JEHRO

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En quelques années ce chanteur « made in le sud » a conquis la France et s’apprête à s’internationaliser après seulement 3 albums. Jehro symbolise un univers positif, à travers une musique du monde dont lui seul à le secret. Victoire de la musique en 2012 « Cantina Paradise », nous ouvre à d’autres cultures et à d’autres langues, par le biais d’une musique douce, poétique et rythmée. Rencontre avec cet artiste qui sera très prochainement à Nice.

 

Quelle évolution depuis que vous avez adopté le pseudonyme de Jehro ! Votre envol est spectaculaire (mérité). Est-ce que vous regrettez cependant de ne pas avoir gardé votre vrai nom: Jérôme Cotta ?

Non pas vraiment, ça s’est fait de façon naturelle ce pseudo. C’est un surnom qui était lié au projet que je faisais, mes amis et musiciens me surnommaient Jehro et c’est assez intéressant d’avoir un binôme en privé (rires). Dans l’absolu c’était plus intéressant d’adopter ce pseudo.

Quel accueil vous réserve-t-on chez vous à Marseille, dans le quartier du panier ? Est-ce que le regard et le jugement des gens à changé ?

Quand je suis parti à Londres c’était une envie de découverte, le lieu le plus accessible, qui concentrait le plus de musique que j’aimais. C’était pour voyager, connaître une autre culture et l’anglais. Quand je chantais dans les restos ou les bars, mes 4, 5 chansons, j’avais un petit public déjà. Depuis mon retour, il y a eu une forme de renaissance plus positive, mais je n’ai pas la sensation d’être un enfant du pays. Ma musique ne revendique pas une appartenance mais une universalité positive. Même si quand on vient de Marseille on a un attachement particulier à cette ville.

Au début de votre carrière on vous comparait à Manu Chao. Comment le preniez-vous ?

C’est plutôt un compliment, c’est une comparaison qui me touche même, cependant nous avons deux styles différents. Le fait que je chante en espagnol est tout à fait naturel pour moi, je pense mes chansons en espagnol. Cela facilite mon imaginaire, les langues dirigent vers des interprétations différentes. L’esprit et la culture me plaisent lorsque je chante en plusieurs langues. Même s’il vient du rock et du punk, il prône une unité symbolique comme moi et il fait partie des gens qui me soutiennent.

Sortie de votre dernier album en 2006 et 5 ans plus tard nouvel opus : « Cantina Paradise ». Vous avez pris votre temps pour celui-ci…

C’est la grande laitance méditerranéenne (rires). On a beaucoup tourné sur l’album de 2006, presque 3 ans et j’avais besoin de repos pour m’extraire du contexte et souffler. Mais après « Cantina » je mettrait peut-être moins de temps, j’ai besoin de calme et de tranquillité et de respecter mon horloge interne, surtout avec la promo qui entoure la sortie d’un disque.

 

Remarquez cette laitance vous a été bénéfique, puisque « Cantina Paradise » vous a valu une victoire de la musique en 2012, dans la catégorie musique du monde !

J’étais très surpris et ravi, c’est un réel encouragement des gens du métier, même s’ils ne savent généralement pas dans quelle catégorie me placer. C’est une belle récompense pour les gens qui travaillent avec moi, sur le terrain. L’enthousiasme est collectif, nous sommes une équipe et ça fait plaisir pour leur travail.

 

Cet album doit s’expatrier lors d’une tournée au Brésil ?!

J’ai appris par ma maison de disque qu’on devait partir et faire la promo là bas. En plus je n’étais pas au courant et j’en suis donc super content! Je n’y suis jamais allé et ça me donnera l’occasion d’y aller avec mes amis et ma guitare, c’est le meilleur moyen pour moi de voyager ! La musique est universelle, même si on ne parle pas la langue, elle est positive.

 

Votre style semble être plus affirmé et réfléchi. Le titre « Last Too Long » est digne de certains standards swing, soul américains !

Je ne pourrais pas vous dire, je n’y pense pas quand je suis en créa, il y a des choses qui m’influencent. Étant amateur de la soul américaine et très curieux des cultures en général, bon surtout du sud (rires). Mais aussi des musiques du monde, de l’Afrique, des Caraïbes, tout ce qui est latin aussi revient souvent. J’essaye de faire un patchwork ou les musiques se regroupent les unes aux autres. Je vis au mieux dans le présent, il faut accepter que c’est l’instant qui compte, les choses viennent après. On peut penser à un changement une évolution, mais ce n’est pas le but.

 

Revenons sur votre réelle aisance en espagnol. Cette poésie, cette douceur que vous dégagez, c’est magique !

C’est sûrement vrai, quand je travaille c’est pas le français qui me vient. Même si les chanteurs comme Nougaro, Trenet ou encore Lavilliers, m’ont beaucoup inspiré. On n’a pas du tout l’impression que c’est fabriqué. L’espagnol me correspond bien, c’est une langue assez généreuse. Dans mon prochain album, je chanterais en portugais et en indien, car j’essaie de travailler une musique en fonction de la poésie qu’elle fait ressortir. Ce qui m’intéresse c’est la forme et la richesse des langues phonétiques, rythmiques et sonores. Car elles me développent et m’enrichissent. C’est une façon empirique de rencontrer une culture. Les comportements sont différents d’une langue à l’autre et ce qu’elle dégage aussi.

 

Votre dernier concert chez nous était dans la salle 700 du Nikaïa. Mais le 1er mars prochain vous serez au Théâtre Lino Ventura, de Nice. Comment appréhendez-vous ce concert ?

Je me souviens de cette salle au Nikaïa (rires), la chaleur était écrasante, une vraie étuve. Mais le public était incroyable, plusieurs rappels, c’était un réel plaisir ! On sent quand c’est le moment de partir et là on ne le voulait pas! On est là pour créer un beau moment à vivre ensemble, quand il est fort, on a pas envie qu’il finisse. On était trempés (rires)… mais ce qui est important pour moi c’est d’être à l’écoute, on ne sait jamais comment ça va se passer. En général, j’essaye de réduire la distance, il faut que ce soit un moment agréable et ouvert pour tous. Une forme d’osmose avec le public et la musique!

 

Laure Rivaud-Pearce

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