BEACH HOUSE

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Le duo incontournable de la scène dream pop, Beach House compose une musique au timbre céleste qui vous pousse à lever les yeux vers le ciel pour en déceler l’origine. Originaires de Baltimore, Victoria Legrand et Alex Scally bravent les épreuves ponctuant notre quotidien et sortent “Once Twice Melody”, leur huitième disque, dix-huit nouvelles compositions, morcelé en quatre chapitres. Pour la première fois, un ensemble de cordes live, accompagné des arrangements de David Campbell. A la veille d’une tournée qui s’annonce sensationnelle, l’exquise Victoria nous fait part de sa vision de l’actualité.

Pour commencer, d’un point de vue général, comment s’amorcent les choses en ce moment concernant la promotion du nouvel album et la tournée 2022 à venir?

Et bien, tout se déroule de façon très agréable. C’est réellement une très bonne chose, tout s’aligne très aisément, je n’ai vraiment pas à me plaindre. Nous avons une vision très posée des choses et nous savons que nous serons prêts pour la tournée. C’est toujours une période très excitante. De plus, nous n’avons pas joué depuis des mois, forcément l’envie d’aller retrouver nos fans et de faire écouter notre musique à de nouveaux publics demeure un sentiment très galvanisant.

Reprendre la route, est-ce quelque chose qui vous a particulièrement manqué ?

Pour être honnête avec toi, je crois que ce n’est que dans deux semaines, lorsque les concerts vont vraiment débuter, que nous allons pouvoir percevoir pleinement l’intensité du moment. D’ordre général, les gens sont faits pour se rencontrer, échanger, vivre des expériences communes, pas pour être isolés et enfermés comme nous avons pû l’être ces dernières années. Tu sais, ne serait-ce que croiser un regard sans le filtre d’un écran.

Victoria, si vous le voulez bien, retournons un moment aux origines de ce qu’est devenu Beach House aujourd’hui. Pour commencer, à quel âge avez-vous débuté l’apprentissage de la musique ?

Enfant, j’ai pris des cours de musique, de chants et de danse classique. Bref, toutes les merveilleuses activités traditionnelles qu’une petite fille peut être amenée à faire (Rires). De mémoire, je dirais que tout cela se déroula lorsque j’avais sept ans, environ. Maintenant, lorsque je réfléchis à cette question, je me dis qu’en fait, inconsciemment, lorsque l’on a quelque chose en soi, comme la musique peut l’être pour moi, on le pratique toute sa vie, depuis toujours en quelque sorte. J’ai l’impression de m’être essayée à la musique depuis ma plus tendre enfance, et ce, jusqu’à il y a trois jours de celà (Rires). La question de la discipline et de la motivation viennent toujours très rapidement en jeu. Tu ressens le besoin d’aller découvrir ce qui se cache au fond de cette mine d’or.

Comment avez-vous, tout au long de ces années, conditionné votre voix ? Quelle technique utilisez-vous encore aujourd’hui ?

Tu sais, cela fait seize ans maintenant que je chante dans un groupe. Après toutes ces années, je sais que mon meilleur atout, mon meilleur ami serais-je même tentée de dire, est le repos. Si je dors mal, si je ne parviens pas à trouver le temps nécessaire pour me reposer, alors je perds ma voix. J’ai eu la chance de ne pas connaître de désagréments concernant l’utilisation de ma voix, je n’ai jamais réellement rencontré d’ennuis de sonorités. De fait, j’essaie de me détacher au maximum de celle-ci, en réalité, je ne fais rien pour ma voix. Je ne m’échauffe pas, je ne m’impose pas de travaux techniques. Durant les concerts, il m’arrive parfois de chanter des chansons qui me passent par la tête, lorsque je me maquille par exemple. Mais vraiment, je fais tout pour garder le côté naturel de ma voix. Du repos et de l’hydratation. J’aime l’aspect ludique de mon chant. Quand j’avais treize ou quatorze ans, j’ai commencé l’étude de l’Opéra. Cela m’a permis d’apprendre à utiliser correctement ma voix, mais, en contrepartie, je dirais que je n’ai jamais appris à utiliser celle-ci de façon inadéquate. Garder tout cela le plus naturel possible. Je chante comme je chante. Je pense avoir de la chance. Voilà le vrai secret en fait (Rires).

Donc aucune routine avant de monter sur scène ?

(Rires) Non, je ne suis pas quelqu’un de routinier. Je crois que l’on peut dire ça oui.

En 2004, comment s’est passée la rencontre avec Alex (NDLR : Alex Scally, binôme de Victoria au sein du groupe Beach House ?

C’est un ami d’école qui nous a présenté l’un à l’autre. Ils se connaissaient depuis leur plus jeune âge. Je venais de poser mes valises à Baltimore et je recherchais des musiciens avec qui collaborer. Alex jouait de la musique et, il me semble, n’avait pas réellement de plan précis à ce moment-là. J’ai eu beaucoup de chance de le rencontrer. Nous nous sommes vus pour la première fois littéralement sur le porche de la maison où il avait grandi. Croiser Alex fait partie de ces petites surprises de la vie que tu ne vois pas arriver. C’est comme ça ! Les gens pensent toujours que les grandes entreprises de l’existence sont issues de grands évènements. Vraiment je pense que tout ceci n’est que le fruit de la mise en cohérence de petits détails du quotidien. Je ne remercierai jamais assez notre ami de nous avoir connecté l’un à l’autre.

A quel moment, dans les débuts, après avoir créé Beach House, avez-vous pris conscience que ce groupe avait le potentiel de devenir ce qu’il est aujourd’hui ?

Jamais. Et je crois que nous ne réalisons toujours pas (Rires). Le fait est que, je n’ai absolument pas pris conscience de la germination de Beach House. Ceci étant dit, je me concentre énormément sur la croissance et le développement de Beach House. Alex et moi sommes satisfait du chemin parcouru jusqu’à présent par le groupe. Tout se fait de façon très paisible, c’est extrêmement agréable. Après, en y réfléchissant bien, en 2010, pour la sortie de “Teen Dream”, nous avions ressenti quelque chose qui pouvait alors s’apparenter à un effet d’accélération. Mais, parallèlement, nous avons continué à faire les choses comme il le fallait. Nous nous sommes appliqués à ne pas sortir du chemin pavé de ce qui nous semblait être les bonnes décisions à prendre. A aucun moment nous nous sommes retrouvés confrontés à un choix qui n’aurait pas été le bon, ou au moins le nôtre. Il y eut un temps d’introspection, il est vrai. Nous avons pris le soin de regarder en nous et de continuer l’application des bonnes méthodes. Pour nos fans, mais également pour nous, il nous a toujours semblé nécessaire de garder une authentique intégrité, une certaine forme de croyance dans le travail que nous réalisions. Il en a été ainsi également pour “Bloom” et après. Finir systématiquement un projet en le concluant par la question “Ok, et maintenant quoi?” de manière à ne pas se laisser envahir par la façon dont va être accueilli un disque. Nous restons persuadés que la chance est en lien direct avec le succès. Nous travaillons très très dur, c’est vrai, mais la chance a sa part de responsabilité dans notre Odyssée. Tant de groupes et d’artistes talentueux mériteraient de vivre les mêmes expériences que nous. Pour tout cela, jour après jour, je demeure reconnaissante et pleine de gratitude.

Vous mentionnez les artistes talentueux, en est-il, parmi eux, qui aient une influence sur votre appréciation de la musique, sur la composition de manière générale ?

C’est une bonne question. Tu sais, cela va paraître étrange mais je crois que tout peut nous nourrir en quelque sorte. Par exemple, je peux écouter de la musique allant d’une sonorité obscure à un style électronique en passant par de l’ambiente écrite par des artistes tels que Suzanne Ciani, apprécier de la new wave, pour ensuite me replonger dans du Joy Division, du Bach ou du Tchaïkovsky et, finalement, rebondir sur de la pop. Ce qui est primordial à mes yeux, c’est de ne jamais fermer aucune porte à l’inspiration. Après, soyons réalistes, il y a des choses que je n’écoute pas parce que je ne les aime pas (Rires). La technologie et internet nous poussent à penser que la norme est d’aimer tout. Dieu merci, l’être humain continuera d’avoir la faculté de ne pas aimer l’intégralité de ce qui lui est présenté. Mais dans l’ensemble je dirais qu’il est très probable que j’ai des goûts comparables aux tiens (Rires). Je suis certaine qu’il y a des artistes dont tu es persuadée qu’ils font partie de ma discographie et dont c’est effectivement le cas. Tu me demanderais si j’aime Kraftwerk je te répondrais “Bien sûr que j’aime Kraftwerk!”, tu me demanderais si j’aime Air, je te répondrais “Bien sûr que j’aime Air!”. Il y a tant de choses que j’apprécie. En fin de compte, je dirais que la réponse à ta question est : tout ce qui déclenche une réaction de la part de mon imagination.

Quelle est l’origine du nom Beach House ?

Je crois que, le moment venu, trouver un nom pour un groupe est une expérience étrange, à part et qui peut être amusante à la fois. Il faut s’imaginer un groupe en train de répéter dans un garage et soudain quelqu’un crie “Comment va-t-on s’appeler??? Trash Cans!!!” (NDLR : Les Poubelles) (Rires). Une fois les premiers délires passés sur le sujet, la question reste malgré tout à traiter, il faut trouver un nom. C’est là que la notion de feeling intervient. Nous avons commencé à nous concentrer sur les noms des chansons du premier album, des titres tels que “Heart and Lungs”, mais nous avons très vite compris que de trop intellectualiser ce processus ne marcherait pas. Nous cherchions et le nom “Beach House on the Moon” est sorti soudainement. Il était trop long, nous l’avons coupé, “Beach House” était là.

Quel est votre album ou votre chanson préféré de Beach House ?

S’il est vrai que chacun de nos albums se retrouve ponctué d’un ou deux moments phares caractérisant leur composition, il m’est difficile d’en dégager réellement une ou plusieurs chansons à proprement dit. Chacune d’entre elles est intrinsèquement liée à ma vie, et ce depuis, voyons, combien… Regarde, dans quatre ans cela fera vingt ans. Quasiment la moitié de ma vie s’est déroulée au sein de ce groupe! Ce qui, d’ailleurs, maintenant que tu me le fais réaliser, me paraît complètement dingue. Merci beaucoup pour cette question! (Rires). Je ne dirais pas que ces albums apparaissent tels des albums photos, mais plutôt des lignes de textes d’un documentaire abstrait. Oui voilà, des textes abstraits documentant des peintures abstraites correspondant à des périodes de mon existence. Tu comprends pourquoi il est dur pour moi de sélectionner telle ou telle chanson, tout le contenu de notre discographie est tellement intense en ce qui me concerne. J’y retrouve mon stress, mes bons moments, les mauvais, la beauté, la tristesse, tout ce qui, en fin de compte, me définit. Composer des disques ressemble beaucoup à la vie en fait, tu n’es pas obligée de tout aimer tout le temps et les choses que tu aimes un jour sont celles qui te dépriment le lendemain.

Pouvez-vous nous parler de votre nouveau projet ? Pourquoi avoir fait ce choix d’une architecture en quatre chapitres ?

Tu sais, quand tu as produit huit albums, enfin sept album et un B-Sides (NDLR : disque rassemblant un ensemble de faces B de vinyles sortis au préalable), tu te retrouves invariablement, et ce à chaque fois, avec cette volonté de ne pas vouloir reproduire la même chose que la fois précédente. C’est une réaction tout à fait normale. Cet album de dix-huit chansons en comportait, en fait, bien plus à l’origine, plus de vingt-trois si ma mémoire est bonne. Nous avons donc décidé de réduire le travail original à dix-huit chansons et il apparut alors comme une évidence, malgré un traitement très individuel de chacune d’entre elles, que l’organisation de ce double album s’annonçait très différente de ce que nous avions écrit jusqu’à présent. Certaines chansons s’y révèlent être très littéraires, d’autres, au contraire, très picturales, certaines, encore, se dévoilent avec un aspect cinématographique, je pense notamment à “Modern Love Stories”, etc… Nous avons baigné dans un cadre créatif très fructueux. Il y a aussi ces chansons que tu ne veux pas exclure de l’œuvre finale. Bref, rien de tout cet ensemble ne semblait venir à nous de façon traditionnelle, du moins tel que nous l’entendions alors. Durant le processus de composition, avant même que le mot “chapitre” ne soit mentionné, nous savions que l’album serait présenté sous forme de sections. Beaucoup de mots auraient pû être utilisés : “volumes”, “faces”, … Mais c’est finalement “chapitres” qui aura été retenu. Et puis, il faut garder à l’esprit qu’il fut un temps où il fallait attendre avant que la musique créée ne soit produite et accessible aux auditeurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le streaming permet une diffusion immédiate de l’œuvre, et ceci est excessivement libérateur en soi. Tu peux observer le résultat instantanément entre autres. Les groupes sortent des singles à tour de bras. Ils n’ont même plus besoin de composer l’album dans son intégralité. c’est dans cet esprit, cette logique de recherche d’excitation du moment que nous avons décidé de rendre chaque chapitre accessible au moment même où il serait conclu. Quatre instants de joie plutôt qu’un seul en somme. Nous y voyons également une nouvelle approche de notre enregistrement, quelque chose de plus doux pour les fans, des phases transitoires. Nous laisserons ainsi le temps au public de découvrir et assimiler les titres petit à petit plutôt que de lui proposer dix-huit chansons en une seule fois.

 Quatre chapitres, cela signifie-t-il quatre atmosphères différentes ? Dans quel état d’esprit vous trouviez-vous avec Alex lors de la composition de “Once Twice Melody” ?

C’est une question qui amène une large réponse puisque nous avons traversé toutes les humeurs possibles et imaginables (Rires). Nous sommes passés par la fureur, la dépression, l’euphorie, la psychose, etc… Vraiment toutes. Ta question est intéressante dans le sens que, très souvent, l’humeur perceptible à travers une chanson est différente de celle ressentie par l’artiste au moment de sa composition. Ce qui est certain, dans le cadre de “One Twice Melody”, c’est que nous sommes restés avec un esprit très ouvert, acceptant tout ce qui surviendrait sur le chemin de la création et pouvant modifier la forme que serait amené à prendre cet album. En cela, peut-être, je peux dire qu’il régnait, de manière prépondérante, une humeur se prêtant à une certaine forme de curiosité, d’acceptation. A un tel point, d’ailleurs, que nous n’avions pas défini de limites quant à la quantité de chansons que nous allions incorporer dans ce disque au tout début. Cela aurait pu être cent titres. Nous sommes entrés en studio avec l’intention de travailler pour toujours, de ne jamais s’arrêter. Bien sûr, tout à une fin, et il survient invariablement un moment où il devient temps de nommer les choses, les définir, les structurer dans l’intention de les légitimer en quelque sorte. Ce sont des réalités dont nous sommes pleinement conscients; tu sais, lorsque nous avons débuté cet album, en 2018, la pandémie est soudainement venue interférer dans le processus créatif de l’album. Nous nous sommes simplement dit qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de continuer de travailler encore et encore. Je crois que, dans ces moments où tu te sens perdue, il est salutaire de se trouver une ancre. Ce fut l’écriture de ce disque pour nous. Je suis très reconnaissante d’avoir eu la musique pour traverser tout cela durant ces trois dernières années. Tant de gens ont été abîmés, dans tous les sens du terme, ces derniers mois, qu’il est important de pouvoir continuer de rêver.

Comment le titre “Once Twice Melody” s’est-il révélé à vous? Cela fait instinctivement penser à un conte de fée ou bien à un titre de film.

Bien souvent, beaucoup d’idées jaillissent de mon esprit. Ces mots me sont venus d’eux même, ils me sont apparus sous la forme d’un don. Le type de présent qui vous est offert par une petite fée. Un joyau précieux. Ce titre nous a confortés dans l’idée de mettre en place la notion de chapitres. En fait, une partie de la réponse est contenue dans ta question.

Dans le chapitre 2 , que signifie “ESP” ?

Ce titre a été choisi parce que la chanson fait référence à notre connexion en tant qu’êtres humains, à l’empathie et l’inter-connectivité… A une perception extra-sensorielle en quelque sorte. Vous pouvez vous situer de l’autre côté de la pièce d’une personne et être connectés, comprendre l’autre d’un seul regard. Il s’agit de comment nous nous relions les uns aux autres, au monde, pourquoi il ne faut jamais abandonner… Toute la société est “endommagée” d’une manière ou d’une autre.

Ce nouveau projet s’accompagne de vidéos sur lesquelles ressort un nombre important de featurings (NDLR : participation d’autres artistes). Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

Oui bien sûr ! Tout cela fût une entreprise géniale ! Au moins quinze artistes nous ont rejoint sur cette partie. C’était comme enregistrer un autre album en parallèle. Nous nous sommes entretenus avec chacun d’entre eux afin de connaître leurs désidératas en termes de choix de chansons sur lesquelles ils souhaitaient interagir, car il était important pour nous qu’ils puissent être présents sur des titres auxquels ils se sentaient connectés. Ensuite, le principe était de leur donner un maximum de liberté et de latitude quant à l’interprétation de la chanson, sans avoir notre influence déployée au-dessus d’eux. Il s’agissait là d’une manière supplémentaire d’insuffler une nouvelle vie dans cet enregistrement. De plus, cette idée apporta une dimension de défi presque. Sortir des sentiers battus, de ce que l’on faisait habituellement avec Beach House, c’est-à-dire Alex et moi apparaissant sur une vidéo en tant que protagonistes habituels. Je ne vais pas mentir, toute cette idée de participation collective sur nos vidéos était très excitante. Lorsque l’on contemple cet album maintenant, il apparaît d’ores et déjà comme celui qui aura bénéficié de la plus grosse dimension créatrice que nous ayons jamais apporté à un disque. Il en ressort une véritable expression psychédélique. L’expression est primordiale pour nous, chaque mot est finement et consciemment sélectionné. On ne saurait trop imaginer l’importance des mots dans la conception des chansons de Beach House. Là aussi tu comprends, les voir prononcer par d’autres artistes n’était pas anodin. La dimension créatrice qui en est ressortie est tout simplement fascinante.

Pourquoi avoir fait le choix d’auto produire l’album ?

Cela paraît plus important que ça ne l’est en réalité. Nous étions déjà sur le point d’inclure une structure… Nous avions déjà tellement d’idées. Nous avons juste commencé à travailler sur le projet. En plus de cela, nous avons toujours été essentiellement nos propres producteurs…. Lorsque la pandémie a frappé et que les confinements ont été décrétés, les restrictions au niveau des voyages ont simplement confirmé ce que nous savions déjà, que nous continuerions seuls.

En analysant rétrospectivement, y a-t-il un thème pour chaque album ?

Les albums contiennent naturellement de nombreux thèmes. Dimensions… Emotions… Couleurs… Histoires abstraites… Chaque album est essentiellement le reflet de ce temps et de cette énergie. Alors oui, si je devais regarder en arrière, je pourrais probablement analyser chaque album d’une manière ou d’une autre. Mais cela prendrait trop de temps pour cette interview (Rires).

Comment trouvez-vous les titres des albums ?

Le travail acharné, la chance, la foudre, l’instinct, les visions, les jeux de mots, l’attention… L’écoute et l’écriture.

Quel est votre film français préféré ? Votre artiste musical français préféré ?

Il y a tellement de films… J’adore les films de François Ozon, Eric Rohmer… ”Sans Toit Ni Loi” d’Agnès Varda, le film français “Milou en Mai” de Louis Malle, “37°2 Le Matin” de Jean-Jacques Beineix (quel réalisateur incroyable!). Il y a beaucoup de films et de réalisateurs français que nous apprécions. Côté musiciens : Serge Gainsbourg, Jean-Claude Vannier, l’album “Alone” de Françoise Hardy, l’album “Prose Combat” de MC Solaar (album absolument incroyable et je ne comprends PAS pourquoi il n’est pas sur Spotify), l’album “Moon Safari” d’Ai et leur bande originale du film “Virgin Suicides”. La liste pourrait être encore très longue !

 Quel est votre meilleur souvenir live ?

Voir Tom Petty jouer au festival Bonnaroo dans le Tennessee. Portishead au Palais Alexander à Londres, pour n’en nommer que quelques-uns. Pour Beach House, il y a eu de nombreuses nuits magiques : Primavera Sound 2010 à Barcelone, 7 Album Release show à Mexico en mai 2018. C’est difficile de choisir, nous avons eu tellement de chance !

Comment se passe le processus de composition avec Alex lors de l’écriture d’un nouveau disque ?

Cela dépend. Tout est plus ou moins différent à chaque fois. Bien sûr, l’idée finale est d’arriver avec un ensemble de musiques et de textes à associer ensemble pour créer des chansons. Mais si le fond est défini, la forme évolue et change constamment. A certains moments j’improvise et parfois c’est lui. Nous rebondissons sur les idées que l’autre exprime. Nous échangeons, avançons, reculons puis recommençons de plus belle. Il est question, là, de jeu et d’exploration. Parfois un simple rythme entendu quelque part va nous paraître très motivant, s’ensuit alors une superposition de petites choses les unes sur les autres. Pour répondre le plus simplement possible à ta question, je résumerais cet échange artistique à un jeu. Écrire une chanson pour Alex et moi relève, en grande partie, du ludique, et en une autre grande partie, de la foi.

Comment arrivez-vous avec Alex à créer ces sons et ces ambiances aussi singulières ?

Tout ceci résulte d’une alchimie initiée il y a des années. Peu de choses ont changé entre Alex et moi en termes de fusion artistique. Chaque album que nous avons fait contient de nouvelles sonorités, de nouveaux instruments que nous obtenons et dont nous nous inspirons. Il nous arrive aussi d’utiliser des éléments du passé. Il s’agit de la formule magique donnant, en une seule fois, vie et volonté propre à chacune des chansons. Les mélodies naissent de particules flottantes dans l’air, portées par les notes de la musique. Il existe de nombreuses combinaisons différentes et infinies que tous les accords ou rythmes peuvent inspirer. Autant de couleurs et de visions différentes, de progressions et de textures que nous aimons et dans lesquelles nous nous engageons.

Comment cultivez-vous quotidiennement votre spiritualité ? Est-ce par la musique ou par d’autres moyens ? (comme l’art, le yoga, la méditation ou autres ?)

Hummm…. En gardant à l’esprit que je vis dans le monde. Essayer de ne pas prendre cela pour acquis… Apprécier le ciel bleu et la pluie, la nature. Travailler sur ce qui m’inspire, être gentil même quand je me sens horrible. L’ Amour est une action, parfois une pratique. L’ Amour est tout.

Avez-vous d’autres projets après la tournée ?

Espérons qu’ils seront excitants ! C’est un sentiment merveilleux que de regarder vers l’avenir et de ne pas en avoir peur. Nous aimerions faire plus de musiques de film ou collaborer avec d’autres artistes.

Quelle est votre perception de l’évolution de la musique d’un point de vue artistique ?

Les choses changent très vite et je crois que tout est du domaine du possible… Mais les chemins sont vraiment différents pour chacun d’entre nous et personne ne devrait se sentir obligé de faire comme les autres. Il demeure essentiel d’ essayer d’être soi-même. Tant que vous pouvez trouver un endroit où vous perdre et croire en votre propre sens du créatif, sans interférence, alors, vous conserverez, espérons-le, cet univers intérieur créateur de nouvelles compositions musicales, tout en restant centré, sans risquer de se perdre dans l’industrie musicale.

Avez-vous prévu de donner des concerts privés / secrets en France, comme vous l’avez fait il y a de nombreuses années avec La Blogothèque « Les Soirées Poches» ?

Malheureusement, probablement pas, désolée…

 Vous étiez apparentée à Michel Legrand, a-t-il été une influence pour vous ?

Oui, je suis apparentée à Michel Legrand, mais je ne l’ai jamais connu personnellement. Seulement de façon éloignée. C’était un homme prolifique qui a énormément fait et travaillé avec tant d’artistes remarquables, tels que Miles Davis. Apparemment, l’un de ses regrets dans la vie, était de ne pas avoir travaillé avec Judy Garland… RIP…

Aurélie Kula

Le 02/06/2022 à Paloma – Nîmes (30).

www.beachhousebaltimore.com

 

 

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