Le 30/04/18 à la MJC Picaud – Cannes (06).
#NVmagLiveReport
Quel plaisir de voir la MJC Picaud pleine de vie et de vibrations musicales ! S’il fût un temps où obtenir un Coca nécessitait une réunion du conseil d’administration et le boire frais, la signature d’une convention avec la mairie de Cannes, la soirée du lundi 30 avril nous laisse espérer que c’est bien une époque révolue car ce soir nous avons retrouvé un personnel avenant et sympa, une convivialité réelle et un concert sans mur entre public, musiciens et staff de la MJC. Un public nombreux, chromatiquement bigarré, socialement et générationnellement diversifié socialisait paisiblement mais activement à mon arrivée et annonçait la soirée sous les meilleurs auspices. Le reggae est un petit monde dans le coin et les amateurs les plus constants dans leur amour de cette musique finissent par se connaître et prennent plaisir à se retrouver, c’était aussi mon cas. Les Chillers, le groupe local, ouvrait la soirée. Si j’ai vu les Chillers sur scène 3 fois avant ce concert, les voir sur une vraie scène avec un son irréprochable assuré par Live Acosustic (juste un peu moins d’infrabass et plus de médium sur la basse SVP) était pour moi une première, comme quoi tout ce que je vais voir et entendre aujourd’hui n’est pas tombé du ciel. L’écrin était donc prêt pour constater l’avancement artistique du groupe qui m’a vraiment fait plaisir car c’est le fruit d’un travail constant sans, pour les quelques groupes reggae azuréens, pouvoir profiter d’un vivier de musiciens reggae comme on peut en trouver à Marseille. Ce qui marque en premier c’est la qualité des voix et des arrangements vocaux, chacun des trois vocalistes tient sa place avec brio et l’ensemble respire la qualité et la concentration mais surtout le travail de groupe, un chanteur plus mélodieux, l’autre plus rythmique et la fille du groupe avec une voix soul qui vient équilibrer l’ensemble. C’est un trio vocal très bon niveau que le groupe présente et c’est indispensable sur le registre fusion / new roots qu’à choisi The Chillers et qui cadre pile avec ce que j’aime le plus. Le Band suit les 3 chanteurs avec compétence et application même si on pourrait encore demander plus d’énergie rythmique à l’ensemble. Je suis agréablement étonné par la prestation du groupe qui avance et travaille avec constance pour maîtriser aujourd’hui leur répertoire et leur style tout en syncope et en variations rythmiques. Si les arrangements sont encore un peu téléphonés pour quelqu’un comme moi qui connaît très bien le travail des groupes reggae, les Chillers sont en bonne voie pour s’approprier encore davantage leurs propres compétences et trouver un style plus personnel. Les sonorités et les ambiances hip hop ou encore des mélodies vocales évoquant par moment un son disco très dansant, me font dire que la fusion sied bien au groupe que je verrais bien s’orienter vers une couleur plus africaine à l’avenir. En deuxième partie c’est l’inusable Rod Taylor qui montait sur scène accompagné par les toulousains de Positive Roots Band. Alors qu’il a sorti son premier single en 1975 et son premier album en 1980, Rod est toujours présent. Le plus marseillais des jamaïcains s’est en effet installé en France depuis plus de 25 ans. Sa voix très 70’s et son timbre à la Horace Andy n’ont pas bougé en 43 ans de carrière et malgré son quotidien français l’authenticité originale est toujours là, son costard et son chapeau blancs aussi. Avec un band qui groove bien à la section basse batterie très puissante et pulsante, les classiques du chanteur s’égrainent sans trou d’air, le public répond et c’est un show de bon niveau que Rod Taylor a présenté. L’âge semble lui réussir et si parfois il pouvait être décousu et manquer d’application, ce n’est plus le cas aujourd’hui et il nous offre un petit voyage dans le temps et dans l’espace. Nous repartons tous de la MJC avec un sourire de plénitude, artistique mais aussi humaine car le dialogue et la rencontre ont été de la partie, c’est ce que permettent les lieux emplis de convivialité comme Picaud. La libre circulation entre salle de spectacle et l’extérieur est vraiment importante pour conserver la possibilité et le plaisir de retrouver ses anciens et futurs amis. Une excellente soirée pour moi et l’ensemble du public reggae qui manque réellement d’occasions de rencontre. Pourquoi tous les lundis soir ne se vivent pas comme ce 30 avril ? Non j’arrête je me fais souffrir ! Il faudra patienter jusqu’au 26 mai pour retrouver tout ce petit monde à proximité du lac de Saint Cassien pour le Roots du Lac.
Emmanuel Truchet