Le 03/10/19 à l’Espace Julien – Marseille (13).
#NVmagLiveReport
Depuis l’annonce de leur passage à l’Espace Julien, le buzz enflait. Personne en ville ne semblait vouloir rater les Sleaford Mods. Plus de 10 ans d’existence, 11 albums au compteur et un seul passage dans la cité phocéenne jusqu’à ce 3 octobre. Autant dire que le duo post punk de Nottingham était attendu pour défendre sur scène un “Eton Alive” plus énervé que jamais. Même si, étonnamment, des billets sont encore en vente au guichet, la salle se remplit peu à peu et atteint une jauge plus que correcte lorsque déboule sur scène The DSM IV. Coupe mulet pour le chanteur, look improbable sportswear année 80 pour tout le groupe – guitare, basse, clavier et chant – la surprise est de taille. Je m’attends à devoir ronger mon frein pendant les 45mn de leur set mais c’est sans compter sur le fait que leur rock énergique donne envie et fait bouger. Le chanteur et son bassiste semblent jouer leur vie sur scène. Lui va descendre plusieurs fois dans la foule, haranguant un public qui répond présent. À l’arrière, la guitariste, impassible, assure avec les claviers une rythmique implacable. Le spectacle est étrange mais impossible de regretter cette première partie qui chauffe la salle à blanc. Et de blanc justement il est question lorsqu’arrive le tour des Sleaford Mods. La scène est nue, vide d’instruments ou de matériel, jusqu’à ce qu’un technicien vienne poser trois caisses de bière scotchées ensemble pour servir de support à l’ordinateur d’Andrew Fearn. Quelques câbles et un pied de micro viennent compléter l’ensemble. La formule du duo a beau être connue, difficile de ne pas se demander ce que ça va donner… Bref, le changement de plateau sans doute le plus tranquille de l’histoire de la musique ! “Loose” des Stooges tourne en fond sonore. Le morceau maintient la salle, qui n’en a pas vraiment besoin, en état de chauffe. Et puis les enceintes crachent un “Communication Breakdown” sur lequel les Sleaford débarquent, très exactement et comme prévu à 21h30. Et comme prévu aussi, tout démarre très vite. Le sample est lancé, Jason Williamson hurle ses textes. Il va moduler sa voix en fonction des morceaux, jouant de son pied de micro comme d’un instrument, parlant tantôt au public tantôt dans le vide ou comme à lui-même. Imprégné de sa musique. Possédé. Andrew Fearn l’interroge parfois du regard pour savoir quand lancer le prochain morceau mais c’est chaque fois avec un hochement de tête que Williamson lui dit d’enchaîner, sans aucun temps mort. Ce n’est pas trop difficile quand on se contente d’envoyer les morceau sur l’ordi en hochant la tête, une bière à la main, British coolitude oblige. C’est une autre paire de manches quand on crache sa voix. Williamson est très vite trempé. La température est incroyable, chaude comme l’ambiance survoltée ce soir. Alors bien sûr même en connaissant les thématiques abordées et les tranches de vie balancées crûment, je ne comprends pas toutes les paroles dont ressortent un nombre incalculable de “fuck”, “fukin’” et autres “cunt”. Mais ce n’est pas grave parce que l’énergie dégagée suffit à mon bonheur. Et je ne suis pas le seul apparemment ! Si les pogos ont démarré depuis longtemps, ils se déchaînent véritablement sur “Jolly Fucker”. Au bout de 45 mn le concert se termine. Il y aura bien trois morceaux en rappel, mais tout ça nous amène péniblement à 1 heure de concert. Malgré quelques grondements, je pense que c’est finalement le bon timing pour quelque chose qui reste quand même assez répétitif. Mais compensé par un vrai show. Et à voir les sourires éclairer des visages trempés quand vient l’heure de rentrer, je me dis que j’avais raison : ce n’est pas la durée qui compte, mais l’intensité. Ce soir on a été servi !
Laurent Bruguerolle
Photo : Laurent Bruguerolle (www.laurentbruguerolle.zenfolio.com)
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THE DSM IV
SLEAFORD MODS