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Après une année dense et frénétique de concerts en 2017, Frank Carter & The Rattlesnakes repartent prochainement sur les routes pour y présenter leur dernier album « Modern Ruin ». Frank Carter, ex-membre des groupes Gallows et Pure Love, nous dévoile humblement et avec bienveillance quel a été son parcours et s’exprime au sujet de ses projets musicaux. Pour ceux qui n’auraient pas encore eu l’opportunité de voir cette tornade sentimentale en live, c’est l’occasion de vous déplacer.
Tu as crée en 2015 Frank Carter & The Rattlesnakes, comment est né ce projet ?
Le projet s’est crée lorsque j’ai quitté mes deux derniers groupes Gallows and Pure Love. J’essayais à ce moment là de me concentrer sur mon travail en tant que tatoueur pour subvenir aux besoins de ma famille, mais je me sentais de plus en plus frustré de ne plus pouvoir faire de musique, cela me manquait énormément. Lorsque l’on est une personne créative et que l’on arrête de l’être, il devient évident de ressentir le besoin de s’exprimer à nouveau. J’ai donc appelé Dean Richardson, un ami proche car nous avions souvent parlé de monter un groupe ensemble. Il était très enthousiasmé par le projet, et nous voilà, trois ans après le projet continue d’évoluer en force.
Selon toi, quelle est la différence ou l’évolution entre les deux albums « Blossom » et « Modern Ruin » ?
Ce qui est assez amusant c’est que les deux albums ont été écrits et enregistrés au même moment dans un laps de temps de 12 mois. La raison pour laquelle il y a eu un décalage pour leur sortie respective, est que nous ne voulions pas embrouiller les gens. Nous avons décidé de laisser le temps nécessaire pour leur parution. Je considère ces deux albums, (tout comme leur évolution musicale) comme un seul album, ils sont indissociables. Ce projet nous a permis de nous définir et de nous présenter au public et de monter de quoi nous étions capables. Le troisième album sera certainement un nouveau départ, car nous voulons être en constante évolution en tant que groupe, ou à titre individuel, en tant que musiciens et repousser à chaque fois nos limites.
Comment procédez-vous pour la composition et la création des morceaux ?
Dean vient chez moi avec les paroles qu’il estime les plus pertinentes et qu’il a sélectionnées, puis il les joue pendant que je nous prépare une tasse de thé. Sinon j’ai aussi un carnet rempli de textes que j’ai écrit (ou alors dans les notes de mon téléphone), je lui suggère quelques fragments en fonction du riff ou de l’ambiance du morceau et je commence à chanter dessus. Nous voyons par la suite ensemble si cela fonctionne ou pas. En général, nous laissons les choses se faire naturellement, sans forcer le processus créatif. Je dois admettre que nous sommes assez chanceux et que la plupart du temps cela fonctionne rapidement, nous sommes plutôt prolifiques et nous composons beaucoup de morceaux.
Quel(s) type(s) de musique écoutes-tu et quelles sont tes influences ?
J’aime toute sorte de musique, j’aime le rock’n’roll, la musique classique, la musique trap. J’ai grandi en écoutant du punk rock et du hardcore mais j’aime tous les styles. Je pense que l’on peut apprendre de tous les courants musicaux donc je ne tiens pas à me limiter. J’apprécie la bonne musique. Si l’on crée la musique avec passion cela se ressent. Ma plus grande influence je dirais que c’est la vie elle même et ce que l’on traverse chaque jour, les choses du vécu est ce qui m’inspire le plus.
Tu as beaucoup d’énergie sur scène, d’où vient cette impulsion ?
La vie est une question d’équilibre. Lorsque je suis sur scène tout ressort et tout se mélange : les moments difficiles qui ont permis d’écrire ces textes et ces chansons pendant les périodes sombres, cela se transforme en quelque chose de salvateur. Il y a du positif qui en ressort et cela change la dynamique du morceau, d’autant que cela crée quelque chose de fédérateur auprès des gens. La rage est tout aussi violente et incendiaire que la célébration de la vie. En réalité nous crions et nous nous exprimons car nous sommes heureux d’être en vie. Avoir la possibilité de partager cette énergie avec les gens est une expérience incroyable.
Tu as 4 dates prochainement en France (Lille, Paris, Nantes, Lyon) ce mois-ci. Que penses-tu du public français ?
J’adore le public français, nous avons toujours fait de beaux concerts en France. Rattlesnakes est bien apprécié en France, c’est comme si le public français avait compris ce que nous sommes et qu’il comprend notre projet : nous voulons célébrer la vie. Il y a autant de rage dans notre musique, que le positif prend sa place, tout comme la lumière n’existerait pas sans l’obscurité. Ce que l’on donne est ce que l’on nous rend. Nous aimons venir jouer en France. Honnêtement, notre premier concert à Paris était dans une petite salle de 300 personnes et c’est l’un des meilleurs concerts que j’ai pu faire. J’ai également de bons souvenirs à l’Olympia. Et là, prochainement nous revenons au Trabendo. Nous sommes très chanceux et excités à l’idée de revenir jouer en France. Si cela ne tenait qu’à moi, j’aimerais partir en tournée dans toute la France, comme si nous étions un groupe local et pouvoir en parcourir les moindres recoins. Je suis papa d’une petite fille, il faut donc que je fasse attention aux choix que je fais, car c’est toujours fatigant de parcourir plusieurs kilomètres lors des tournées. J’ai du mal à être loin d’elle. C’est mon ex-femme qui s’occupe d’elle et il est important que je sois présent aussi pour elle.
Tu es longuement parti en tournée l’année dernière où tu as joué sur la plupart des gros festivals européens. N’est-ce pas difficile et fatigant d’être en permanence en tournée ?
Oui complètement, c’est pour cela que nous avons fait une pause après notre tournée. Nous devions partir par la suite en tournée avec Papa Roach pendant un mois mais j’ai dû l’annuler car je n’étais pas bien à ce moment là. J’ai eu un gros coup de fatigue et je traversais pas mal de difficultés notamment avec mon ex. J’avais besoin de me reposer pour retrouver une stabilité dans ma vie personnelle et je l’ai finallement retrouvé, cela m’a fait du bien. Mais ce n’est pas facile, rien n’est facile…je pense que la clé est de ne pas mettre trop de pression sur soi. C’est ce que j’essaie de faire et de comprendre qu’elles sont mes limites.
Ce n’est pas trop difficile de jongler entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle ?
Il est très difficile de maintenir un bon équilibre, j’y travaille constamment et j’essaie de faire de mon mieux. C’est encore plus complexe lorsque l’on divorce et que l’on a une nouvelle partenaire au milieu de tout ça. C’est un processus très délicat car il y a beaucoup d’émotions fortes qui se mélangent. J’essaie de faire de mon mieux pour ne pas blesser les gens que j’aime, car j’ai de l’estime pour toutes les personnes impliquées, ma fille y compris. J’essaie simplement d’être le plus juste et le plus respectueux possible.
Es-tu toujours en contact avec les membres de Gallows et Pure Love ?
Oui nous sommes tous restés en très bon terme, d’autant que l’un d’entre eux est mon frère. Avec Gallows nous étions très jeunes il y a eu beaucoup d’émotion et d’enjeux lorsque j’ai quitté le groupe et de manière similaire lorsque j’ai quitté Pure Love. Je suis quelqu’un d’émotionnel et les gens avec lesquels je m’entoure le sont également. C’est ce qui fait que cela crée un art si parfait et si puissant, mais cela veut aussi dire que cela nous met dans des situations un peu compliquées parfois. Lorsque les choses vont mal, elles vont mal de manière catastrophique. J’essaie de faire au mieux pour réparer certaines situations et de m’excuser pour les choses que j’estime qui le méritent et peut être recevoir des excuses en retour, le but étant de faire la paix avec le passé. Mais heureusement aujourd’hui tout va bien entre nous.
En quoi ces deux projets sont-ils différents de Rattlesnakes ?
Dans absolument tous les aspects ! Musicalement c’est assez différent. Le projet avec les Rattlesnakes représente le travail le plus prolifique et compétent que j’ai pu faire. Je trouve que mes paroles sont meilleures et ma voix s’est améliorée au fil des années. Je me sens vraiment à ma place et c’est excitant. Gallows était un projet lorsque j’étais très jeune, je ne savais pas bien ce que je faisais, mais je savais le faire avec passion. Avec Pure Love j’essayais de faire quelque chose de différent, cela paraissait un peu osé pour la plupart des gens et certains ont eu du mal à le digérer. Mais maintenant je me sens vraiment en phase avec ce projet. Je mets en application tout ce que j’ai pu apprendre et j’évite toutes les erreurs que j’ai pu faire dans le passé, j’apprends de mes erreurs et c’est très constructif. Nous avions vendu 3 ou 4 concerts en Europe (c’est quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant) et cela a très bien marché. Nous étions ravis de constater qu’il y avait un engouement de la part du public car nous avions beaucoup travaillé et investi du temps sur ce projet.
Quels sont vos futurs projets ?
Nous allons bientôt préparer un troisième album mais nous allons d’abord terminer nos prochaines tournées. Nous avons un mois de tournée européenne et plusieurs festivals cet été. En attendant, j’écris déjà des bribes de texte pour voir quelle direction prendre sur le prochain album, et surtout comment nous éclater avec ce nouveau projet. Au mois d’avril je serai à Los Angeles pendant 3 semaines, je pense que je vais en profiter pour pouvoir commencer à m’y pencher. Dean viendra aussi, nous allons prendre le temps de nous poser (entourés de nos êtres chers) et nous allons commencer à travailler doucement dessus. Cela va nous faire du bien de prendre de la distance et d’être loin de chez nous pendant quelque temps, car c’est très stressant d’être ici.
Quelles sont vos relations avec les Rattlesnakes ?
Nos relations sont excellentes, nous sommes de très bons amis. Dean est mon meilleur ami. Nous sommes entourés de groupes et d’une équipe avec qui nous nous entendons à merveille. C’est génial de partir en tournée tous ensemble. Tout est simple et facile, il n’y pas d’égocentrisme ou de gros caractères, ni d’histoires, c’est une ambiance très relaxante. Nous jouons de la musique avant tout pour nous amuser.
Que s’est-il passé avec l’ex-membre Membi Jago ?
Lorsque l’on travaillait sur « Modern Ruin » je voulais un son de batterie différent. Je considère Mem comme l’un des meilleur batteur punk, mais cela ne correspondait pas à ce que je recherchais pour ce deuxième album. Je voulais quelque chose de plus lourd, c’est pour cela que j’ai demandé à Gareth de venir jouer avec nous, car cela faisait longtemps que nous voulions collaborer ensemble. Je lui avais déjà demandé de venir au début des Rattlesnakes mais il ne pouvait pas à ce moment là.
Est-ce que tu penses que tu pourrais faire un autre type de musique ?
Je pense que l’on peut faire ce que l’on veut quand on veut. Ce qui m’importe le plus c’est la liberté de faire ce que je veux et je suis très chanceux car c’est le cas aujourd’hui.
Qu’est-ce que le punk aujourd’hui selon toi ?
Le punk est ce qu’il a toujours été, il n’a pas changé : c’est la liberté de s’exprimer ; il ne s’agit ni d’un mode de vie, ni musique ni d’effet de mode, c’est un état d’esprit : soi on l’est, soi on ne l’est pas !
Aurélie Kula
Le 12/03/18 au Festival les Paradis Artificiels, au Splendid – Lille (59), le 13/03/18 au Trabendo – Paris (75), le 14/03/18 au Stereolux – Nantes (44), le 28/03/18 au Marché de la Gare – Lyon (69) et le 17/06/17 au Download Festival, à la Base Aérienne – Bretigny sur Orge (91).
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