ANDY MADDOCKS

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#NVmagZoom

Skam Records est un petit label de musique électronique expérimentale basé à Manchester depuis 25 ans. On lui doit notamment le lancement de Boards Of Canada, Team Doyobi, VHS Head, mais aussi de l’énigmatique collectif Gescom [prononcer « Guess-Com »] qui compte parmi ses membres Autechre ou Bola. Entretien avec le rare et très discret Andy Maddocks, patron du label et éternel privilégieur de qualité à la quantité.

Tu as commencé Skam en 1991 peu de temps après Warp et à peu près au même moment que Rephlex. Que se passait-t-il à l’époque pour que tant d’artistes électroniques abstraits sortent de nulle part ?

Il y avait juste beaucoup de gens autour de moi qui faisaient ce genre de musique, et il n’y avait pas de débouché, à part Warp et la compilation « Artificial Intelligence », les gens de chez Rephlex, des choses comme ça, il n’y avait pas grand-chose. C’était une progression purement naturelle des gens autour de nous, influencés par la culture rave et qui en sortaient en vieillissant un peu. On n’a rien vraiment planifié, tout est juste arrivé simplement.

 

Comment as-tu trouvé le nom de Skam ? Est-ce que cela représente quelque chose ?

Ha, c’est un secret ! Nah … « Some Knowledge About Music » [«Quelques connaissances sur la musique»]

 

La première sortie était Lego Feet mais ils étaient déjà signés sur Warp sous le nom d’Autechre. Qu’est-ce qui les a poussés à faire partie de Skam ?

Nous étions amis avant qu’Autechre ne signe chez Warp et avant de commencer Skam. Nous sommes vraiment de bons amis et ils faisaient de la musique. Pour Lego Feet, on ne l’a jamais vraiment sorti, on l’a juste donné à des amis, on n’y connaissait vraiment rien. Je n’ai pas vraiment commencé Skam avant 1994, c’est là que ça officiellement commencé. On faisait le tour des magasins de disques qui faisaient du dépôt-vente: tu leurs laisses cinq disques, ils te donnent un reçu, puis tu reviens deux mois plus tard et tu récupères 4 disques ou un truc du genre, donc c’est un processus vraiment fastidieux mais j’adorais ça parce que ça te permet de voir les réactions des gens à la musique et tout ça.

 

Es-tu la seule personne à sélectionner les artistes qui sortent sur Skam et comment les sélectionnes-tu ?

Oui mais je joue des choses aux gens et je respecte vraiment leur réaction, leur réponse, leurs conseils, donc c’est un processus démocratique vraiment, mais je sélectionne, oui, je sélectionne la musique.

 

Depuis 1994, tu as maintenu un flux assez régulier de sorties …

Oui.

 

Quelle est la charge de travail quotidienne de Skam ? Écoutes-tu beaucoup de démos ?

Oui. De nos jours, ce n’est pas si amusant d’écouter des démos parce que les artistes veulent de plus en plus de gratification immédiate, ils téléchargent quelque chose sur Bandcamp, Soundcloud, quelque chose comme ça. Ça finit par être une grosse masse de gens qui font des trucs et il devient difficile de choisir. Donc, les jours où je recevais des démos par boîte postale me manquent. J’appréciais vraiment ça. Et cette gratification instantanée gâche la musique en général, je pense. Les artistes n’ont pas de patience. Il n’y a donc pas de temps consacré à développer le son ou les aspects individuels de quelqu’un ou son utilisation de la musique, ou à apporter quelque chose d’individuel. Si tu trouves quelqu’un qui fait ça, c’est vraiment spécial, et c’est vraiment difficile. Cela n’arrive pas très souvent.

Le succès de Boards of Canada était exceptionnel et plutôt soudain.

Oui.

 

Comment cela a-t-il changé les choses pour Skam ?

C’est juste parti… vers le ciel. De façon très stable au début, mais c’était toujours plus. J’ai donc essayé de détourner un peu l’attention de ça et de m’en éloigner un peu parce que je ne voulais pas devenir … Tout ce que nous recevions, c’était des démos d’imitations de Boards of Canada ou Autechre. Nous avons donc toujours essayé de faire quelque chose d’un peu controversé juste pour nous préserver… C’est pourquoi nous sommes toujours là ! Parce que si on avait dit « Oui ! Nous sommes le label de Boards of Canada » et ouvert la porte à des tas de sons de type Boards of Canada, nous serions morts maintenant. Ce serait la fin de Skam Records. Pareil avec le son d’Autechre. Nous essayons toujours de ramener d’autres choses et de chercher de nouveaux styles, de continuer à bouger, tu vois … Je ne suis pas vraiment … Je suis plus un homme de musique qu’un homme d’affaires, L’argent ne m’intéresse pas tant que ça, tu sais.

Le label «IDM» [Intelligent Dance Music] a été donné en tant que genre à la musique présentée sur Skam. Comment gères-tu ce nom ? Tu le trouves irritant ou tu l’acceptes ?

Euh … Je l’ignore juste. Parce qu’au fil des ans, nous avons eu tellement de noms différents, tu sais, de genres différents. Dans mon esprit, c’est juste de la «musique électronique», de la «musique électronique instrumentale».

Gescom est un projet qui a un line-up différent à peu près à chaque fois. Pourrais-tu nous dire comment il a évolué au fil des ans?

C’était un cas de 3 personnes assises dans un studio: «Ok, faisons quelque chose, faisons de la musique». Il n’y a pas de «Bon, on va se rencontrer ce jour-là et …», non, c’est très naturel.

Combien de personnes cela implique-t-il ? Ça peut monter à 10 ou 20 ?

Ça varie, ça varie. Mais oui ça peut. Ça peut être 8 un lundi et 20 un mardi.

Quoi de neuf pour Skam ? Tu as des news, des signatures ou des sorties à venir?

Oui, nous avons de nouvelles choses qui arrivent… Je n’aime pas vraiment parler de ce qui est imminent, pour être franc, mais oui, il y a beaucoup de choses intéressantes qui se passent. Nous avons juste besoin de faire plus de sorties, vraiment, parce que notre calendrier de sortie en ce moment est trop lent. Il faut qu’on sorte plus de choses.

 

Christopher Mathieu

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