LANA DEL REY

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Sur des clichés de son nouvel album, Lana Del Rey apparaît simplement, cheveux détachés, T-shirt blanc, sans fioritures. Sur la photo en noir et blanc, une belle femme de 27 ans au regard désabusé. Mais qui se cache derrière cette beauté faite pour les papiers glacés ? Nous ne savons pas grand chose sur la chanteuse. Elle semble à des kilomètres d’une Rihanna ou d’une Miley Cyrus qui dévoilent tout sur les réseaux sociaux. Face aux rumeurs les plus folles, l’interprète de « Born To Die », telle une poupée, se tait, fait la moue et laisse les journalistes combler ses silences. Alors, Lana Del Rey, simple créature figée ou artiste torturée ?

 

De Lizzy à Lana

Elizabeth Grant, catholique, est née à New York, élevée à Lake Placid, 3000 habitants au compteur. Rien ne la prédestine à devenir une des personnes les plus influentes de sa génération. Ses parents sont traditionalistes et hippies dans l’âme. Sa mère chante dans les chorales de son église. C’est là que la jeune Lizzy apprendra à chanter. Déjà, sa famille lui trouve un goût pour la métamorphose. Ils la surnomment la fille caméléon. La comparent à l’océan, toujours indécis et changeant. Attirée par son coté sombre, Lana peine à se trouver. Elle lit Nabokov, Sartre et Camus, se passionne pour la philosophie. A 14 ans, la jeune fille sombre dans l’alcoolisme. Une seule chose va la tirer de cet enfer : la musique. Les années de galère dureront 7 ans. En 2008, elle enregistre un album sous le nom de Lizzy Grant. Elle crée un personnage portant une image si marquée qu’elle ne fait pas l’unanimité. Les producteurs lui demandent de changer de style, elle va le refuser catégoriquement. Elle ne changera qu’une seule chose : son nom. De Lizzy Grant, elle deviendra Lana Del Rey, nom qu’elle a emprunté à Lana Turner et la Chevrolet Delray. Deux emblèmes du glamour hollywoodien des années 50 qu’elle affectionne tant.

 

« Je voulais un nom sur lequel je pouvais créer une musique. Lana Del Rey m’a rappelé le glamour des plages de Miami. Ça sonnait magnifiquement bien sur le bout de la langue. »

 

En 2011, elle propose à sa maison de disques les titres qui paraîtront dans l’album « Born to Die ». Les producteurs décident de lancer « Video Games » en tant que single. Et alors que fleurit sur le paysage musical la musique danse de Lady Gaga, la pop acidulée de Katy Perry, paraît le clip de « Video Games », monté par l’artiste elle même. Avec sa moue boudeuse, sa bouche ultra pulpeuse et ses mises en scène digne d’un David Lynch, Lana Del Rey détonne. Avant la fin de l’année, il dépassera les 15 millions de vue sur YouTube.

 

Poupée décalée

Les Américains ne sont pas tendres avec elle. Parce qu’elle ne ressemble à aucune des artistes féminines de l’époque, les journalistes lui inventent une vie bourgeoise. Lana Del Rey s’est faite en un titre. Elle est belle et ne s’intéresse ni aux défilés, ni aux traditionnels galas du MET. L’artiste est juste assez singulière pour être originale sans pour autant être marginale. Vient le Saturday Night Live. Les médias bondissent sur l’occasion pour la descendre en flammes, jugeant la prestation de Lana comme une des pires de l’histoire du show. Alors qu’elle va faire la promotion de l’album « Born to die », la jeune femme envisage même de tout arrêter.

 

« Je n’ai rien à foutre de ce à quoi je ressemble. Dire que j’avais des millions de dollars est fou. Nous n’avons jamais eu d’argent. Je me sens comme une personne qui a grandi en lisant et en étant inspiré par d’autres personnes, pour être transformée en l’antithèse de ce que j’avais prévu. »

 

Fille sensible? Pas tout à fait. Elle dira en 2012 au Vogue australien qu’elle n’est pas à l’aise avec la scène. « Quand je monte sur scène, je ne suis pas dans mon élément. Parfois je m’agenouille parce que je tremble ou je touche le public parce que je ne sais pas quoi faire d’autre ». Lana retrouvera les chemins des studios. Sans musique, elle ne sait pas quoi faire de ses journées.

 

Chanteuse cinéphile

« Paradise », plus imagé encore que son prédécesseur connaitra un fort succès… et de violentes critiques. La chanteuse se tourne vers le cinéma. A ce moment là, Baz Lurhmann tourne « Gatsby Le Magnifique ». Paillettes, luxe omniprésent des années folles, tout rappelle l’univers de Lana. Il lui demande d’écrire une réplique pour le personnage de Daisy. Elle entonne un couplet de ce qui sera connu comme « Young And Beautiful ». Avant même la sortie du film, sa bande originale cartonne. Puis, passionnée par « Le Parrain » ou « American Beauty », elle tourne dans « Tropico », un court métrage qui la met en scène dans un décor biblique. Dans la vidéo de 30 minutes, Lana y distille toutes ses influences. Parmi lesquelles Elvis et Marylin, dans une ambiance érotique, glauque et mélancolique que défend l’interprète depuis ses débuts. Trop singulier, « Tropico » ne rencontre pas le succès prévu. Elle tourne alors le clip de « Young And Beautiful ». Avec plus de 85 millions de vues sur YouTube, la vidéo est son troisième plus gros succès, juste derrière « Blue Jeans » et « Born To Die ». L’interprète de « Video Games » joue les divas, face à des miroirs, deux larmes en pierres précieuses au coin de l’œil. Comme si elle voulait en permanence sublimer sa douleur.

 

Artiste obsessionnelle

Pour Lana Del Rey, créer est un moyen de mettre des mots sur ses souffrances. Sa principale source d’inspiration ? Un homme qu’elle a aimé et perdu. Mais aussi les affres de la célébrité. Fascinée par ces artistes qui ont passé leur vie sur le fil du rasoir, sa playlist se compose de titres cultes. Elle écoute en boucle Chris Isaak et Bruce Springsteen en passant par Nirvana et Elvis Presley. Son titre préféré ? « Edge Of Reality », en marge de la réalité. Lana relit en continu les biographies de ses idoles et s’imprègne de leur vie.

 

« Je pense qu’il est juste de parler d’obsession. Je vis de mes obsessions et ma musique vient de là. »

 

Pour créer ses musiques, Lana utilise Garage Band. Elle enregistre seule en laissant la place aux harmonies. Son arrangeur, Daniel Heath, a déjà toutes les cartes en main pour créer la musique. Le « corps » de la musique est déjà là. Impressionnant pour une jeune femme qui a tout appris en autodidacte.

 

Involontaire provocatrice

3 ans après ses débuts, la jeune femme ne cesse de marquer les esprits. En déclarant « Ma chatte a le goût du Pepsi » dans « Cola », Lana Del Rey s’attire les foudres des puritains, tout en faisant une publicité inespérée pour la marque de soda. Son dernier album, « Ultraviolence », paru le 16 juin, ne fait pas exception, en particulier pour sa chanson titre. Les féministes ont grincé des dents en l’entendant chanter « Il me frappait et ça avait le goût d’un baiser ». Et Lana ne fait rien pour arranger la situation. Mieux, elle déclarera n’être pas intéressée par le féminisme, préférant de loin les femmes qui se sentent assez libres pour faire ce qu’elles veulent. Une chose est sûre, Lana Del Rey n’a pas fini d’étonner.

 

Julie Scarone

Le 04/07 au Sporting Monte Carlo – Monaco (98)

www.lanadelrey.com

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