Le 17/12/2024 au 6Mic – Aix-en-Provence (13).
Un mardi soir à Aix-en-Provence. Il est important de le préciser, pour essayer de comprendre les contours d’un remplissage si faible pour un date si belle. Depuis le début ou presque, le 6Mic imagine – au-delà de têtes d’affiches qui attirent les foules – des rendez-vous pointus et abordables qui offrent à entendre ce que la scène rock indé française a sous le capot. Un vrai cadeau, en somme, pour un public aixois qui ne jouit pas d’une proposition musicale outrancière… Quelle tristesse, donc, de constater que malgré la venue d’un groupe qui fait vibrer l’actualité rock, les auditeurs n’aient fait le déplacement qu’en nombre restreint.
À petite jauge la plus petite salle (le club peut tout de même accueillir 800 personnes); et malgré cela, un public plutôt éparse. Qu’à cela ne tienne, les trois musiciens de Slift ont l’énergie scénique et musicale du double ! La set-list, fruit de leur dernier opus « Illion », donnerait presque envie d’être jouée d’un trait, tel un très long voyage brutal et brumeux à la fois. En effet, c’est bien là, la force du groupe : prendre ça et là les codes musicaux de styles balayant le métal, le punk ou le psyché, le tout dans le même morceau, parfois. Caressant le fans de moments suspendus dans des nuages chargés, et le giflant l’instant suivant de riffs métalliques décolleurs de tympans. Tirant largement vers un tout relativement violent, le concert s’habillait de projections complètement psychédéliques, ajoutant à la musique et au chant du trio un costume fait sur mesure. L’on regrette tout de même un mixage des voix parfois très en dessous, ne permettant quasiment pas de percevoir, sinon les paroles, du moins la ligne de chant. Malgré une énergie parfois inégale, on ne peut rien redire de l’expertise de chacun des membres du groupe, qui sont autant de virtuoses de la batterie, la guitare et la basse que d’intelligents mycologues de textures : le travail des nappes sonores et autres pistes aux machines sont un vrai plus.
Nous conseillons à qui veut le lire de faire l’expérience de ces soirées Club-indé, qui s’émancipent de toute visée commerciale, et sont à chaque fois des promesses de découverte et de joie auditives.
Lucie Ponthieux Bertram
Photo : Lucie Ponthieux Bertram.