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>>> Élevé à la pop, la soul, au rock puis au punk, Etienne Daho, Rennais de 24 ans, décide un beau jour d’enregistrer une démo et de démarcher les maisons de disques parisiennes après quatre années passées à composer. Initiative payante : Virgin le signe et il devient ainsi un des premiers français du mythique label anglais. Dès la sortie de son premier album “Mythomane” paru en 1981 et produit par Jacno, on entre de plein pied dans un univers bien affirmé qui porte déjà les caractéristiques qui le feront sortir du lot : une pop atypique tantôt naïve et légère, tantôt très personnelle, et une voix feutrée qui pose de façon inimitable, presque arythmique, des paroles souvent intrigantes et inhabituelles. Depuis presque 40 ans, la formule reste la même mais les arrangements originaux défilent, Daho faisant l’effort à chaque album d’inclure de nouveaux territoires qu’il n’aurait pas encore exploré.
Si “Mythomane” mélange influences twist, surf rock, pop et électronique, il passe toutefois relativement inaperçu et ce sont les deux albums suivants qui le propulseront pour de bon. D’abord “La Notte, La Notte” (sur lequel apparaît pour la première fois Arnold Turboust qui deviendra un co-compositeur récurrent) suivi de “Pop Satori”, les deux albums faisant la part belle aux boîtes à rythmes et synthétiseurs (bien que toujours associés aux instruments acoustiques). Le premier se fera connaître grâce au morceau “Week-end À Rome”, le second grâce à “Tombé Pour La France” (dont le vidéoclip sera réalisé par un Jean-Pierre Jeunet débutant dans ce domaine alors en pleine ascension) ainsi que “Duel Au Soleil” et Épaule Tattoo”.
Avant d’être définitivement estampillé “artiste électronique”, un vrai premier virage dans sa carrière s’effectue en 1988 avec l’album “Pour Nos Vies Martiennes” où la présence quasi-exclusive de musiciens engendre un style pop-folk légèrement indé d’où seront issus les tubes “Bleu Comme Toi” et “Des Heures Hindoues”, débouchant sur la sortie de son premier album en concert, “Live Ed !”.
Une expérience qui sera encore plus aboutie sur son album suivant “Paris Ailleurs” en 1991, porté principalement par les singles “Des Attractions Désastre” et “Saudade”, le menant à jouer dans 14 pays ; une consécration immortalisée via un nouvel album live enregistré à l’Olympia de Paris: “DahOlympia”. Par ailleurs, sa reprise de “Mon Manège À Moi” d’Edith Piaf, sorti hors-album, deviendra également un des grands succès de 1993.
Nouveau revirement en 1995 : Etienne replonge dans l’électronique en sortant une collaboration surprenante de 5 titres intitulée “Reserection” avec le groupe anglais Saint Etienne alors très en vogue en Angleterre. Une mise en bouche annonçant son album “Eden” paraissant l’année suivante, mêlant influences lounge, trip-hop, drum’n’bass et techno qui livrera un nouveau tube à son palmarès: “Au Commencement”.
Sa première compilation, “Singles”, sort en 1998, portée par l’inédit “Le Premier Jour”, une reprise de Sarah Cracknell, chanteuse du groupe Saint Etienne, un peu en guise de réponse à leur tube “He’s On The Phone”, reprise anglaise de “Week-end À Rome”. Ce titre s’ajoutera à la liste des succès les plus incontournables d’Etienne.
Puis, tel un condensé de son expérience, l’album “Corps & Armes” de 2000 sera résolument hybride, suivi d’un troisième album live, avant qu’un virage plus rock que tout ce qu’il ait pu faire auparavant prenne forme en 2003 avec l’album “Réévolution”. Entre les deux, il reprendra avec Dani la chanson de Serge Gainsbourg “Comme Un Boomerang” qui leur vaudra également un succès notable.
Un feeling pop/rock sera toujours présent dans son album suivant, “L’Invitation”, qui lui vaudra un retour au disque de platine, une distinction qu’il n’avait plus obtenue depuis 16 ans. Fin 2008, Daho enregistre son concert de la Salle Pleyel à Paris et le sort l’année suivante.
À nouveau, en 2010, Daho bouscule ses habitudes en sortant un album-concept en collaboration avec Jeanne Moreau, récitant tous deux “Le Condamné à Mort” de Jean Genet. Jusqu’alors, Etienne aura enchaîné des collaborations et duo avec un nombre assez remarquable d’autres artistes: Philippe Katerine, Charlotte Gainsbourg, Jane Birkin, Luz Casal, Astrud Gilberto, Jacques Dutronc, Marianne Faithfull, Catherine Deneuve, Alain Bashung, Françoise Hardy, Vanessa Paradis ou Calypso Valois dont la plupart seront regroupés avec sa pléiade de tubes et de morceaux choisis dans la volumineuse anthologie “Monsieur Daho” qui sort en 2011.
C’est en 2013 que paraît “Les Chansons De L’Enfance Retrouvée” sur des arrangements somptueux évoquant aisément les musiques de films de John Barry, le groupe Tindersticks et la période fin années 60 de Serge Gainsbourg; co-composé principalement avec Jean-Louis Piérot du groupe Les Valentins (a.k.a. Les Max Valentin) dont Etienne avait intégralement produit le premier album en 1990. Une réussite totale pour la critique et les fans, à la sortie malencontreusement retardée et la tournée reportée pour cause d’une appendicite qui fut presque fatale au chanteur cet été-là.
Après un repos mérité, le nouvel album d’Etienne voit le jour en 2017 sous le nom de “Blitz”. Il y fait subtilement référence à la ville de Londres où Etienne réside et enregistre souvent ses albums depuis plus de 20 ans, s’inspirant de la musique psychédélique de son adolescence, notamment Syd Barrett, et faisant référence au climat qu’il règne dans la capitale depuis les attentats terroristes et la menace du Brexit. S’ensuivra une tournée à la mise en scène plus intense, presque lugubre, où le groupe évoluera dans un cadre de néons pour mieux porter les messages d’urgence de ce nouveau répertoire.
Cet automne, l’album “Eden” de 1996 ressort en version deluxe remasterisée, incluant de nombreux inédits pour un total de 52 titres. Faisant office à la fois de virage important et d’OVNI dans la discographie de l’artiste, cet album est non seulement un de ses préférés mais aussi celui d’un grand nombre de ses fans. L’occasion de remonter sur scène une énième fois pour un nouvel “Eden Daho Tour” dont non seulement l’intégralité de l’album sera interprétée mais également le mini-album “Reserection” sorti à la même époque, co-réalisé avec Saint Etienne. Certains autres titres phares de sa discographie sont évidemment également prévus au programme.
Christopher Mathieu
Le 30/10/19 à l’Opéra Berlioz – Montpellier (34) et le 31/10/19 à la Salle de l’Etoile – Chateaurenard (13).