GESAFFELSTEIN

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Attendez, Ge… quoi ? Me dirait peut-être quelqu’un qui n’est pas amateur de musique électronique. Pour les autres, c’est clair et net : Gesaffelstein. Zoom sur ce prodige national qui prodigue une musique diaboliquement étonnante.

 

Histoire

Né en 1985 à Lyon, oui, à Lyon, en France (il semble suivre cette mode de se donner des noms de scène à consonance étrangère), Mike Lévy s’est lancé très jeune dans le monde de la musique. En effet, aussitôt qu’il a croisé sur sa route un synthétiseur, le musicien autodidacte qui est en lui s’est éveillé. Et environ sept ans plus tard, Gesaffelstein est né. Même si les fans de techno connaissent tous ce nom, peu d’entre eux sauraient dire exactement d’où il vient. Et bien c’est simple (du moins pour un germanophone) : c’est un mélange du nom du septième album de Dopplereffekt, un discret groupe de techno américain né à Detroit dans les années quatre-vingt dix, intitulé « Gesamtkunstwerk » et du très célèbre génie aux multiples nationalités, Albert Einstein. Rien que ça. Pris sous l’aile de The Hacker, un ancien de la techno, Mike Lévy a vu sa popularité grimper colossalement depuis ces dernières années. Mais une question demeure, qui est réellement ce Mike ?

 

Style

Derrière ce jeune créateur aux airs de gentleman prétentieux se cache un geek passionné de technologies. En effet, il ne se qualifie pas de musicien. N’ayant jamais eu d’enseignement théorique de la musique et du solfège, ni compétence particulière dans ce domaine, il a du apprendre tout ce qu’il sait par lui même, en étudiant le son et les accords, en regardant et re-regardant tutoriels et publications techniques. Ce manque de connaissances lui permet alors de « casser des règles » et d’oser l’impossible. Il dessine désormais sur des séquenceurs et imagine sa musique comme un « chaos organisé », suivant une logique mathématique. A l’aide de machines toujours à la pointe de la pointe (et pourtant vite dépassées, si on en croit ses dires), l’artiste crée sans cesse, avec une volonté et une détermination à la limite de l’acharnement, toujours dans un style qui lui est propre : dur à définir et reconnaissable parmi cent. Sombre mais pas infâme, puissant mais pas violent, intrigant mais pas effrayant.

 

« La musique, je me suis rendu compte que c’était aussi logique que des maths »

 

Album

C’est peut-être à cause de cet atypisme que, contrairement aux musiciens underground de son entourage, il a sorti récemment un album baptisé « Aleph ». « Croisement entre l’alpha et l’oméga », ce CD représente pour lui la fin d’un cycle pendant lequel il a essayé de ressortir une musique inspirée par lui-même uniquement, qui pourrait se qualifier de techno redoutable et glauque qui fait frissonner les tympans. Plus commercial que son EP et le reste de ses morceaux, l’album demeure tout de même dans un esprit similaire, étrangement plaisant. Cette sortie lui permet ainsi de distribuer et faire connaître sa musique, comme il l’a déjà fait en prêtant son morceau « Viol » pour des publicités de grandes marques ou en gagnant deux UK Videos Music Awards pour le clip de « Pursuit ». Cette diffusion commerciale, qui a été très critiquée par la scène électro underground, s’explique peut-être par sa désaffection paradoxale pour les clubs et les raves.

Certains le qualifieront de plagieur digne des Daft Punk, d’autres de génie des temps modernes. Quoi qu’il en soit, Gesaffelstein plaît et semble aimer passionnément ce qu’il fait. Et c’est ce qui compte.

Shani de Vecchi

www.gesaffelstein.com

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