#NVmagZoom
Inconditionnellement l’un des groupes les plus importants de la scène post rock actuelle, 65daysofstatic n’en finit pas de surprendre son public au fil de sa discographie. Le dernier projet en date des musiciens originaires de Sheffield n’est autre que la réalisation de la bande-son du jeu vidéo de science-fiction « No Man’s Sky » développé par Hello Games. Sean Murray, le concepteur de ce studio est un grand fan et a contacté le groupe pour cette raison afin de leur demander de contribuer à cette incroyable aventure, sur laquelle nous avons souhaité en savoir plus auprès de Paul Wolinski.
« No Man’s Sky : Music For An Infinite Universe » est l’une de vos œuvres les plus ambitieuses. Arrivée comme une bénédiction, puisque c’est Hello Games qui vous a d’abord contacté par mail après avoir utilisé votre titre « Debutante » dans une bande-annonce. Est-ce que vous avez ressenti une grande pression durant l’enregistrement de cet album ?
Il y avait effectivement beaucoup de pression. C’était très dur mais pas plus que pour la réalisation d’un album « classique » je dirais. C’était simplement différent dans le sens où nous étions confrontés à des difficultés inhabituelles, comme celle de n’être qu’une petite partie d’un concept immense. C’était flippant ! Il n’y a qu’à évaluer la puissance des aspects esthétiques et stylistiques de « No Man’s Sky » dans un premier temps pour s’en rendre compte.
Votre premier essai concernant les bandes originales a été la reprise de la musique du film « Silent Running » de Douglas Trumbull. Est-ce que le procédé d’écriture de « No Man’s Sky » était différent de cette production ?
Le projet musical « Silent Running » était initialement conçu comme une sorte de bande son que nous pourrions jouer en live tout au long du film. Donc en soi, cela était même différent du concept traditionnel de bande originale. Aussi, il s’agit là d’un vieux film qui n’a pas été modifié pour l’occasion et qui ne changera jamais, peu importe le nombre de fois qu’on le regarde. Nous avons alors écrit cette musique d’une manière très linéaire avec des laps de temps spécifiques pour l’inclure précisément dans chaque scène. Cette méthode est à l’exact opposé de celle que nous avons dû adopter pour « No Man’s Sky », puisqu’il s’agit d’un jeu pensé pour être infini. Chaque joueur accomplira des tâches différentes dans des ordres différents, donc la musique doit être arrangée en fonction de ces expériences individuelles. Il fallait que ces morceaux aient la liberté d’être retravaillés de façons infiniment différentes. Il y a avait donc, autant pour « Silent Running » que pour « No Man‘s Sky » la similarité de devoir créer une bande son fidèle à l’atmosphère sonique de l’œuvre visuelle d’autres artistes, mais au-delà de ça, les approches techniques étaient totalement différentes.
Aimeriez-vous contribuer à d’autres bandes originales à l’avenir ? Et si oui, le feriez-vous pour des films ou des jeux appartenant à un autre registre que celui de la science-fiction ?
Absolument. Même si je ne sais pas encore exactement à quel genre on s’attaquerait. J’apprécie le fait que la science-fiction semble correspondre à notre musique mais ce serait intéressant d’être mis au défi lors d’un projet qui nous imposerait des approches que nous ne connaissons pas. Comme par exemple ne pas utiliser de synthétiseurs, de grosses batteries ou de guitares puissantes. Ça nous permettrait de sortir de notre zone de confort.
Vous avez déclaré à plusieurs reprises que vous adorez jouer en live. Vous tournez régulièrement depuis presque 16 ans désormais. Est-ce qu’il y a des éléments concernant vos concerts dont vous vous êtes lassés avec le temps ?
Non, c’est toujours ce qu’on préfère sans aucun doute. Voyager dans le monde entier et rencontrer autant de personnes à chaque séjour est quelque chose d’extraordinaire et les performances live représentent une telle récompense. Lorsque nous enregistrons nous ne sommes toujours que tous les quatre dans un studio à Sheffield et une fois qu’un album sort, nous ne l’écoutons plus vraiment et nous ne pouvons pas nous connecter avec nos fans à ce moment là. Les concerts sont là pour ça, et c’est pour cette raison que c’est si spécial pour nous, surtout en ce qui concerne les toutes premières dates de tournées. Ça apporte quelque chose de frais à nos compositions. Je dirais seulement que parfois, après 16 ans de carrière, je peux être lassé des balances et du fait de charger et décharger notre van entre chaque concert (rires) !
Il y a 8 ans de ça, vous avez eu l’honneur de faire la première partie de The Cure. Vous avez aussi réalisé des remixes pour ce groupe et collaboré avec Robert Smith (« Come To Me »). Souhaiteriez-vous éventuellement travailler et/ou partir en tournée avec un autre groupe de cette importance ?
C‘est une bonne question mais je ne sais pas… On ne rêvait pas nécessairement de tourner avec The Cure. Evidemment c’était une expérience incroyable et c’était merveilleux de les rencontrer et de jouer face à des foules aussi immenses. Mais c’est étrange pour nous d’avoir un tel souhait parce que nous aimons être entre nous. Ceci dit, je suis un grand fan de New Order et ce serait fantastique de pouvoir travailler avec eux. Mais si l’occasion ne se présente pas, tant pis. Je suis déjà tout à fait satisfait d’écouter leur musique et d’avoir 65days pour moi. C’était génial de collaborer avec Robert, mais cela ne s’est pas fait parce que c’était Robert Smith. Nous avions besoin de chœurs pour une nouvelle chanson et nous étions en train de nous demander vers quelle personne nous tourner parmi les chanteurs de notre entourage, et il s’avère que c’était juste après cette tournée en particulier. Par chance, il a accepté ! Ce n’est pas vraiment l’idée que les gens auraient pu avoir de cette collaboration, ça venait juste d’une idée, sortie un peu de elle part… De toutes façons, nous ne travaillons pas bien avec les autres, nous sommes une force insulaire.
Juste par curiosité, afin d’informer les 65kids parmi nos lecteurs, est-ce que vous avez prévu de sortir un nouvel album de Polinski (son projet solo ndlr) bientôt ? Est-ce que vous savez aussi si Joe, Rob ou Simon ont des envies de projets parallèles ?
J’aimerais bien, mais 65days m’occupe déjà beaucoup. Ceci dit, ce qui me plaît avec mes projets musicaux, c’est que je n’ai aucune pression sur le fait de vendre un certain nombre de disques pour garder un certain type de public. Je fais quelque chose quand bon me semble. Mais effectivement pourquoi pas, car c’est toujours cool d’exprimer des choses que je n’exprimerais pas forcément avec le groupe. Dans tous les cas ce ne sera pas dans un futur proche. 65days sera toujours ma grande priorité. Concernant Joe et Rob je ne sais pas, mais Simon a posté sa musique en ligne. Il est plutôt focalisé sur l’analogique. Sa musique penche généralement plus sur le drone, c’est très minimaliste et c’est vraiment bon ! Il fait ça sous le pseudo de NVLL, vous avez son lien Bandcamp disponible sur notre site officiel.