hommes et des femmes du monde entier.

 

Lea Raso

www.marcusmiller.com

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