THIS IS NOT A LOVE SONG

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#NVmagLiveReport

TINALS est l’acronyme chantant de ce festival nîmois, devenu en 5 ans l’incontournable de la scène indie rock. Trois jours exceptionnels riches en musique et en émotions. Les fondateurs ont conçu une vision utopique de ce que peut-être un festival : un cadre idyllique, de la musique de qualité, une atmosphère chaleureuse, de l’énergie, du DIY et de la créativité, le tout enveloppé d’esthétisme. Le pari est réussi ! Tinals est avant tout une aventure collective. Deux après-midi sont gratuites et offertes à tous. Une programmation « spéciale minots » est proposée, avec notamment la pop féérique du songwritter japonais Shugo Tokumaru et le blues du multi-instrumentiste Bror Gunnar Jansson.

Pour cette 5ème édition, on comptabilise 47 heures de live avec 52 groupes programmés, dont 7 groupes régionaux (Clan Edison – Hellolisa – Les Grys-Grys – Le Superhomard – Mofo Party Plan – Norma – Oceanic Memory). Le cadre ludique permet de virevolter d’un concert à un autre autour des cinq scènes. Deux univers sont proposés : 2 salles de concert au sein de la structure Paloma (climatisées) et 3 scènes extérieures au milieu de la végétation, qui donne cet aspect si singulier. Les spectateurs construisent leur programme et chacun peut y créer son propre festival (Do it Yourself). Tinals est un événement à taille humaine où l’on circule facilement et où l’on passe de découvertes en découvertes. Mais bien évidemment, c’est surtout l’occasion d’y voir les grosses pointures de la musique. Lot de nouveauté cette année avec la Love Room, un club pour y faire des rencontres, des animations (karaoké) et danser sur un dancefloor survolté. La scène Bamboo dressée au milieu de la verdure accueilla entre autres Kokoko, Show Me The Body, Superhomard, Goat Girl, Shame et Baroness. Le Patio scène de proximité au sein du jardin éphémère avec une ambiance intimiste. Le DIY du concept originel du festival se retrouve au concret dans les ateliers récréatifs. On peut y confectionner son bijou flashy en bonbons, des couronnes de fleurs, faire de la sérigraphie ou enregistrer un morceau, dénicher de précieux vinyls et vêtements rétros. Cerise sur la Fender, on y célèbre même des mariages. Dans ce petit coin de paradis, Elvis a consacré en trois jours pas moins de 487 mariages allant du fantasque au fantastique. C’est sous une chaleur estivale avec une moyenne de 35 degrés que l’aventure commence.

 

Jour 1

La crème du rock indépendant actuel est présente ainsi que l’ouverture vers d’autres styles. Le festival finalise ses promesses en réunissant les pionniers et groupes historiques de la scène 90’s. La programmation du vendredi soir faisait place à l’éclectisme avec des sons plus urbains avec des groupes comme Moderat ou encore Flying Lotus qui fleurtent avec la pop électronique; les artistes Mick Jenkins et Danny Brown avec un style entre hip hop et black soul. Quelque soit la scène, la proposition artistique novatrice et leurs prestations laissent rarement indifférents. L’impressionant set de Flying Lotus avec son vjing hors pair et ses visuels 3D nous en a mis plein les yeux et plein les oreilles. D’entrée de jeu, il rend hommage au thème de la série culte « Twin Peaks » de David Lynch composé par Angelo Baladamenti. Un clin d’œil pour la sortie récente de de la saison 3. Tous les styles fusionnent : IDM, hip hop (il slam brillament sur scène), jazz, breakcore, downtempo. Mais le rock indé reste toutefois au cœur de la programmation. Preuve en est, l’ouverture du festival par la fraîcheur des Yassassin et du grunge énergique des Goat Girl.

Le canadien Andy Shauf, calme et timide, nous a envoûté avec son univers folk planant ; un délicieux moment hors du temps à la fois doux et poétique. N’hésitez pas à écouter le titre « The Magician » tiré de son dernier album « The Party ».

Nous retrouvons ensuite pour quelques frissons les nîmois Clan Edison, dans le cadre intimiste du Patio, avec leur musique teintée de folk blues. Puis c’est en extérieur, que l’on profite de la voix rauque et à l’influence country de Growlers, suivi de la prestation d’Alex Cameron au déhanché inimitable. Mention Spéciale pour The Make Up, groupe cultissime ; un mélange incroyable de Mike Jagger, James Brown et Prince avec une énergie folle, à la fois loufoque et enragée. Les quatre membres sont habillés d’un costume à strasse rose, rappelant l’esthétique des années 70’s. Ils n’avaient pas mis les pieds en France depuis 15 ans et leurs live sont rares. Un conseil, ne les râtez surtout pas si vous en avez l’occasion. C’est avec le live garage rock de Spring King que se clôturera la soirée du vendredi, avec les poils des bras hérissés.

 

Jour 2

Pour débuter, ce deuxième jour de festival, Baptizen & Secret Yolk nous propose du blues punk aux sonorités métalliques. Dès la fin d’après-midi, le site est déjà rempli de monde. Sur la scène Mosquito, nous retrouvons le groupe Requin Chagrin avec son mélange de pop, surf music et ses textes en français. Deux requins gonflables au milieu du public valsaient dans les airs et accompagnèrent les artistes tout au long du concert. Puis ce fut au tour de Superhomard, groupe avignonais à la pop rétrofuturiste, suave et sexy.

Vivianne Roy compositrice, auteure et interprète alias Laura Sauvage fut une belle découverte. Venue tout droit de Montréal, vous pouvez la découvrir en écoutant l’EP « American Submarine » (2015) ou le dernier album intitulé « Extraordinormal ».

La musique d’Hidden Charms est intemporelle et on ne s’en lasse jamais. La performance de ces anglais au style garage psyché nous a bel et bien charmé et leur talent a eu du mal à rester caché.

Les écossais Primal Scream perdurent depuis plus de 30 ans. La musique du groupe est aussi bien influencée par le rock classique des années 1960, tel que les Byrds ou les Rolling Stones, que par les musiques plus expérimentales. La discographie de Primal Scream est ainsi assez éclectique. C’est fabuleux de pouvoir assister à autant de concerts en une seule soirée et de pouvoir y voir de telles pointures tout en découvrant une nouvelle scène qui perpétue l’héritage musical. Si vous aimez RATM, Beastie Boys ou encore Sonic Youth alors le groupe américain Show Me The Body est fait pour vous ! Croisement entre le punk, rock et le hip hop, c’est bruyant et ça dépote en live. On en a plein les oreilles et on en redemande encore.

De nouveau sur la scène Mosquito, HMLDT dont le véritable nom est « Happy Meal Ltd », nous a livré un live bowesque à l’énergie folle et bordélique. On y retrouve des influences notamment du groupe mythique anglais Gong et des sonorités éléctroniques actuelles. Prestation admirable pour ce jeune groupe londonien, qui obtiendra le succès qu’il mérite. La relève est assurée !

Sans contexte le groupe le plus attendu de la soirée Thee Oh Sees avec leur live énergique et électrique. Venus tout droit des Etats-Unis, ils sont venus nous mettre une rouste ! Thee Oh Sees est à l’origine un projet solo du guitariste et multi-instrumentiste John Dwyer, musicien actif de la scène punk californienne des années 1990. C’est sur cette dernière fabuleuse prestation que s’achève cette deuxième soirée.

 

Jour 3

Cette dernière journée dominicale débute avec un groupe régional rock montpelliérain nommé les Grys-Grys à l’influence rock sixties. Puis, l’incroyable Frank Carter mit le feu sur la scène Flamingo en cette chaude fin d’après-midi. L’artiste s’investit auprès de son public avec force et vivacité. Son côté totalement imprévisible a fait décoller son public et a ainsi créé l’engouement des spectateurs. Lui et son guitariste continuent le show tout en se jetant dans la foule extatique. Frank Carter nous a transmis son amour, sa générosité mais aussi sa révolte. Empli de gratitude envers son public, le groupe montre une grande générosité sur scène. Une prestation hautement appréciable qu’il faut absolument voir en live.

C’est au tour du groupe Pond, groupe de rock indé psychédélique australien, à l’influence 70´s : synthés planants et guitares distordues. S’en suit l’excellente prestation envoûtante de The Black Angels dont le nom s’est inspiré d’un titre des Velvet Underground. Le groupe originaire du Texas est actif depuis 2004 et ne cesse de nous surprendre avec son rock psychédélique de qualité.

Place aux très attendus Royal Trux, groupe américain de rock indépendant formé en 1987 à Washington D.C. par Neil Hagerty (ex-Pussy Galore) et Jennifer Herrema. Ils exécutent le concert éméchés faisant preuve d’audace, énergie, endurance et malgré tout de qualité instrumentale. Les Death Grips, une claque punk rock, hip-hop et musique bruitiste.

Depuis presque 30 ans le groupe de rock alternatif Teenage Fanclub continu de tourner. Les trois membres permanents du groupe depuis sa création sont Norman Blake, Raymond McGinley et Gerard Love. Leur dernier album « Here » est paru en France le 14 septembre 2016.

Enfin, pour clôturer le festival, le concert des australiens King Grizzard & The Lizard Wizard finalise ce week-end en beauté. Ces sept musiciens nous envoûtent et débordent de créativité, délivrant une musique multicolore au style garage qui se rapproche du rock psyché.

 

« Une programmation artistique courageuse qui fait aussi le choix d’artistes insolites, à la proposition artistique novatrice et dont les prestations ne laissent que rarement indifférents. Exigeant mais surtout pas élitiste, le festival fait également le choix de parsemer sa programmation d’artistes plus identifiés du grand public. S’appuyant d’abord sur la notion de musique indé et les groupes qui la défendent, qu’ils soient issus d’influences pop, folk, du rock punk, du hip hop ou pour certains marqués par des sonorités innovantes ou expérimentales, le festival s’inscrit au delà d’un courant musical, dans un véritable état d’esprit : transgressif et atypique. »

 

Tinals est en constante évolution. 16 000 spectateurs sont comptabilisés en 2017, soit 1000 de plus que l’année précédente. C’est aussi l’opportunité d’y voir des têtes d’affiche ou encore d’y faire de belles découvertes et enrichir son univers musical. Vous pouvez y allez les yeux fermés et prendre vos blind pass! En conclusion, une organisation huilée, des groupes de qualité, une décoration enchanteresse et un public venu de tout horizon pour partager ce moment privilégié…vivement la sixième édition 2018 !

Kula Aurélie

 

Du 09/06 au 11/06/17 à Paloma – Nîmes (30)

thisisnotalovesong.fr

 

Crédit photo (argentique noir et blanc) : Charles Pietri

 

Crédit photo : Aurélie Kula

 

 

 

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Aurélie rejoint l'équipe de Nouvelle Vague en 2013, en tant que rédactrice. Après plusieurs contributions, elle intègre le bureau du journal au sein duquel elle effectuera les missions liées à sa nouvelle fonction de secrétaire de rédaction pendant plusieurs années, ce qui l'amènera à couvrir beaucoup de concerts et de festivals, comptes rendus et interviews d'artistes de renoms et internationaux. Aurélie est en charge du "Son du jour" sur la page Facebook de Nouvelle Vague, publié tous les jours à 13h. Amatrice de jazz, IDM, dream pop, néo classique et de punk rock (en gros FIP), elle est aussi une grande collectionneuse de vinyles. Ses autres passions sont, à ce jour, la photographie, la littérature, la basse, les arts martiaux et le yoga. A présent, elle travaille en tant qu'assistante de production pour l'influenceur Nota Bene, youtuber spécialisé dans la vulgarisation de l'Histoire et le Gaming.

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