Le 18/01/2024 au Théâtre Alexandre III – Cannes (06).
Pour ce premier concert des Jeudis du jazz 2024, le théâtre Alexandre III met la barre haut en recevant Émile Parisien et Roberto Negro dans leur projet “Les Metanuits”. Comme nous l’explique le pianiste italien, ils vont jouer, pour nous, leur relecture du premier quatuor à cordes de György Ligeti (1932-2006) adapté, réinventé pour un piano et un saxophone soprano. Quelques partitions sont déployées, un léger temps de concentration, une petite intro au piano et c’est parti. “Allegro grazioso”, le premier des thèmes empruntés au compositeur hongrois qu’ils vont enchainer d’une seule traite. Si vous connaissez ces Métamorphoses Nocturnes (autre nom du premier quatuor) vous serez surpris et si vous ne les connaissiez pas vous le serez aussi, car on entend tout autant du Parisien et du Negro que du Ligeti. C’est la magie de ce duo. On ne saurait trop décrire avec des mots ce concert tant les deux musiciens le vivent intensément –le public aussi – On connait les envolées d’Émile Parisien qui joue avec son corps, les bras, les jambes participent à l’interprétation du morceau.
Roberto Negro quant à lui fait totalement corps avec son clavier, il le caresse, le brusque, le frappe d’une courte baguette, les doigts, le bras, le coude sont activement sollicités. Les musiciens deviennent acteurs d’une pièce qu’ils inventent au fur et à mesure des notes qui sortent de leurs instruments, les regards complices permettent de lancer une nouvelle variation, de faire une pause le temps d’un temps avant, d’un trille, repartir de plus belle dans un “subito prestissimo”. Le final sera plutôt “furioso”, lassant pantois les spectateurs et, manifestement, épuisés les deux compères. Mais ils reviennent pour un rappel, “une chanson d’amour” nous disent-il. D’amour peut-être mais pas vraiment une ballade romantique, on croit reconnaitre la mélopée de “Motherless Child” (“Sometimes I Fell Like”) mais peut-être n’était ce qu’une illusion. Un concert qui restera dans les annales!
Et si vous n’avez pas pu venir, écoutez leur disque paru chez ACT Music.
Jacques Lerognon
Crédit photo : Jacques Lerognon