JUAN ATKINS

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Juan Atkins n’avait jamais joué sur la Côte d’Azur. Entrevue exclusive avec celui que tout le monde de la techno a toujours désigné comme en étant le créateur, d’où son surnom: «The Originator». Interview disponible en intégralité sur le site www.nouvelle-vague.com dans laquelle il revient plus en détail sur Cybotron, Jeff Mills, Derrick May, «Mad» Mike Banks, Moritz Von Oswald et bien entendu la ville de Detroit.

En 1985, tu as créé Model 500 – d’où vient ce nom ?

Model 500 était juste une façon de rejeter la désignation ethnique… parce que tu te fais toujours juger par ton ethnie et les gens essaient de déterminer par ton nom d’où tu viens… et parfois, en fonction de ça, certains veulent acheter ton disque ou pas ! Alors je me suis dit: «Hé, je vais juste utiliser le nom Model 500». Ils ne sauront pas si ce je suis blanc, noir, asiatique… ou un extra-terrestre ou que sais-je…

Ton morceau «No U.F.O.’s» est souvent considéré comme étant le tout premier disque de techno. Tu le vois comme ça toi-même ?

Non, parce que je faisais Cybotron avant ça.

Mais Cybotron était plus breakbeat electro dans un sens. Plus qu’un rythme soutenu…

(Grand sourire) Ah !! Ah, là tu vois, tu tapes dans quelque chose… (rires). Tu essaies de créer une division, là. Tu es en train de me dire ça parce que c’était le premier «four-on-the-floor» [le rythme techno de base – ndlr], qui en fait ne l’était même pas vraiment… On a fait un disque qui s’appelait «The Line» sous Cybotron qui était déjà un peu dans ce style là, mais euh… non ! Pour moi, je faisais de la techno depuis «Alleys Of Your Mind». Ce qui est toujours considéré, pour moi, comme de la techno.

Penses-tu que la faillite des usines General Motors à Detroit était directement liée à ton besoin de créer la techno ?

Absolument ! Probablement plus inconsciemment que consciemment. Je veux dire, je n’ai jamais consciemment regardé les usines Ford ou General Motors en me disant «oh, j’aime ces usines !», mais Detroit est le centre de l’automobile. Les 3 principaux fabricants automobiles ont tous leurs QG à Detroit.  Alors, je suis sûr qu’il y a beaucoup de choses qui ont affecté comment nous avons grandi.

Plus tard, pendant que Jeff Mills devenait assez énorme et Derrick May aussi, tu as préservé peu de visibilité, du moins en Europe. Tout le monde plus ou moins parlais de toi comme de quelqu’un auquel ils se référaient et écoutaient – et pourtant, tu n’étais pas trop là, c’était délibéré ?

Ce n’était pas délibéré. Derrick a toujours été une personne qui sait communiquer avec les gens. Et moi, j’ai toujours été timide je suppose… Je suis réservé, je ne suis pas vraiment extraverti. Jeff est juste prévoyant et méticuleux et il sait vraiment comment prévoir les étapes pour aller là où il veut aller.

Mais pensais-tu dans les années 90 que tu n’obtenais pas la reconnaissance que tu méritais en Europe ?

Tu sais, je pense qu’il y a des choses plus importantes qui œuvrent quand on en revient à l’univers. Pourquoi les choses arrivent comme elles arrivent… La seule chose que je peux faire c’est de faire du mieux que je peux pour moi-même. Advienne que pourra ! C’est peut-être l’histoire telle qu’elle est aujourd’hui, mais demain est un autre jour.

Un nouvel album de Model 500 vient de sortir. Ça veut dire qu’on va te voir plus souvent en Europe ?

C’est possible parce qu’on a mis quelques nouveaux morceaux dans notre nouveau spectacle. S’il y a une demande de gens qui veulent qu’on vienne, on viendra.

Pour finir, quelle est ta position sur la distribution musicale dans son ensemble ?

Une chose que j’aime dans la manière dont Internet a affecté la distribution, les téléchargements et tout ça, c’est que ça garde les majors hors du coup, ce qui, pour moi, est une chose positive parce que maintenant, tu as des gens qui sont capables de faire leurs propres choix à la place de 2 gros exécutifs quelque part dans un immeuble de bureaux prenant des décisions pour tout le monde. C’est sûrement une bonne chose.

Christopher Mathieu

Le 05/12 au Cabaret Aléatoire – Marseille (13).

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