Alors qu’avec la pandémie, Anne Sila n’a pu porter son second projet sur scène, aujourd’hui elle peut défendre son troisième album face à son public. Forte de son succès lors de la saison All Star de The Voice, ainsi que de sa tournée des premières parties des concerts de Florent Pagny, et avant la sortie d’un autre album (cette fois-ci de reprise de morceaux des 60/70’s), la chanteuse poursuit avec succès sa propre tournée à travers la France. Rencontre avec une jeune femme charmante et attachante.
Comment est né ce 3e album ?
J’ai commencé à écrire, sans savoir à quoi cela vraiment servir. C’était un peu avant le confinement. Ensuite, j’ai continué à fond pendant le 1er confinement. A cette époque, je ne savais pas réellement quoi faire. J’oscillais entre différents styles, le jazz, la pop, de l’anglais, du français. J’avais envie de faire un peu de tout, mais j’entendais régulièrement que ce n’était pas une bonne idée. Vu la période dans laquelle on était, on était un peu livré à soi-même, donc au final je me suis dit : “fais toi plaisir. Fais ce que tu as envie de faire, puis si cela ne marche pas, tant pis. Par contre, si cela marche, tu seras vraiment contente d’avoir fait ce que aimais”. J’ai donc quitté le label et les équipes avec qui je travaillais, pour faire mon truc toute seule. Je suis parti dans l’idée de faire avec mes moyens, tant pis si cela ne marche pas. Ce qui est marrant, c’est que pile au moment où j’ai pris cette décision, j’ai rencontré 1 ou 2 mois plus tard, le patron du nouveau label avec lequel je suis maintenant. Il m’a dit que c’était super, et que je pouvais faire ce que je voulais. J’étais super contente.
Tu arrives à nous livrer des choses profondes et “tristes” avec un enthousiasme fou, comment-est ce possible ?
C’est la 1ère fois que cela m’arrive de faire des chansons qui ne sont pas totalement en mode “dépression” (rires). Là, j’avais plus envie de pouvoir me moquer de moi-même, de rigoler de cela. C’est pour cela qu’il y a des chansons un peu rigolote, comme “J’attends le printemps”. Après, il reste quelques titres un peu plus “dark”, mais dans l’ensemble j’avais envie d’un album plus lumineux. Ce qui est bien, je trouve, c’est qu’à la 1ère écoute, on peut parfois se dire que le titre est joyeux, rigolo, etc. Mais à force d’écoute, on comprend réellement les paroles, et ce que l’ensemble veut dire.
Je sais que tu as déjà fait le doublage d’une voix Disney, mais tes propositions musicales très pop et virevoltantes font parfois penser à des musiques de Disney justement. Es-tu d’accord ? Est-ce volontaire ?
Déjà, cela me fait super plaisir, car j’adore Disney. Après, je n’ai pas essayé de faire quoi que ce soit, donc cela me plaît que tu puisses me dire cela. J’adore les arrangements un peu orchestrés, dans le style épique, en mode film, c’est en cela, je pense, que cela peut rappeler Disney. Dès qu’en plus tu rajoutes des paroles en français dessus, cela fait tout de suite Disney. C’est marrant, et cela me fait plaisir que tu dises cela.
Tu collabores avec Matt Simmons sur “Même si ça fait mal”, comment cela s’est fait ?
On avait déjà fait une collaboration sur mon 1er album, et il se trouve que l’on est amis depuis 10 ans. A l’époque, on jouait et on écrivait ensemble. J’allais le voir en concert dans des bars et des restaurants. Je faisais pareil de mon côté. Ce qui est rigolo, c’est qu’à ce moment, aucun de nous deux n’aurait imaginé que chacun ferait cette carrière. On était un peu comme tous les jeunes qui ont cette passion de la musique, à écrire, jouer, etc. On s’est perdu de vue, puis un jour je l’ai entendu à la radio, et je me suis dit je suis sûr que c’est lui. A ce même moment, je faisais l’Olympia (en 2016). On s’est recontacté et on a décidé de travailler ensemble sur mon 1er projet. Pour ce 3ème album, j’avais envie de montrer aux gens que l’on était pas toujours obligé de faire plus gros, plus grand et plus fort. Adorant travailler avec Matt, j’ai eu envie de refaire une collaboration avec lui. C’est bien de montrer que l’on peut faire des duos avec les mêmes personnes, sans que les morceaux soient identiques. D’une part, cela me faisait plaisir de faire un nouveau duo avec Matt, d’autre part, je voulais montrer qu’on n’est pas toujours obligé de faire des choses toutes plus dingues les unes que les autres.
Il y a également deux reprises sur ton album, pourquoi ces choix ?
“Je reviens te chercher”, c’est surtout parce que c’est le morceau qui m’a remis sur le devant de la scène, lors de la saison All Star de The Voice (que Anne Sila a d’ailleurs remporté). C’est donc une chanson qui me tient à cœur, surtout que je trouve qu’elle ne fait pas partie des titres les plus connus de Gilbert Bécaud. Cela m’a fait plaisir de la mettre sur l’album. La 2ème, c’est la chanson en turc. Je l’ai faite principalement pour faire plaisir à mon grand-père turc, que je ne vois pas si souvent que cela. C’est un morceau que j’écoutais souvent quand j’étais enfant. Ce qui est rigolo, c’est qu’à la base le titre a été fait pour l’Eurovision, en français, et le Luxembourg avait remporté l’édition du concours avec, en 1973.
En parlant de The Voice, as-tu toujours le temps de regarder le programme ?
Déjà je n’ai pas la télévision, donc c’est compliqué. En plus, je suis souvent en promo, donc je manque de temps. J’arrive à voir des extraits de temps en temps quand même, et je constate avec émerveillement qu’il y a encore plein, plein de talents !
J’ai eu la chance de te voir en 1ère partie du concert de Florent Pagny au Palais Nikaïa, est-ce bénéfique et positif de réaliser les 1ères parties de tels artistes ?
Ah oui, je trouve que c’est génial ce type d’expérience. Après, évidemment, cela dépend aussi de l’artiste avec lequel tu tombes. J’ai eu la chance d’être avec Florent, et surtout avec son public. Souvent, quand tu fais des premières parties, tu ne sais pas avec quel type de public tu vas te retrouver. J’ai eu la chance que le public de Florent ait compris qui j’étais, et m’a encouragé et poussé dès le départ. A la base, c’est vrai que le public ne vient pas pour toi, mais plus pour l’artiste principal. Florent m’a en plus aussi beaucoup aidé. Chaque soir, il me faisait un peu le débrief de qui allait bien, et ce qui allait un peu moins. Pour se préparer c’est génial, cela te met des coups de pression, et te calme de suite. Cela te rend immédiatement l’humilité (rires).
Justement maintenant, comment appréhendes-tu cette tournée ?
J’ai juste vraiment trop trop hâte ! Cela fait si longtemps, surtout que je n’ai pas eu la chance de pouvoir défendre mon 2ème album sur scène, avec le confinement. Cela fait presque 3 ans que je n’ai pas mis les pieds sur scène avec mon groupe. On a vraiment trop hâte d’y être. J’espère que cela va plaire aux gens. C’est notre vie de monter sur scène. Je ne connais pas grand monde qui préfère être en studio, plutôt que de partager avec le public sur scène.
Déjà de futurs projets pour la suite ?
Pour le moment, on est vraiment concentré sur la tournée. C’est important de pouvoir remercier mon public, c’est grâce à lui que j’en suis là. Après, oui je pense à quelques petits projets. J’ai toujours quelque chose en tête, toujours quelque chose en train de cuire. Cela mijote pour l’instant (rires).
Maxime Martinez
Le 23/11/2022, au CEPAC Silo, Marseille (13), le 24/11/2022, au Pasino – La Grande Motte (34), le 25/11/2022, au Théâtre Galli – Sanary-sur-Mer (83) et le 27/11/2022, à Acropolis – Nice (06).