GRAND CORPS MALADE

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#NVmagZoom

Le slameur à la voix si particulière dévoile son sixième album et le lancement de sa tournée « Plan B » et accepte de se livrer pour l’occasion. La vie de Fabien Marsaud, c’est un rêve de carrière sportive interrompu brutalement, qui donne suite à la découverte d’un grand talent pour l’écriture. Grand Corps Malade et son slam, puissant et reconnaissable parmi tant d’autres, dénonce et soulève les questions d’actualités avec justesse, se confie sur sa vie en mode « Plan B ». L’artiste a répondu à nos questions, une interview avec franchise et passion de l’art.

On te retrouve après ton film « Patients » adapté de ton livre, un bel exemple de force de conviction. Est-ce que l’expérience apportée par cette nouvelle étape dans ta vie professionnelle t’a servi pour l’écriture de ce sixième album ?

Cette expérience de cinéma a été incroyable, honnêtement ça a été une vraie révélation, on a d’ailleurs déjà redémarré quelque chose avec l’équipe de « Patients » et reprit l’écriture d’un scénario. On imagine déjà un nouveau projet. Ça a été quelque chose de très fort mais je ne pense pas que ça ait complètement influé sur mon style d’écriture. J’écris depuis longtemps et si mon style reste le même, il est normal d’être influencé, y compris (et même surtout) au niveau des thèmes. Cela a forcément une influence directe sur mon parcours.

« Plan B » , c’est donc le titre de ton nouvel album mais aussi du premier morceau. Tu donnes une notion plus positive au « plan B » généralement vu comme la solution de secours. Penses-tu que ce chemin que tu a pris à une chance de devenir un jour ton nouveau « plan A » ?

Un bon plan B, ça devient très rapidement un plan A, ton plan principal. C’est exactement le message que je veux faire passer. Pour moi le plan B ce n’est pas péjoratif, c’est simplement le plan qui s’est imposé à toi en seconde place au niveau chronologique. Mais ça peut être une formidable alternative, vraiment.

Tu parles d’amour dans « Dimanche Soir » ou encore dans « J’suis pas rentré » avec Rachid Taxi, des morceaux lumineux et inspirants. Ta collaboration avec Ehla sur « Poker » donne place à un titre plus mitigé, dans lequel l’amour est un jeu auquel il est dur de gagner. Penses-tu que la partie soit perdue d’avance ?

Ah non, non, la partie est loin d’être perdue d’avance! La preuve, c’est ce que j’écris dans « Dimanche soir » ; mais c’est vrai que « Poker », c’est plutôt les débuts de la relation, c’est plus compliqué. On ose pas trop se livrer, on a peur que l’autre le fasse ou ne le fasse pas. Ce moment de détresse, qui n’a pas toujours lieu d’ailleurs, où on joue un jeu de poker-menteur. C’est l’idée illustrée dans le morceau, le jeu avec les couleurs en parallèle à une partie de poker.

Dénoncer les injustices sociales semble te tenir à cœur dans ce nouvel album et plus encore dans « Au feu rouge », titre au sonorités orientales. Tu nous parles de guerre et de réfugiés, et tu mets des noms sur les visages des concernés. Qu’est ce que ces rencontres, notamment au centre Emmaus à Paris, ont pu t’apporter pour l’écriture de ce titre ? Pourquoi donner une si grande importance à l’identification des personnages de ton clip ?

J’ai écris le titre bien avant ma rencontre avec les gens du centre Emmaus. J’ai décidé de me rendre à Emmaus Solidarité vraiment dans l’objectif de faire la connaissance de réfugiés, de parler avec eux. Le morceau quant à lui est beaucoup plus porté sur l’image que nous en avons dans la vie quotidienne. Pour reprendre le titre :un visage qui toque à la vitre à un « Feu rouge », on donne une pièce ou pas et on trace sa route. Ils restent une masse dont on ne connaît rien. On ne sait trop d’où ils viennent, comment et pourquoi. Et là, l’objectif c’était vraiment de s’arrêter sur ces regards et d’imaginer un peu par quoi ils sont passés. D’ailleurs on s’aperçoit souvent qu’ils ont vécu des choses incroyables, ils risquent leurs vies à maintes reprises. Et le clip dans la lignée de ce texte, c’était leur rendre une humanité, une identité, mettre un nom et une histoire sur ces gens en les nommant, en parlant de leur professions. Professions qui souvent perturbent, car on s’aperçoit qu’ils ont évidement les mêmes métiers que nous et une vie normale avant de se retrouver au feu rouge.

Dans ton titre « Acouphènes », tu reviens avec nostalgie sur ce que tu as « entendu » et qui te trottes dans la tête. Pourquoi as-tu ressentis le besoin de mettre tout ces souvenirs sur le papier ? Es-tu mélancolique dans la vie en général ?

Oui, c’est une vraie nostalgie, ces souvenirs font partie de moi. Je suis quelqu’un d’assez nostalgique de toutes les périodes qu’on ne revivra pas, qui nous ont construits. Comme dans « Plan B », ce n’est pas une nostalgie plombante, elle n’est pas triste et ne m’empêche pas d’avancer. Comme je le dis à la fin du morceau : « Des acouphènes de nostalgie, ils sont les codes de mon histoire, c’est comme un écho apaisant ; ils forment un rythme, une mélodie et ils font danser mon présent ». C’est grâce à notre passé qu’on est ce qu’on est aujourd’hui.

Tu repars donc en tournée dans toute la France cette année. Or au fil de ton album, on découvre ton regard sur la vie parisienne que tu aimes, pour sa beauté mais aussi pour sa réalité. Que ressens-tu à l’idée de repartir en tournée ? De renouer avec ton public ?

Alors le thème de « Charade » c’est vraiment les grandes villes, comme St Denis et évidemment Paris. Mais avant tout les grandes villes en général comme celle où j’ai grandi. Je suis très excité à l’idée de repartir en tournée, je fais des albums essentiellement pour ça. Aller à la rencontre des gens, pour se créer ses shoots d’adrénaline sur scène. C’est vraiment ce que j’aime faire et du coup je suis très impatient.

Tu laisses découvrir au public un père aimant impuissant face au temps qui passe dans « Tu peux déjà ». Tu es aussi parrain de l’association « Sourire à la vie » qui vient en aide aux enfants atteints du cancer. Ce choix d’association vient-il de ta paternité, où es-tu plus sensible aux enfants pour une autre raison ?

Je pense que j’aurais quand même été parrain de Sourire à la vie sans avoir eu d’enfant, car dans tous les cas c’est quelque chose qui me touche particulièrement. La maladie, c’est quelque chose de dur évidemment, mais quand elle touche des enfants si jeunes c’est une injustice encore plus insupportable. De toutes les causes que je peux défendre, celle ci fait partie de celles qui me tiennent le plus à cœur.

Même s’il est « Adapté », l’« espoir » demeure. Ton message final est-il donc positif ? Qu’aimerais-tu dire aux personnes qui, comme toi, doivent passer au plan B ?

Bien sur, très positif, dans l’expression « Espoir adapté » on trouve surtout le mot « Espoir ». Je pense qu’énormément d’espoir se dégage du texte. Étant quelqu’un de naturellement optimiste et pensant que l’être humain a une grande capacité d’adaptation, je reste certain que malgré les virages de la vie et les coups durs, tellement de belles choses restent à faire, et d’espoir à retrouver !

Enola Chagny

Le 07/02/18 au Théâtre Les Cordeliers – Roman Sur Isère (26), le 08/02/18 au Minotaure – Vallauris (06), le 09/02/18 au Théâtre Liberté – Toulon (83), le 23/05/18 au Silo – Marseille (13) et le 24/05/18 au Théâtre Lino Ventura – Nice (06).

www.grandcorpsmalade.fr

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