JUAN CARMONA 

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Virtuose du flamenco, Juan Carmona nous offre un nouvel opus, « Zyriab 6.7 », contant le voyage du musicien du IXe siècle. Une odyssée musicale que cet explorateur dans l’âme nous a détaillé avec passion.

Que représente le flamenco à vos yeux ?

C’est à la fois une musique et une philosophie de vie. Le flamenco provient des provinces d’Andalousie et chaque style raconte une histoire précise, à l’aide d’émotions différentes. Il peut être lié à la joie, mais aussi à la tristesse, à des choses plus noires. Tout est représenté dans le flamenco.

Pourquoi avoir choisi le thème du voyage de Zyriab, pour votre nouvel opus ?

En 2015 l’UNESCO m’a remis le prix Zyriab. Je me suis penché sur ce personnage et je me suis rendu compte qu’il était un peu le De Vinci du IXe siècle : en plus d’être musicien, il a apporté les premiers conservatoires en Europe et avait une vision avant-gardiste de la musique. Il était aussi astronome et passionné de gastronomie. Quand il fut chassé par le roi d’Irak, il s’en alla et traversa une multitude de pays avant d’atteindre Cordoue. L’album raconte ce périple.

Comme Zyriab, vous avez maîtrisé très tôt la musique et multiplié les projets. Vous êtes aussi professeur et Zyriab a créé le premier conservatoire d’Europe. Est-ce-que ces similitudes vous ont aussi donné envie d’en savoir plus sur ce musicien ?

Sans prétention, je me sens un peu comme Zyriab car je voyage énormément. Par exemple, aujourd’hui, je rentre d’une tournée au Maroc. Et, partout où je vais, mon premier réflexe est d’aller au contact de chaque culture, de rencontrer des musiciens. C’est d’ailleurs grâce à ça que je suis entouré par une pléiade d’artistes avec qui je peux monter des projets.

Il y a d’ailleurs des collaborations sur cet album. Comment avez-vous choisi de travailler avec tel ou tel artiste et comment s’est déroulé le travail avec eux ?

Zyriab passe par plusieurs pays et, pour raconter son voyage, j’avais envie d’avoir l’artiste emblématique de chaque pays. Par exemple Ibrahim Maalouf pour le Liban, le trio Jourban, joueurs de oud palestiniens, Rachid Zeroual, joueur de ney marocain, ou encore Naseer Shama pour l’Irak. Le projet a été conçu pendant la pandémie ce qui a été assez compliqué. Même si j’ai pu un peu me déplacer et profiter de la venue de certains artistes en France, nous avons aussi travaillé via internet.

Le titre « Mundo Ideal » reprend « Ya Rayah » de Rachid Taha. Pourquoi avoir voulu faire cette reprise ?

J’ai beaucoup aimé le message de ce morceau : on a beau partir, on n’est jamais mieux ailleurs que chez soi. Je trouve qu’il correspond bien à la philosophie flamenca qui recommande de vivre le présent, de vivre avec ce que l’on a. C’est pour cela que j’ai choisi de le reprendre, mais dans une version particulière regroupant des artistes flamenco et le chanteur Youba.

Vos sources d’inspiration sont diverses et vous aimez transporter le flamenco vers d’autres genres musicaux. N’est-ce pas trop difficile de mêler tous ces univers ?

C’est à la fois facile et difficile. J’ai eu la chance de travailler avec d’excellents musiciens qui sont aussi curieux que moi. On sent chez eux une grande ouverture. Donc, même si on n’a pas les mêmes codes, l’envie de partager est si forte que ça ne peut que fonctionner.

Aimeriez-vous jouer avec de nouveaux artistes ?

Chaque fois que je finis un album je me dis que j’arrête parce-que ça me fatigue. Mais j’ai fini l’album il y a deux mois et je suis déjà en train de composer autre chose. Et je me demande justement quels seront les artistes que je vais inviter. Je vais peut-être partir sur un projet avec des musiciens classiques ou des musiciens brésiliens. C’est un peu confus lorsqu’on commence un nouveau projet. J’ai des artistes en mémoire et il va sûrement y avoir un déclic.

Marie-Ange Galangau

www.juancarmona.com

 

 

 

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