JULIANA HATFIELD

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#NVmagZoom

« J’étais juste déterminée que personne n’allait me rabaisser et que si je voulais que mes chansons sortent, je trouverais un moyen. Bon sang, personne n’allait m’arrêter ! »

Égérie du rock indé US du début des 90’s, Juliana Hatfield célèbre ses 30 ans de carrière ainsi que la sortie de son nouvel album, « Pussycat ». Éternelle indépendante, elle collabore avec ses amis et ses idoles, de Nada Surf aux Replacements, contribuant même à révéler Jeff Buckley au grand public en lui offrant la première partie de sa tournée en 1995. Entre aléas de l’industrie musicale, écueils de la gloire, remises en questions artistiques et prises de pouvoir sur soi, le parcours d’une rebelle sincère et intègre sur trois décennies. Passion, détermination et discipline.

Quel âge avais-tu quand tu as commencé à composer et arrives-tu à analyser ce qui t’a poussé à t’exprimer de cette manière ?

Ma mère m’a dit qu’enfant, je chantais sur ce que je voyais depuis la fenêtre de la banquette arrière de la voiture. Je chantais toujours à propos de ma vie, ça me semblait juste naturel. Et j’ai sciemment composé ma première chanson à 9 ans. Je n’arrive pas à expliquer pourquoi je me sens obligée de faire ça, c’est comme une sorte de compulsion. Je suis amoureuse de la mélodie. Je ne suis pas la meilleure personne pour verbaliser mes pensées et mes sentiments, il est plus simple pour moi de les arranger sous forme musicale que d’une quelconque autre manière.

Après 3 albums avec les Blake Babies (dont tu étais la compositrice principale) et un avec les Lemonheads, tu as commencé ta carrière solo à 24 ans. Tu avais du mal avec la vie de groupe ?

Je pense que oui. Après quelques années dans les Blake Babies, j’ai commencé à me sentir limitée. Je voulais expérimenter avec des choses que je ne pense pas que j’aurais pu faire avec eux. Quand aux Lemonheads, ils avaient besoin d’une bassiste mais je n’en ai jamais été un membre officiel, je les dépannais seulement.

Tu as commencé à gagner en notoriété aux USA, surtout avec les singles « My Sister », « Spin The Bottle » et « Universal Heart-Beat ». Quels souvenirs gardes-tu de ce qui a été ta période la plus médiatisée ? Est-ce que ça a été difficile à gérer pour toi ?

D’une certaine manière, ça l’a été parce que ça m’a pris par surprise, et entre les commentaires qu’on me faisait et les questions qu’on me posait, je n’étais pas préparée à bien y répondre. Je pense que personne ne sait vraiment comment gérer ça quand ça arrive et je ne m’en suis pas très bien sortie. J’y étais très inconfortable. Je voulais juste que mon travail soit respecté mais j’ai surtout obtenu tout types d’autres attentions que je ne souhaitais pas. Mais je ne m’en plains pas, car sous d’autres aspects, c’était super. C’est génial d’entendre sa propre chanson à la radio, de savoir que des gens écoutent ma musique de partout. C’est tout ce que je voulais en fait.

Ta visibilité en Europe a été beaucoup plus discrète après 1995 et surtout en France. Jusqu’à Minor Alps en 2013, en fait (duo en collaboration avec Matthew Caws de Nada Surf).

Oui, je n’y suis pas allé parce que je sentais que je n’avais pas beaucoup d’auditoire en France mais j’ai toujours aimé y aller. J’ai juste arrêté mais je ne sais pas pourquoi. C’est de la faute des bookers !

En 1996, tu as enregistré l’album « God’s Foot » mais Atlantic a refusé de le sortir. Que s’est-il passé ?

C’est compliqué, mais à la fois, c’est typique. Ils ne pensaient pas qu’il y avait un single diffusable et ils me demandaient sans cesse de retourner écrire et de continuer à enregistrer, et après un moment, ça en devenait ridicule. S’ils n’aiment pas, qu’ils me laissent partir ! Aussi, la direction avait changé. Le premier président me soutenait complètement mais je n’étais plus une priorité avec le nouveau. Ça a dégringolé à partir de là.

Mais il y avait des singles potentiels !

Je le pense aussi ! C’est juste qu’ils ne savaient plus quoi faire de moi et puis ils venaient de signer Jewel. Elle était bien plus commercialisable que moi, accessible, attirante, plus souriante, et ils ont dû me trouver trop morne… qui sait ? Pour moi, c’est le destin ! Je suis très fataliste. Mais ça allait, je suis juste retournée aux labels indépendants après ça.

Pourtant cet album est enregistré, il n’y a pas de date butoir pour que tu puisses le récupérer ?

Non, ils le possèdent toujours et peut-être qu’un jour, quelqu’un là-bas décidera de lâcher prise mais pour le moment ils le gardent toujours en otage depuis toutes ces années pour bien plus d’argent que je ne peux payer. Ils auraient pu le sortir. C’est toujours aussi frustrant ! Si j’en récupérais les droits, clairement, je le sortirais parce que je pense qu’il y a des gens qui seraient heureux d’en avoir une version officielle.

Comment as-tu fait pour récupérer les deux morceaux de cet album qui ont fini sur ta compilation Gold Stars en 2004 ?

On a dû payer la licence de mes propres morceaux pour un certain montant… c’est comme ça que ça marche…

C’est dingue ! J’imagine que c’est une épreuve qui a dû briser ta confiance envers les majors ?

Ce n’était pas complètement une major mais j’ai eu des problèmes avec les labels indépendants aussi. C’est surtout un problème d’industrie qui arrive à beaucoup de gens. Ils te donnent une avance pour réaliser un album puis décident de ne pas le sortir. Parfois, ça se passe comme ça. C’est frustrant. Ils auraient pu le sortir sans promotion et récupérer au moins une partie de leur argent mais ils préfèrent le garder et ne rien récupérer. Ça n’a aucun sens.

Puis en 1997, tu as sorti la chanson « Sellout » sur le EP « Please Do Not Disturb » qui me semble être le point de départ de tes chansons les plus brutes et directes tandis qu’avant ça, il y avait plus de surprises, de changements de signature de temps, d’accords et arpèges imprévus, et tu sembles avoir graduellement évolué dans un type de composition plus traditionnel folk-rock, punk-rock avec accords simples et signatures en 4/4. Je me demandais s’il y a une raison derrière ça ou si c’est même conscient ?

Oui, je suppose qu’au début, j’essayais de repousser les limites de la chanson pop en y incorporant des changements de temps et des imprévus, puis j’ai enregistré « Only Everything » [en 1995], qui était plus lourd avec grosses guitares et distorsions. J’ai toujours voulu me jouer du standard pop. Parce que mes instincts sont très pop et mélodiques et ma voix pas autant donc j’ai toujours essayé de bien placer ma voix en ajoutant des choses plus tendues et bizarres. Mais je pense que tu as raison ! À partir de « Beautiful Creature » [en 2000], je suis retournée à une composition plus traditionnelle… peut-être que je n’en avais plus l’énergie… mais j’ai décidé d’arrêter de faire des morceaux bizarres parce que je le suis déjà et je n’avais pas besoin de le prouver.

Tu sembles chercher à tout simplifier.

Rien de tout ça n’est vraiment conscient. J’ai juste toujours voulu faire quelque chose de plus punk. Tout ce qui était mélodique et joli, il fallait que je le bousille. J’ai besoin d’y jeter un truc qui salisse la pureté de la pop, un truc du genre… Je suis un peu rebelle dans ce sens.

Un autre de tes atouts, c’est l’élaboration des harmonies vocales… tu sembles vraiment t’épanouir dans cette planification pour chaque morceau… Je pense que c’est la marque de fabrique qui te fait sortir du lot…

À travers les années, je vais vers un son toujours plus brut. En concert, je n’aime pas que les gens puissent remarquer des effets. Mais oui, j’adore mettre plusieurs couches de voix, j’adore le son des harmonies vocales. Ça m’attriste d’ailleurs de ne pas pouvoir reproduire ça en concert car je n’ai pas quatre moi pour chanter ! En grandissant, j’écoutais Electric Light Orchestra et ce que j’écoutais enfant avait toujours beaucoup de vocaux superposés.

À cette époque là (1997), tu signes donc sur Zoë Records pendant 8 ans avant de fonder ton propre label indépendant Ye Olde Records. Je suis presque surpris que tu aies mis autant de temps à le faire !

C’est beaucoup de travail et je ne suis pas très bonne en comptabilité. Je ne pense pas très business, je n’aime pas avoir à promouvoir, je n’aime pas penser aux choses qui n’ont rien à voir avec la musique… c’est pourquoi je ne l’ai pas fait pendant longtemps. Et maintenant, je l’atténue parce que ça m’ennuie. C’est beaucoup de choses que je n’ai pas envie de gérer.

Sur ton album éponyme de 2012, tu fais beaucoup de place aux instruments électroniques. Pourquoi y étais-tu aussi réticente avant ça ?

J’aime le son d’une vraie batterie dans la pièce. Aussi, je ne sais pas utiliser la technologie alors je ne m’en sers pas. Mais pour cet album, j’avais enregistré un tas de trucs que j’ai envoyé à des amis producteurs en leur disant qu’ils s’amusent avec et qu’ils en fassent ce qu’ils veulent. J’essayais d’expérimenter voir ce que d’autres personnes auraient comme approche. En rétrospective, je n’aurais pas fait certains des choix de production qui ont été faits mais je suis heureuse d’avoir laissé les choses se dérouler. J’ai laissé d’autres personnes entrer dans ma vision, ce n’était pas une vision pure émanant de moi. Une partie de ce disque était une expérience.

Il y a des artistes musicaux qui t’intéressent en-dehors du monde du rock ?

Honnêtement, je ne suis pas très inspirée par beaucoup de musique récente parce que je n’en écoute pas beaucoup. Il y a bien du jazz et des vieux compositeurs pour piano que j’aime…

Pas de musique électronique ou hip hop ?

Il y a des artistes comme Kendrick Lamar que je trouve inspirant… en fait, j’écoute plein de choses diverses mais rien vraiment de bien précis.

Tu ne penses pas que ça pourrait te faire découvrir de nouveaux horizons ?

Oui, je sais, mais j’ai l’impression d’être coincée dans ce que je fais, avec ces instincts que j’ai. Il est difficile pour moi de changer !

Tu as collaboré avec tes idoles de jeunesse en sortant un album avec Paul Westerberg des Replacements ou en tournant avec X ou les Jayhawks. On peut espérer une collaboration avec Iggy Pop pour tes 50 ans (cet été) ?

On ne sait jamais ! Je n’ai jamais vérifié s’il y avait moyen avec Iggy ! Il a collaboré avec plein de femmes, donc on ne sait jamais !…

Je le mentionnais lui parce que tu as fait plusieurs reprises des Stooges il y a longtemps…

Non, je sais ! Mais tu sais avec qui j’aimerais vraiment chanter ? Olivia Newton-John. Ce serait un rêve. Je l’aimais tellement quand j’étais jeune, donc j’espère encore qu’un jour j’aurai l’occasion de chanter avec elle.

Puis tu as reformé le groupe The Juliana Hatfield Three il y a 2 ans en sortant un album sur le label American Laundromat. C’est aussi là que ton dernier album « Pussycat » est sorti. Ça veut dire que tu as abandonné Ye Olde Records ?

Non, c’est juste que je ne l’utilise pas maintenant mais c’est toujours une option pour moi. Mais c’est bien de travailler avec American Laundromat parce que je n’ai pas autant d’administratif à faire, donc c’est un soulagement de retrouver un label. Ils sont basés dans le Connecticut. Je peux tourner autant ou aussi peu que je le souhaite. C’est très facile et il n’y a aucune pression.

Parle-nous de ce dernier album, « Pussycat ». Plutôt rock de bout en bout et tu as l’air en pleine forme dessus.

Je ne sais pas quoi dire… Il a été enregistré très rapidement parce que je ressentais toutes ces horribles émotions liées aux élections présidentielles américaines et il a été enregistré dans la période où le président a été nommé. Je n’avais pas écrit de chansons depuis un petit bout de temps et tout d’un coup, je me suis mise à vomir des chansons ! C’est ce que j’ai ressenti ! L’écriture était bien plus rapide et intense que ça ne l’est pour moi d’habitude, et je n’ai pas essayé de freiner ça. J’ai senti que j’avais besoin de l’enregistrer et sortir ça au plus vite parce que les choses changeaient si rapidement qu’il m’était vital qu’elles sortent le plus rapidement possible.

Tu as écrit des centaines de chansons dont la plupart sur tes expériences personnelles. Tu vois l’écriture comme une thérapie, une porte de sortie ?

Ce n’est pas très conscient mais je pense que ça fonctionne comme ça pour moi. Ecrire des chansons est une manière pour moi de travailler sur des sentiments que je ne comprends pas. C’est une façon pour moi d’exprimer des choses que je ne sais pas exprimer. Comme je le disais, je ne communique pas bien verbalement ou face à face, et je ne comprends pas toujours ce que je ressens, je n’ai pas toujours accès à mes sentiments, ils sont bloqués. Et donc, je ne sais pas toujours ce que je dis dans une chanson mais c’est toujours vrai. Même si je ne le comprends pas, ça vient de moi et je ne l’invente pas.

Tu sais pourquoi tu te sens comme ça ? Penses-tu que ce soit dû à ton environnement ? Si tu vivais ailleurs, penses-tu que tu aurais moins de mal à communiquer avec les gens ?

Je me suis améliorée avec les années. Quand j’étais jeune, c’était vraiment terrible. J’avais beaucoup de problèmes émotionnels… ça fait longtemps. J’essaie juste de travailler à être en meilleure santé et essayer de comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur de moi. Ça me prend vraiment longtemps pour en guérir. Je pense que beaucoup d’artistes ont des problèmes émotionnels. C’est pourquoi ils font de l’art. Ils ne savent pas comment gérer leurs sentiments ou leurs sentiments sont enfouis, ils se sentent au plus mal et ils ne savent pas pourquoi. Et c’est juste un processus pour essayer d’exprimer quelque chose d’inexprimable. Mais je suis bien plus heureuse maintenant que je ne l’ai été, j’ai été vraiment malheureuse. Je ne veux pas généraliser mais j’ai l’impression que les Français ont la tradition du débat et de la discussion. Et ce n’est pas l’environnement dans lequel j’ai grandi. On gardait tout à l’intérieur, on ne parle de rien, on ne comprend rien, puis on explose dans un torrent d’émotions et on recommence à se replier.

Il m’est souvent arrivé aux USA de rencontrer des gens avec qui on pense s’entendre jusqu’à ce qu’on aborde un sujet sur lequel on n’est pas d’accord. Ils ne vont pas en débattre, ils préfèrent changer de sujet et parler d’autre chose…

Je sais ! Et j’aimerais tellement que ce ne soit pas comme ça ici. Ce serait tellement mieux si on pouvait tous parler et penser ouvertement, mais c’est vrai, les gens mettent fin à la discussion et n’arrivent plus à se parler. Mais je pense que c’est aussi dû à l’ignorance ici et beaucoup de gens ne savent pas de quoi ils parlent. C’est comme ça que notre président a été élu. Ils ne comprennent pas ce qu’ils ont fait. Ils ne comprennent pas pour qui ils ont voté. Ils n’en parlent pas et ils n’y réfléchissent pas.

De toutes les chansons que tu as composées, y’en a-t-il que tu es plus fière d’avoir écrites que d’autres ?

Il y en a ! Mais aucune que je n’arriverais à citer au pied levé. Il y en a trop ! Mais ce sont toujours les dernières chansons que j’ai composées que j’aime le plus, donc pour le moment, je suis très fière de mon « Pussycat ».

Une carrière aussi longue n’est vraiment pas commune pour une artiste féminine, surtout quand tu t’arranges pour rester aussi indépendante…

Je pense que ma carrière a été aussi longue justement parce que je suis restée indépendante. Je pense que c’est la seule manière d’y arriver. Parce que si tu es esclave de l’industrie musicale ou des médias, tu vas te faire descendre. Il faut être indépendant pour avoir de la longévité, je pense. C’est la seule manière.

Pourquoi penses-tu avoir cette force alors que de nombreuses femmes luttent probablement pour acquérir cette même force ?

Je suis juste vraiment têtue, je suppose. Je n’ai jamais voulu que quelqu’un soit responsable de ma chute et je n’ai jamais voulu qu’on puisse avoir ce genre d’emprise sur moi. J’étais juste déterminée que personne n’allait me rabaisser et que si je voulais que mes chansons sortent, je trouverais un moyen. Bon sang, personne n’allait m’arrêter ! Et je m’en fichais de connaître la taille de l’auditoire, ça m’était égal. Parce que si tu es artiste, tu veux juste faire le boulot et ensuite tu veux qu’il soit écouté. Ce n’a pas besoin d’être le plus grand auditoire, et j’ai toujours eu la chance d’avoir un auditoire, quel que soit sa taille. J’ai un auditoire loyal et fidèle. J’ai la chance de l’avoir mais je continue à lui donner de la musique, je continue à écrire. Il faut juste continuer à bosser et ne pas s’inquiéter d’avoir un grand auditoire. Il faut faire le boulot pour le boulot, et de cette façon, tu as tout pouvoir. Personne ne peut t’arrêter si tu le fais uniquement pour ça. Pas pour l’argent, pas pour la célébrité.

Pour toi-même…

Oui, c’est pour moi-même ! Le respect est plus important que l’argent ou la célébrité et j’ai toujours bossé dur pour faire du bon travail et être respectée pour ça et je ne l’ai pas été par tout le monde… les gens semblent m’adorer ou me détester, mais ça me va. Parce que je sais que certains apprécient ce que je fais, donc je sens que j’ai réussi !

Tu penses avoir réussi à gagner le respect que tu attendais par rapport à tes espérances ?

Oui ! Finalement ! J’ai douté de moi pendant tant d’années jusqu’à me détester et j’étais tellement frustrée créativement et avec ma carrière, mais maintenant, je pense que oui, je mérite ce que j’ai acquis, ce que j’ai pu accomplir. Je sens que j’ai beaucoup travaillé et j’ai préservé mon intégrité et mon indépendance tout du long ! Donc je suis fière de ce que j’ai fait !

Quels sont tes projets futurs ? D’une certaine manière, j’ai l’impression que tu t’es empêchée d’expérimenter…

C’est vrai ! Tu as raison ! Et c’est marrant que personne ne parle jamais de ça mais je pense que tu as relevé quelque chose qui est vrai, je pense… et la façon dont j’envisage le prochain disque est de ne pas me retenir, d’être aussi étrange et non-traditionnelle que je veux. Je pense que tu vas aimer le prochain album. Je ne l’ai pas encore écrit mais je sens qu’il ira dans une direction plus expérimentale. Enfin !

Christopher Mathieu

www.julianahatfield.com

 

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