LEE FIELDS

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Si, à l’instar de Sharon Jones, Lee Fields fait partie des artistes ayant contribué à cet engouement autour de la soul à l’ancienne, on peut difficilement le qualifier de « revivaliste ». Lui qui, aujourd’hui sexagénaire, chante depuis ses dix-sept ans, a côtoyé James Brown et assisté à toutes les évolutions et mutations de cette musique. Quitte à prendre la tangente pendant les années disco. Le soulman américain revient sur sa longue carrière et nous parle de son nouvel album « Emma Jean ».

 

Pourriez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre carrière ?

J’ai enregistré mon premier disque en 1969, « Bewildered », chez Bedford Records. Dans les années 70, j’ai fait paraître « Let’s Talk It Over », « Funky Screw », « The Bull Is Coming », et le LP « Let’s Talk It Over ». Dans les années 80, j’ai été un père et un mari dévoué mais j’ai aussi enregistré quelques disques dont un qui s’est classé au Billboard, « Shake It Lady Shake It ». J’ai eu la chance en 1992 de faire un gros hit blues intitulé « Meet Me Tonight » qui m’a permis de me remettre à nouveau sur la route, et depuis je n’ai jamais arrêté. En 1995, j’ai fait la rencontre de Philip Lehman et Gabriel Roth, qui étaient les fondateurs de Desco Records, et un LP, « Problems », a été enregistré.

 

Pourquoi avez-vous si peu enregistré dans les années 80 ?

J’ai fait quelques enregistrements mais pas de manière constante. A cette époque, j’avais de difficiles choix et décisions à prendre. Le goût du public en matière de musique était passé de la soul à de la musique plus orientée dance. Soit je continuais la musique, ce qui aurait signifié avoir très peu de temps pour ma famille, soit je décidais d’être un père pour mes enfants, ce qui était une chose très précieuse à mes yeux. J’ai choisi la deuxième option sans aucun regret. Donc j’ai fait de l’immobilier pour subvenir aux besoins de ma famille. Car quand tu as une famille, tu te dois d’être un homme.

 

Pourquoi avez-vous intitulé votre nouvel album du nom de votre mère, « Emma Jean » ?

Du fait qu’elle n’est plus là, je me suis dit que les chansons étaient ce qu’il y avait de plus proche de l’esprit. Tu ne peux pas voir ou toucher une chanson, c’est intangible comme l’esprit. Et puis baptiser mon album d’après son nom, c’était comme lui offrir un bouquet de roses. Sauf qu’à la place de roses, je lui offre un bouquet de chansons.

 

D’où vous est venue l’idée de reprendre « Out In The Woods » de Leon Russell et « Magnolia » de J.J. Cale ?

J’aime ces deux mecs. « Out In The Woods » de Leon Russell me rappelle la période où je suis arrivé à New York à l’âge de dix-sept ans. J’ai rencontré un tas de gens, j’ai vu un tas de choses et je me suis dit : tu es un sacré veinard. Mais quand je repense à tout ça, rétrospectivement, je me dis que j’ai été totalement naïf. Quant à J.J. Cale, c’était l’un des plus grands auteurs-compositeurs de son époque. Ayant grandi dans le sud des Etats-Unis, en Caroline du Nord, j’ai beaucoup écouté de musique country & western. Non pas que « Magnolia » soit une chanson country mais elle a ce genre de son typique de Nashville.

 

Vous êtes souvent comparé à James Brown. Comment le vivez-vous ?

A mes débuts, il y a eu beaucoup de comparaisons mais maintenant, c’est très différent. Aujourd’hui, mes fans m’aiment pour ce que j’ai fait, pour mes albums et mes concerts. Mais bien sûr, c’est un compliment d’être comparé à quelqu’un de si brillant, émotionnel et profond que James Brown. Ne serait-ce qu’être mentionné dans la même phrase que James Brown est un honneur.

 

L’avez-vous déjà rencontré ?

Oui, en 1973. Nous nous sommes rencontrés à une émission de radio. C’était un homme merveilleux, j’étais sidéré.

 

Mathieu Presseq

Le 06/11 au Paloma – Nîmes (30), le 07/11 à l’Espace Malraux – Six-Fours-les-Plages (83), le 08/11 au Conservatoire National à Rayonnement Régional – Nice (06).

www.leefieldsandtheexpressions.com

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