KERY JAMES

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Kery James est un rappeur reconnu depuis 20 ans. Interprète et auteur engagé, il est témoin de la banlieue et nous donne la possibilité de voir ce qu’elle a à offrir. Sans se laisser fourvoyer par les médias, il essaye de lui donner une image autre que sans avenir et sans talents. C’est ce qu’il fait avec sa tournée « ACES », dans chaque ville où il se produit, une partie de son cachet sera distribué à un étudiant en difficulté financière, pour qu’il puisse continuer ses études. Et montrer que même s’il vient de la banlieue il peut être talentueux et parvenir à ses rêves. Kery James est un homme de talent, qui voit en ces jeunes la possibilité de changer les choses. 



Cette année est un peu une nouvelle aventure artistique pour vous, entre votre pièce « A vif » et cette tournée solidaire. Quel est votre objectif ?
J’ai toujours cette pièce qui tourne et qui fonctionne très bien. La tournée ACES dure jusqu’en avril, elle me permet de financer des bourses d’études supérieur. Puis principalement même si ça ne se voit pas énormément, j’écris beaucoup pour le cinéma. Voilà mes objectifs principaux.

 

Quel est votre objectif en organisant des concerts solidaires ?
C’est une tournée qui a une quinzaine de dates, pour chaque date je reverse une part de mon cachet pour un jeune dans la ville dans laquelle je me produis. Pour l’aider à financer ses études supérieures. Pour chaque ville le montant est de 6000 euros on partage à trois entre Franck Ribéry, Evan Fournier et moi-même.

C’était normal pour vous de faire une tournée en continuité avec votre association ?
Oui c’est la deuxième tournée que j’effectue, j’en avais fait une vers 2014-2015. Ou cette fois-ci Omar Sy et Florent Malouda (footballeur) étaient de la partie.

Pourquoi avoir fait ce spectacle en acoustique ? C’est une manière de mettre vos textes en avant ?
Exactement, pour que les gens soient interpellés par les mots. Parce que on passe souvent à côtés de certains textes, quand c’est « du rap traditionnelle » où l’instru prend beaucoup de place on en oublie la puissance des mots. Et là le fait de jouer avec un clavier et un percussionniste les gens redécouvre mes textes pour ceux qu’ils les connaissent.

Comment avez-vous choisi les artistes qui partagent la scène avec vous ?
Il y a deux musiciens qui sont tout le temps avec moi. Ce sont des musiciens avec qui j’ai travaillé sur la première tournée. Le clavier c’est Nicolas Saisi qui est aussi un artiste, un mentor, un interprète. Ça fait un petit moment que je travaille avec Nicolas, c’est mon claviériste préféré. Il y a une sorte de symbiose quand il m’accompagne ça fonctionne très bien. Peut-être que c’est dû au fait que lui aussi est un interprète, qui chante, qui rap aussi. Et le percussionniste c’est Pierre Caillaud.

Est-ce que vous êtes arrivée à un moment de votre carrière où faire de la musique n’est plus la priorité. Mais justement se servir de cette musique comme média et peut être créer un réveil citoyen ?
Je pense que c’est là où je suis le plus efficace, le plus écouté. Si j’avais eu la même démarche totalement politicienne je pense que j’aurai eu beaucoup moins d’impact. Je vais toujours rajouter dans l’artistique, par forcement dans la musique, mais je vais de plus en plus vers le cinéma et le théâtre.

Dans vos débuts est-ce que vous vous doutez que votre carrière allez prendre une tournure politique ? Que vous allez être une sorte de leader d’opinion ?
Non je ne pouvais pas savoir que j’allais devenir un leader d’opinion, si j’en suis devenu un. En tout cas dès le départ j’ai fait de la musique pour dire des choses. Un de mes premiers textes se nommait « Halte au racisme » le second « Je ne veux pas aller au service militaire ». Depuis que j’ai 14 ans, être engagé est une démarche naturelle, c’est comme ça que j’ai découvert le rap. Et j’ai toujours cru que le rap était là pour dire des choses.

Peut-on dire que le fait que vous n’avez pas fait d’études est une motivation pour aider les autres à en faire ?
Oui le fait que je n’ai pas fait les études que je souhaitais ça à jouer mais c’est vraiment aussi parce que je suis persuadé que les études est le moyen le plus sûr pour changer de classes sociales. Et pour que les gens qui ont une situation économique précaire peuvent prendre leur place dans la société.

La culture vous a-t-elle sauvée ?
Oui bien sûr si je n’avais pas eu la musique j’aurais très mal tourné. Et même avec la musique j’étais à deux doigts. Mais là où d’autre n’avait rien, pas autre chose que la rue, moi j’avais quand même un recule et j’avais un rêve auquel m’accrocher. Cela m’a permis de ne pas sombrer totalement.

Vous enchainez pièce de théâtre (“A vif”), tourné et livre (“Banlieusard et fier de l’être”) mais vous n’avez jamais eu l’envie d’être journaliste, de créer votre média ?
Oui bien sûr d’ailleurs j’ai commencé un site d’informations qui s’appelle LeBanlieusard.fr. Il n’a pas totalement démarré à cause des financements, c’est assez compliqué. Mais oui il y a deux métiers qui m’intéressait quand j’étais jeune. C’était avocat et journaliste, c’est pour ça d’ailleurs que je suis assez ouvert et critique envers les journalistes parce que c’est un métier que j’aurai voulus exercer.


Amélia Lefebvre

 

Les 20 et 21/03/18 dans le cadre du Festival avec le Temps au Théâtre du Merlan – Marseille (13) et le 07/05/18 au Théâtre de Grasse (06).

www.keryjamesofficiel.com

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