Adam Turner a.k.a Beat Assailant, le plus français des rappeurs américains, a sorti en mai dernier « City never sleeps », son cinquième album, avec un concept inédit, qui éloigne le MC originaire de Miami de l’étiquette « hip-hop/jazz » qu’il avait reçue à ses débuts. Dorénavant l’artiste lorgne sur le funk, le rock et l’électro. Rencontre lors de son passage au festival Les Voix du Gaou
Ton album repose sur un concept bien particulier.
Exactement. C’est l’histoire d’un homme qui doit faire des choix et chaque décision va l’emmener à en faire d’autres qui auront une incidence sur sa vie. Nous n’avons gardé que 10 titres parce que nous voulions quelque chose de très dense. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans cet album, dans ce laps de temps très court.
Est-ce que cela t’a amené à faire des concessions dans le tri des morceaux ?
Nous avons fait des choix plus que des concessions. J’aime bien mélanger plusieurs styles, le rap, le jazz, le rock, le funk. On retrouve toutes ces influences dans cet album. Ça rejoint bien cette idée de « multitude de facettes ». Au contraire je ne voulais pas d’un album avec une seule couleur musicale.
Justement, aucun morceau ne ressemble à un autre.
Nous avons bossé beaucoup de morceaux pour cet album mais nous voulions vraiment que chaque morceau soit unique. Il était hors de question de répéter, au sein du disque, une même formule. Au début du travail sur l’album, nous regroupons pleins d’idées, de bout de textes, de beats et ensuite, au fur et à mesure, nous écartons ceux qui ne nous semblent pas indispensables, et ainsi de suite jusqu’à arriver à satisfaction. Nous en travaillons une quinzaine à fond pour faire une dernière sélection.
Un espace réduit qui part un peu dans tous les sens, avec une multitude de facettes mais qui, paradoxalement, créent un ensemble harmonieux, c’est tout à fait l’idée que je me fais de la ville !
Tu as apporté un soin tout particulier à la pochette.
J’avais envie de présenter un visuel riche pour cet album. J’ai croisé par hasard Jean-François Rauzier, créateur des hyper-photos avec beaucoup de détails, et j’ai retrouvé dans ses œuvres certains thèmes que j’abordais de mon côté dans mes textes. Nous sommes entrés en contact, il a bien aimé les maquettes que je lui ai envoyées. J’ai adoré le premier essai qu’il m’a fait parvenir, qui est très proche du résultat final. Encore aujourd’hui je découvre des choses dans cette pochette. Elle fourmille de détails, de photo de moi, de références à chaque morceau de l’album.
Est-ce que c’est l’illustration de l’idée que tu as de la ville ?
En un sens oui mais c’est aussi un bon reflet de l’album mais aussi de l’esprit urbain. C’est tout à fait l’idée que je me fais de la ville : un espace réduit qui part un peu dans tous les sens, avec une multitude de facettes mais qui, paradoxalement, créent un ensemble harmonieux.
Des beatmakers aux musiciens, tu as travaillé uniquement avec des français !
Tu sais, j’habite à Paris depuis 10 ans. Je me suis créé un réseau de contacts et j’aime bien travailler avec les amis. Je mise beaucoup sur le facteur humain, donc il n’y a pas de prise de tête quant aux collaborations sur les prods ou les featurings. Un coup de fil, on se voit, on discute et ensuite si le feeling passe on travaille ensemble. Je ne vais pas plus loin que ça.
Est-ce que le nom de ton album est une référence directe à New-York ?
Ce n’est pas en soi une référence à New-York. Bien que les photos aient été faites là-bas, c’est plus un concept universel qui peut s’appliquer à toute métropole : Paris, New-York, Shanghai, etc. Ces villes partagent un grand nombre de points communs malgré leurs différences culturelles ou architecturales. Elles sont peuplées de gens différents, avec des histoires différentes, et chaque individu est un élément de cet ensemble. Encore une fois on rejoint l’idée d’un « tout formé par des différences ».
Est-ce que tu considères la ville comme un personnage à part entière ?
Non, dans le sens où une ville n’en est pas une sans ses habitants. Ce sont eux qui font la ville et pas l’inverse.
Rémi Cavaillès
www.facebook.com/pages/Beat-Assailant