Du 08 au 23/07/2022 sur la Place du Grand Jardin – Vence (06).
Chaque année le festival des Nuits Du Sud a un défi à relever : il y a deux ans c’était le Covid, relevé sans mal avec les parenthèses. L’an dernier il fallait s’adapter à une place plus petite. Gagné haut la main. Il y a parfaitement la place de faire un festival sur la nouvelle place (fausse polémique) Cette année il fallait faire sans Téo Saavedra, l’homme qui a fait si bien grandir ce festival. Là aussi le défi fut relevé. La nouvelle équipe (radio Nova) a une compétence certaine, puisqu’elle organise déjà Rock En Seine. Elle s’est appuyée sur le concept du festival (créé par Christian Iacono et René Mongrandi) c’est-à-dire de la musique du monde, de qualité, dans un cadre familial (la place du Grand Jardin) en cœur de ville avec bars, restaurants, et fontaine ouverte, le tout à un prix défiant toute concurrence. La recette est éprouvée et elle marche à tous les coups. Ce fut encore le cas cette année avec une réussite publique et artistique indéniable. 25 ans obligent, les organisateurs ont eu une petite augmentation du budget ce qui a permis d’avoir des noms encore plus célèbres qu’à l’accoutumé. Les organisateurs nous ont proposé 8 superbes soirées avec à chaque fois une cohérence artistique impeccable.
Le 22 Juillet 2016, huit jours après le tragique attentat terroriste de la promenade des anglais Bob Sinclar avait rallumé la joie de vivre sur la place du grand jardin avec un set qui, 6 ans après, est encore dans les mémoires. Symboliquement c’est à lui que la nouvelle équipe organisatrice a donné la responsabilité d’inaugurer cette édition anniversaire. Vence s’est transformée en dancefloor géant. Là encore ce fut une réussite Lass ne se contente pas comme la plupart des groupes de reggae de faire du sous Bob Marley. Non, il a sa propre originalité, notamment en raison des sons électroniques Nous avions déjà vu (à deux reprises) et adoré Bonga sur la scène vençoise. Du haut de ses 79 ans, l’angolais a confirmé qu’il était en pleine forme avec sa Semba (fusion de musique africaine) Camelia Jordana fut la déception du festival. Le public partant au fur et mesure de la soirée ou s’endormant. Elle donna l’impression de ne pas y croire elle-même, puisqu’elle n’a même pas pris le temps de se looker (arrivant sur scène en cycliste…). Dommage car elle a beaucoup de talent, mais elle n’arrive pas à faire décoller sa musique métisse.
Berywam, belle surprise que ce groupe de beat box. De loin cela n’a pas grand intérêt, mais si l’on s’approche, on réalise que tous les sons d’instrument sortent de la seule bouche des quatre membres, le spectacle prend une toute autre ampleur. Oumou Sangaré est une très grande dame. Elle l’a confirmé. Son chant féministe est porté par du folk, rock et de la musique traditionnelle Malienne. Déception pour La Yegros : musique d’Amérique du sud, énergie et look sont au programme, malheureusement il manque l’essentiel, les mélodies. Belle fusion arabisante à base de rock, rap, raï, reggae pour les grenoblois de Gnawa Diffusion. Nous nous interrogeons sur l’étrange final (muet) de ce concert. Quelques polémiques sur la prestation de Charlotte Adigery & Bolis Pupul , certains ont trouvé qu’ils n’avaient pas leur place aux Nuits Du Sud. Effectivement ils auraient été mieux à l’aise dans la noirceur d’une boite de nuit enfumée. Mais je trouve qu’ils s’en sont parfaitement tirés dans un contexte qui ne leur était pas favorable. Précisons pour l’anecdote que la maman de Charlotte a vécu quelques années dans notre Vence.
Benjamin Biolay est certainement le plus grand chanteur français en exercice, ce fut une fierté pour tous les vençois de le recevoir Delgres je pense que c’est la première fois de ma vie que j’ai apprécié un groupe chantant en créole (normalement c’est rédhibitoire) mais quelle énergie. Lilly Wood and The Prick ont mis le feu à Vence avec leur pop électro. “Prayer in C”, leur hit imparable est peut-être l’hymne le plus efficace de ces 15 dernières années. Groundation c’est du lourd en termes de reggae. Déjà vu et entendu à ce même festival, ils ont une fois de plus ravi le public. L’entourloop mix entre Reggae, Hip Hop, trompette et culture cinématographique, ça fonctionne à merveille. General Elektriks s’était déjà produit à Vence le 1 avril 2017 à l’occasion du Printemps des Nuits Du Sud. Cette date a marqué à tout jamais l’histoire de Vence. Ils ont quasiment réédité l’exploit d’il y a 5 ans avec leur mélange de funky; groove; jazz; electro; Hip Hop, Garage le tout sur des ressorts auxquels aucune fille ne résiste. Finale au rythme des fanfares balkaniques qui flirtent parfois avec le punk. Irrésistible Emir Kusturica.
Pour le concours talents des Nuits Du Sud trois groupes ou artistes étaient en compétitions. Adrï nous proposa du rap aux airs de Julien Doré. A L’image des spectateurs qui lui ont offert le prix du public, nous sommes tombés sous le charme, à tel point que l’oreille qui gratte lui a offert en plein Covid sa toute première scène (a la MJC Picaud). Recréation ne porte pas bien son nom, nous avons en fait à faire à des premiers de la classe tout juste sortis du conservatoire qui nous offrent un funk des plus pointu. Prix France Bleu. Bien que je déteste le reggae (le mot n’est pas trop fort) j’ai adhéré à l’énergie de Baltimore (Prix du jury) Le test de la première année s’est donc passé à merveille pour la nouvelle équipe dirigeante. Maintenant qu’ils ont essuyé, sans le moindre dommage les plâtres, il y a fort à parier que le festival n’ira que crescendo. A l’année prochaine
Simon Pégurier
Photo : Baptiste Pégurier & Noël Noël