RENAUD

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Le 26/09/2023 à Anthéa – Antibes (06).

Octuor de cordes composé de jolies jeunes femmes, un pianiste et un accordéoniste en fond de scène, tous sobrement vêtus de noir avec une note de rouge mais aucun percussionniste – tout cela laisse présager un concert intimiste. Un Renaud ébouriffé en baskets rouges rutilantes apparaît, la mise en scène est soignée, le public est extatique, on s’attend à ce que la magie opère, ma voisine d’un certain âge me dit “je suis venue voir Renaud, le poète”, la musique commence… et là, c’est le drame: le poète baragouine des paroles incompréhensibles, et même quand on les connaît par cœur, il faut être bien accroché. Le public assiste à la scène avec effroi et politesse et semble se demander si ça va être comme ça tout du long. La réponse est oui. Il n’y a que dans ses interventions entre les morceaux que l’on pourra comprendre jusqu’à 8 mots sur 10 (contre 1 à 2 sur 10 pendant les chansons). Des chansons dont les lignes mélodiques semblent également n’être là qu’à titre indicatif tant il les revisite vocalement. Et pourtant, les traits d’humour de Renaud font mouche, comme quand un grand silence s’installe alors qu’il boit un verre d’eau et qu’il juge bon de nous rassurer que ce n’est que de l’eau. Il admettra n’avoir plus touché à une goutte d’alcool depuis 3 ans et avoir également arrêté de fumer.

La sélection de ses morceaux semble elle aussi avoir été judicieusement étudiée, de ses ballades les plus attendues (“Morgane De Toi”, “Ma Gonzesse”, “Mistral Gagnant”, “La Pêche À La Ligne” ou “C’est Quand Qu’on Va Où ?”) à des morceaux plus entraînants qui embrasent la salle (“Marchand De Cailloux”, “Dès Que Le Vent Soufflera”), le tout magistralement interprété par son groupe, véritable pilier musical de ce qui aurait pu être un désastre sans eux. Il ne fera qu’une seule reprise: “Quand J’étais Chanteur” de Michel Delpech (un choix qui ne semble pas innocent), seul morceau de la soirée où il fera enfin porter sa voix sur le final, ce qui lui vaudra un tonnerre d’applaudissements. Au fur et à mesure que l’on se remémore un répertoire finalement très riche, et malgré la frustration de ne pas tout comprendre, on pardonne de plus en plus tant on se laisse emporter par le tout, résultant en une standing ovation sur laquelle on n’aurait pas nécessairement parié au début. “Le Chanteur Énervant” reste unique en son genre et sa magie est bien intacte. Tintintin !

Christopher Mathieu

renaud-lesite.fr

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